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25 novembre 2012 7 25 /11 /novembre /2012 18:59

Coup de cœur, ouh la la, et même plus que ça ! Il y a deux ans, il y eut Moi comme les chiens de Sophie Di Ricci ; l’année dernière, ce fut Bienvenue à Oakland de Eric Miles Williamson, et cette année ce sera Le diable tout le temps de Donald Ray Pollock. J’ai trouvé le roman qui va rester longtemps dans les limbes de mon cerveau. Ne me faites pas dire que les autres coups de cœur ne sont pas des romans inestimables à mes yeux. Mais celui-ci est tellement particulier, tellement marquant, tellement bien écrit, tellement bien construit, que je ne risque pas de l’oublier de sitôt.

Il est de ces romans qui vont laisser des traces, pas forcément propres, un étrange mélange de sang, de boue et de merde. Il est de ces romans qui font écarquiller les yeux, qui nous font détourner la tête, en se disant : « Non, il ne va pas oser ! ». Il est de ces romans qui vous laissent comme un goût aDiable tout le tempsmer dans la bouche, comme une odeur de pourriture dans les naseaux. Le diable tout le temps a remporté le Grand Prix de la littérature policière 2012 dans la catégorie Roman étranger, devant Au lieu-dit Noir étang de Thomas H.Cook, et il fallait que je voie ça, il fallait que je me fasse une idée …

Nom de dieu ! Ce roman est un gigantesque roman, et tous les éloges de la quatrième de couverture sont encore trop plats pour décrire les émotions que l’on ressent à sa lecture, trop mièvres pour évoquer l’ambition réussie de ce chef d’œuvre. Voilà ! le mot est lâché, je vais avoir de nombreux commentaires pour m’insulter ou affirmer cela, mais peu importe ! J’aime, j’adore, j’en redemande, je le dis, je le revendique et je souhaite que vous adoriez aussi !

Il est bien difficile de résumer ce roman, car faire un résumé des premières pages risque d’être réducteur sur la façon de mener l’intrigue serpentesque (je sais, le mot n’existe pas dans le dictionnaire, mais j’ai écrit un mot à l’académie française) de ce roman. Car le roman est un gigantesque filet de pêche, dans lequel se débattent une dizaine de personnages, qui vont se rencontrer, s’ignorer, se retrouver, se percuter … pour le meilleur et pour le pire.

Pour vous donner une petite idée, il y a par exemple Willard Russell, un ancien combattant de la guerre du Pacifique, pendant la seconde guerre mondiale, qui va épouser une brave femme, Charlotte et avoir un fils Arvin. Willard va protéger son fils mais assister à l’agonie de sa femme due à un cancer, et espérer que des sacrifices animaux puis humains puissent sauver son épouse.

Diable tout le tempsIl y a des prédicateurs fous, arpentant les campagnes pour faire leur prêche dans les églises paumées de la Virginie. Roy et Theodore (qui est handicapé dans son fauteuil roulant) sont aussi horribles que leurs prêches sont convaincants. Roy va mettre enceinte une jeune femme, et Theodore va lui demander de lui prouver qu’il est la main de Dieu : par exemple, pourquoi ne tuerait-il pas la jeune mère pour la ressusciter ensuite ?

Il y a Carl et Sandy Henderson, un couple moderne qui arpente les routes du fin fond des Etats Unis. Leur passion, c’est la photographie : Sandy doit baiser avec les autostoppeurs qu’ils ramassent, et Carl les prend en photo avant, pendant et après leur mort prématurée. Il faut dire aussi que Sandy est la sœur de Lee Bodecker, le shérif de la ville et de la région de Ross County.

En fait, Donald Ray Pollock tisse son intrigue comme une araignée tisse sa toile. Les personnages sont vivants grâce à un style flamboyant, les décors sont incroyablement beaux, alors que les événements sont horriblement amoraux. Rarement, j’aurais été emporté par un auteur de cette façon, j’aurais bu les paroles d’un auteur sans jamais avoir eu l’impression de me lasser. Et tous ces personnages sont tellement gros que, dans les mains de Donald Ray Pollock, tout semble si vrai, si passionnant.

Au-delà de l’intrigue, que l’on peut lire au premier degré, il faut bien se rendre à l’évidence que le roman aborde le thème de la folie de la société. Tous les personnages sont de grands malades, et les seuls gens normaux vont subir une mort atroce. Et quand des personnages principaux se rencontrent, ça se termine mal, ce qui illustre que l’homme est un loup pour l’homme. Et le seul personnage à peu près normal de ce roman, le jeune Arvin que l’on va suivre pendant une vingtaine d’années, qui a été protégé pendant toute sa vie, lui aussi tombera dans la folie meurtrière. La conclusion de tout cela, Donald Ray Pollock nous l’assène en pleine face : ce monde est complètement fou, cela ne peut se terminer que dans la violence, et personne n’en réchappera.

Quelle conclusion pessimiste, quelle noirceur dans le propos, mais quel feu d’artifice dans le style ! C’est la marque de fabrique de cet auteur, qui avec ce premier roman, frappe un gigantesque coup de semonce et marque de son empreinte la littérature américaine et celle du roman noir. Ce roman est extraordinaire, laissez vous emporter par le fleuve noir de Donald Ray Pollock, il va vous emmener vers des contrées éblouissantes où vous n’aurez pas l’occasion d’aller tous les jours, cela va vous bouleverser et vous ne risquerez pas de l’oublier de sitôt. Coup de cœur, je vous dis !

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23 novembre 2012 5 23 /11 /novembre /2012 18:55

Le démonMon pote Jack Taylor revient, en grande forme et je ne sais comment vous dire le plaisir que j’ai eu de retrouver mon privé irlandais préféré. Nous l’avions laissé chez Gallimard Série noire, nous le retrouvons chez Fayard, avec un changement de traducteur en prime. Et comme pour tous les autres tomes de la série, les thèmes et le personnage évoluent, pour former un véritable cycle que l’on pourrait appeler : L’histoire contemporaine de l’Irlande vue au travers le prisme d’un détective privé sous amphétamines et sous fortes doses d’alcool. J’ai adoré cet épisode dont voici un bref résumé. 

Jack Taylor a décidé de quitter son quartier, son pays, ses amis, pour rejoindre les Etats Unis, considérant qu’il a semé suffisamment de malheur derrière lui pour s’exiler. Mais, malheur de malheur, il est refoulé à la frontière, et est donc obligé de retourner dans sa verte contrée. A l’aéroport, il rencontre un étrange personnage, qui se prénomme Kurt, et qui semble bien malfaisant.

Dans une Irlande qui subit de plein fouet la crise financière, Jack reprend son métier de détective privé. Sa première affaire semble facile, il s’agit de retrouver un jeune étudiant qui se nomme Noel qui a disparu. Quand le corps de Noel est retrouvé horriblement mutilé selon des rites sataniques, quand des adeptes de Lucifer semblent harceler Jack, celui-ci va vite réagir … et plutôt violemment.

A force d’avancer dans le cycle Jack Taylor, je me suis souvent demandé si Jack n’était pas l’incarnation du mal, tant il semait le malheur auprès de ses amis, et tant il vouait une haine féroce envers l’église irlandaise et du père Malachy en particulier. Cet épisode va nous montrer qu’il n’en est rien, puisque Jack va devoir se battre en duel contre le diable lui-même, par meurtres et adeptes de sectes interposés. Je ne vous dirai pas qui va gagner, mais cela va nous donner des scènes d’anthologie où Jack va se mettre en rogne … et quand il est en colère, ça déménage.

Evidemment, il a besoin de soutien, pas tant de ses quelques amis restants, mais de ses excipients tels que le Xanax, le Jameson et la Guinness. Evidemment, l’enquête n’est pas forcément l’atout principal de ce roman, mais ce n’est pas ce qu’on y cherche. Les dialogues sont excellents, les répliques cyniques à souhait, et l’on rit jaune … ou noir comme le diable. D’ailleurs, la traduction m’a paru très bonne et légèrement différente de celles de Pierre Bondil, avec des phrases moins sèches et moins directes et plus humoristiques par moment.

C’est surtout l’image de l’Irlande que nous renvoie Ken Bruen qui montre toute la qualité de cette série. De l’image d’un homme enraciné dans son quartier de Galway, Ken Bruen le transforme en témoin de la déchéance d’un pays qui croyait pouvoir vivre éternellement au dessus de ses moyens. Et si Jack Taylor arrive à nous tirer un sourire amer, il est aussi et surtout en position de donneur de leçons.

Et puis Ken Bruen, comme son héros, est un amoureux des livres, peu avare de ses références, et n’hésitant pas à donner des coups de pouce. Une nouvelle fois, il nous offrira des citations de son cru ou d’auteurs pas forcément très connus, ainsi que des auteurs à découvrir (cette fois ci c’est Seamus Smith, dont je vous recommande la lecture). Bref, une nouvelle fois, ce démon est très bon, excellent même. Vous pouvez y aller les yeux fermés.

A noter enfin, la couverture que je trouve superbe !

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21 novembre 2012 3 21 /11 /novembre /2012 19:11

Dans le ventre des mèresAprès Les visages écrasés, il fallait évidemment que je lise le roman suivant de Marin Ledun, que je considère comme une des révélations personnelles de l’année dernière. Après un roman noir bien ancré dans la société d’aujourd’hui, Marin Ledun s’écarte du quotidien en écrivant un roman qui flirte avec le fantastique.

2008, le petit village de Thines, en Ardèche est complètement dévasté par une explosion dont l’origine est inconnue. Quatre vingt sept corps sont retrouvés dans un état horrible. Parmi eux, on dénombre des hommes, des femmes, des enfants. Alors que le commandant Vincent Augey débarque pour s’occuper de cette affaire, les premiers signes avant coureurs sont inquiétants autant que bizarres : Le village n’est recensé nulle part, les factures sont payées en liquide ou à partir de comptes invérifiables, les habitants eux-mêmes sont inconnus au bataillon.

Alors que les corps sont déblayés un par un, un gendarme aperçoit une jeune femme, qui semble être rescapée de la catastrophe. Elle s’appelle Laure Dahan, et semble résister mieux que les autres à  un terrible virus. Elle part à la recherche de son enfant, qu’on lui a enlevé, et Vincent va essayer de suivre Laure à la trace, en sachant très bien qu’elle le mènera à la solution de l’énigme.

Il parait que Laure Dahan était l’héroïne d’un des premiers romans de Marin Ledun, Marketing viral, et que Dans le ventre des mères en est la suite. N’ayant pas lu Marketing viral, je me demande bien ce qu’il peut y avoir dedans, tant l’intrigue de ce roman tient la route et ne semble jamais une suite d’un quelconque roman précédent. En fait, le lecteur est plongé dans un paysage de désastre dès le début, et Marin Ledun, avec sa baguette de chef d’orchestre, va nous faire faire un marathon à une allure de dingue.

Difficile de trouver le moindre point commun entre la noirceur des Visages écrasés et la célérité de ce thriller. Nous avons droit à une course poursuite à distance, qui finit par prendre plus de place que la vraie question de ce roman : mais comment et pourquoi ce village est-il passé inaperçu ? En fait, la démonstration de Marin Ledun est là pour dénoncer la folie des hommes dès lors qu’elle essaie de s’inventer Dieu à la place de Dieu, en espérant créer, par manipulation génétique, l’homme (ou la femme) idéal (e).

Donc, le roman est bigrement bien fait, car Marin Ledun est probablement l’un de nos auteurs français les plus  talentueux, capable d’être aussi à l’aise dans les scènes d’action que dans les scènes intimistes, sachant gérer les moments forts et les temps calmes. Ce roman, c’est de la belle ouvrage, et une excellente affaire pour Ombres Noires, qui inaugure sa création avec ce roman.

Alors, je me permettrais d’être un peu tatillon, ou exigent selon le point de vue. J’ai trouvé parfois que les dialogues étaient un peu trop longs. Pour un roman rythmé, je trouve que cela ralentit le rythme de lecture (mais pas celui de l’intrigue). C’est le seul bémol que j’ai trouvé à ce roman prenant de bout en bout et qui mérite un grand succès commercial, tant il est à la marge de différents genres, du polar au policier, de la course poursuite au techno-thriller. De la belle ouvrage, vraiment !

N’hésitez pas à aller voir du coté des copains sur internet :

http://cannibaleslecteurs.wordpress.com/2012/10/02/dans-le-ventre-des-meres-de-marin-ledun/

http://lespolarsdemarine.over-blog.fr/article-dans-le-ventre-des-meres-marin-ledun-109775120.html

http://actu-du-noir.over-blog.com/article-marin-ledun-revient-vers-le-techno-thriller-111143078.html

http://leblogdupolar.blogspot.fr/2012/10/marin-ledun-dans-le-ventre-des-meres.html

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20 novembre 2012 2 20 /11 /novembre /2012 17:30

La fin de l’année approche, je vous assure. Dans un mois, vous vous direz, « Tiens, il avait raison ! ». Et donc, vers la fin de l’année arrivent les prix décernés aux romans de l’année 2012. Vous allez donc avoir quelques billets les mardis qui vont vous donner quelques lauréats de cette année 2012.

Et je ne peux pas parler de lauréats sans commencer à vous parler de mon concierge favori. C’est un GRAND bonhomme, humble et gentil comme tout. Il n’a pas de barbe blanche mais un bouc, ni de hotte dans le dos mais une valise à roulettes. Dans la plupart des salons français sur le polar, vous le verrez et le reconnaitrez. Il s’appelle Le concierge masqué.

Richard de son vrai nom est un vrai passionné. Son site http://www.concierge-masque.com est très original. Une fois par semaine (le jeudi soir), il publie une interview d’un auteur de polar. Petit à petit, il a acquis une assurance et une expérience telles que ses entretiens sont aujourd’hui non seulement dignes d’un professionnel, mais aussi un exemple à prendre pour beaucoup d’autres.

Back-up.jpgEn dehors de ses interviews, Le concierge masqué publie aussi un article de temps en temps sur ses coups de cœur. Sachant qu’il lit cinq à six romans par mois, et qu’il a deux à trois coups de cœur par an, cela vous donne le degré d’exigence du bonhomme. Bref, dépêchez vous d’aller sur son site.

Depuis l’année dernière, il a organisé un grand prix. Cela s’appelle Les Balais d’or. Cette année, il a fait encore plus fort, puisque les prix ont été remis lors de Paris Polar, salon organisé dans la mairie du 13ème arrondissement, la semaine dernière. Il était donc normal que je publie le palmarès de la deuxième édition des balais d’or.

Le grand prix  du Balai d’Or 2012 a été attribué à Paul Colize pour son roman Back Up (La Manufacture des livres).

Le Balai d’argent est revenu à Donald Ray Pollock pour Le diable tout le temps (Albin Michel).

Le Balai de bronze a été remporté par Laurent Guillaume pour Doux comme la mort (La manufacture des livres).

La Palme spéciale française va à Gilles Caillot pour L’apparence de la chair (Toucan Noir).

Enfin, la Palme spéciale étrangère a été remise à  Barbara Abel pour Derrière la haine (Fleuve noir).

Les liens renvoient sur les interview du concierge masqué.

Tous les détails sur ces prix et même plus encore sont là : http://www.concierge-masque.com/2012/11/14/et-les-laureats-des-balais-dor-2012-sont/

Voilà encore une liste supplémentaire de livres à lire … Au moment de Noel, c’est une bonne idée !

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18 novembre 2012 7 18 /11 /novembre /2012 19:11

En attendant les versVoici ma lecture de En attendant les vers de Michael Moslonka, pour laquelle j’ai organisé une lecture commune. Voilà un roman foisonnant, exploitant plusieurs thèmes, mais avant tout attachant.

Auchel, 2012. Eric Bastien, habitant la région Rhône Alpes, décide de montrer sa ville d’enfance à sa famille, qu’il a quittée il y a plus de vingt cinq ans. Il débarque donc avec sa femme et ses trois enfants. Alors qu’il débarque à Auchel, un homme les prend à parti, puis après une série d’insultes, les bat à mort avant de leur tirer une balle dans la tête.

Après la précédente affaire, le capitaine Virgile David Blacke a quitté la police à une condition : Que Amélie Laribi prenne sa place. Ce qui fut fait. Alors il regarde le temps passer, en attendant les vers, essayant de surmonter sa déception amoureuse avec Amélie, un bête baiser volé dans une voiture. Amélie, elle, se débat avec ce meurtre, mettant de coté cette parenthèse romantique sans oser retourner le voir.

La massacre de Eric Bastien et sa famille mène vite les policiers vers une bande de jeunes qui a failli tomber dans le grand banditisme dans les années 80, soit il y a 25 ans. Ils se nommaient eux-mêmes les sept mercenaires, se donnaient des surnoms de super-héros. Puis ils ont tous eu leur trajectoire. Ils étaient sept, six garçons et une fille. Il y avait Eric dit Riton, Lucien Jambier, Beau parleur, Blondin, le Polak, Mehdi et Myrtille.

Evidemment, Amélie va devoir démêler les fils de cette intrigue, et bien évidemment, remonter dans le passé, essayer de comprendre ce qui s’est passé vingt cinq ans plus tôt. Et si le lecteur aura l’impression d’avoir compris dès le début l’identité de l’assassin, bien vite Michael Moslonka va compliquer son intrigue, surtout en décrivant la vie de ces six personnages. Je dis six car Myrtille a disparu …

Je parlais de roman foisonnant, car les chapitres alternent entre Virgile et Amélie, entre l’un des mercenaires à un policier, du passé au présent. Et en tant que lecteur, j’ai apprécié d’être face à un puzzle bien compliqué, mais j’ai regretté de ne pas avoir plus d’aide pour suivre l’intrigue, par exemple en ayant des titres de chapitres plus explicites avec l’indication du lieu et du temps.

Sinon, je dois dire que les personnages sont fort bien brossés, avec des dialogues tout simplement brillants, et une intrigue bien complexe. J’ai particulièrement apprécié au début les pensées de Virgile, cynique au possible, méchant et revanchard, jugeant notre société si futile avec ses publicités pour des choses que les gens ne peuvent acheter (par exemple). C’est aussi un portrait du Nord, de son évolution pendant 25 ans qui transparait dans ces pages, au travers un groupe d’amis qui a explosé … pour le meilleur et pour le pire. Et il ne faut pas croire, le pire est à venir.

Peut-on renier ses origines ? Peut-on oublier ce que nous fûmes ? Un jour ou l’autre, le passé se rappellera à vous, et la situation dans laquelle vous vous retrouverez ne sera rien d’autre que la cons équence de vos actes passés. Voilà une belle démonstration d’un auteur dont l’ambition de son roman est impressionnante.

 

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14 novembre 2012 3 14 /11 /novembre /2012 18:31

graceSi ce roman n’avait pas été sélectionné pour le meilleur roman français de Confidentielles.com, je ne l’aurais probablement pas lu. Et cela aurait été dommage tant l’intrigue est à comparer à Johan Theorin par bien des égards.

Peut-on pour autant comparer ce roman à un polar ? Cette question, d’ailleurs, a-t-elle une quelconque importance ? Le début démarre lentement, avec des chapitres alternant entre deux époques, 1981 et noël 2010. Des chapitres qui se parlent, s’appellent, se rappellent et parfois se tournent le dos. 1981, c’est le journal intime de Grâce. 2010, c’est Nathan le fils de Grâce qui vient passer les fêtes de fin d’année en famille. Le fait d’avoir des visions subjectives de deux personnes permet de découvrir petit à petit les drames qui minent cette famille.

1981. Grâce vit seule avec ses deux enfants, Lise l’ainée et Nathan le cadet. Son mari Thomas est tout le temps en déplacement, et ne revient à la maison que ponctuellement. Elle est infirmière, souvent de nuit, et est aidée par une fille au pair originaire de l’est. Elle a décidé de commencer un journal intime, où elle va parler à son mari, de sa vie, ses doutes, ses questions, ses difficultés et de son cruel besoin d’amour.

2010. Nathan débarque avec ses deux jumeaux Colin et Soline chez Grâce, pour fêter Noël. Il retrouve sa mère, vieillissante, toujours un peu malade et préoccupé. Il retrouve Lise, sa grande sœur perturbée qui n’aime pas son travail et qui est malheureuse en amour. Débordé et débordant d’amour pour ses enfants, il doit tout assumer seul car sa femme est morte à la naissance des jumeaux.

Cette année là est particulière, annonciatrice de drames passés et futurs. D’étranges phénomènes vont petit à petit apparaître dans la maison familiale, Nathan va apprendre que son père est récemment revenu, et Grâce va dans son journal intime se dévoiler une femme exclusive et jalouse envers Christina, la jeune fille au pair.

Que ceux qui pensent que, seuls les auteurs nordiques sont capables de créer un roman tout en ambiance lourde de secrets, courent acheter Grâce. L’histoire va se dérouler lentement, commençant comme deux histoires simples avant de petit à petit devenir bizarre, dévoilant des pans de secrets enfouis sans jamais les nommer explicitement.

D’ailleurs, le style de l’auteur et sa façon de construire son roman sont admirables, tant elle parvient à créer une tension après de longs passages calmes, par une phrase ou juste un dialogues. Le choix des mots est d’une justesse remarquable et les surprises délicieusement torturantes. Et je dois dire que je ne m’attendais pas du tout à un roman, et qu’il m’a fait penser à un tableau auquel on met des couleurs pastel, avant de rajouter rageusement des traits rouges d’une façon tout à fait impromptue.

Au-delà d’un roman à l’ambiance opaque, Delphine Bertholon aborde aussi beaucoup de sujets qui nous amènent à réfléchir, que ce soit l’éducation des enfants, la solitude, l’absence d’un être cher (et la similitude entre Nathan et sa mère), l’importance de l’absence d’un des parents, l’amour, la jalousie. Ce roman, qui est maitrisé de bout en bout, est finalement bien passionnant et dépasse la simple lecture au premier degré. Une bien belle découverte, à situer entre Thomas H.Cook et Megan Abbott. Pas mal, hein ?

 

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11 novembre 2012 7 11 /11 /novembre /2012 19:06

DeliquescenceBizarrement, quand j’ai lu la quatrième de couverture, j’ai tout de suite été attiré par le sujet, bien qu’il ne soit pas forcément original. Pourquoi ? Peut-être par sa façon de raconter brièvement une situation pas forcément facile à aborder. Ce roman s’avère, au bout du compte un bon premier roman.

La narratrice travaille dans un centre social, où elle reçoit des hommes pour les aider à remplir leur dossier. Débarque alors un jeune homme blond. Par son magnétisme et ses sous-entendus, elle va être attirée, et accepter de le suivre. Ils vont descendre dans un parking et faire l’amour …

Commence alors pour la narratrice une longue période qui va durer plus d’un an où elle va l’attendre, espérer qu’il arrive, passer quelques soirées en sa compagnie, délaisser ses amis et en particulier Alison sa collègue de travail, s’éloigner de ses parents. La descente aux enfers peut commencer …

Ce premier roman est assez particulier à aborder. Il faut savoir que tout le livre est écrit à la première personne du singulier, dans un style très pauvre, très plat. On n’y trouve aucune description, juste des états d’ame, des pensées, des sentiments. Si la démarche est louable, au sens qu’elle donne l’impression de lire un témoignage, elle parait parfois maladroite, voire lassante.

En effet, j’aurais aimé un peu plus de passion dans les passages où elle retrouve le jeune homme blond, un peu plus de lassitude dans les moments passés au travail, un peu plus d’impatience à force d’attendre un désir qui ne vient pas. Mais non ! rien ! Et si c’est quelque chose qui m’a gêné, je comprends parfaitement la démarche artistique de l’auteure.

Pour en revenir à l’intrigue, comme il y a peu de descriptions, c’est un livre abordable, pas trop trash mais assez cru, où on voit une femme se transformer en esclave, acceptant de s’abaisser jusqu’à l’état d’animal. C’est donc un livre assez dur à lire, surtout si on s’identifie au personnage. En tout état de cause, Deborah Kay Davies signe là un premier roman suffisamment insolite et jusqu’au-boutiste pour suivre son prochain roman.

Ce roman a été lu dans le cadre de la Masse Critique de Babelio, et je remercie vivement Babelio et Les éditions du Masque pour l’envoi de ce roman.

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9 novembre 2012 5 09 /11 /novembre /2012 18:56

Ainsi puis je mourirCe roman est donc le dernier de mes lectures pour le prix du meilleur roman français de Confidentielles.com. Je l’avais mis en dernier car la quatrième de couverture me faisait penser à un roman à l’eau de rose, comme on dit. Finalement, ce n’est pas du tout le cas, même si j’ai un peu de mal à le définir.

Quatrième de couverture :

Comme dans les contes de fées, il y a une rencontre magique : celle de Gabrielle, la romancière, et de Philip Sedley, un mariage et, bien sûr, un château. Sauf qu'ici, non loin de Cherbourg, dans ce pays de bocages et de légendes, entre ces murs épais, quatre cents ans plus tôt, a vécu une autre femme, Marguerite, qu'une passion tragique a menée à la mort. En faisant de ce destin le sujet de son nouveau roman, Gabrielle ne peut se douter qu'elle va en devenir la prisonnière. La fiction se mêle au réel, le passé au présent. L'histoire semble se répéter, telle une malédiction, et menace de faire de la jeune femme la dernière victime du château des Ravalet.

Mon avis :

La première chose que je voudrais dire de ce bouquin, c'est que c'est fluide et très bien écrit. l'auteur mélange les styles en fonction des époques, agrémente ses dialogues d'expressions d'une autre époque, et c'est un vrai plaisir à lire. Même si on peut se demander pourquoi Gabrielle se marie si vite (au bout d’un mois) sans connaitre ni son mari, ni sa future belle famille, on est vite emporté par les événements de l’intrigue et intrigué sur la destination que veut nous faire prendre l’auteure.

D’ailleurs, c’est bien là où je me pose des questions : ce livre m'a donné l'impression de toucher plusieurs sujets sans vraiment en choisir un. Du travail d'une écrivaine, et de ses relations avec la vie réelle, Viviane Moore penche par moments vers de l'angoisse en nous faisant voir un fantôme sur les marches de l'escalier, puis elle nous emmène vers la jalousie avec l'arrivée de sa belle sœur, avant de nous sortir la tête de l'eau avec des passages du livre de Béatrice. Puis c'est à nouveau le mystère qui revient avec un mari cachotier voire bizarre. Bref, j'ai trouvé cette histoire difficile à suivre, à force d'être malmené comme une balle de ping-pong. D'un coté, chacun peut y trouver son compte, d'un autre, c'est très déstabilisant et il m'a été difficile de me passionner pour ce livre. Bref, Viviane Moore, ça n'a pas l'air d'être pour moi. Et pour vous ?

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7 novembre 2012 3 07 /11 /novembre /2012 18:22

Ma très chère petite souris,

Monde à l'endroitComme tu as eu la gentillesse de me prêter Le monde à l’endroit de Ron Rash, je ne pouvais que te parler de cette lecture bouleversante et qui marquera ma (petite) culture littéraire. Mais que puis-je, ou du moins que dois-je ajouter à ton article publié sur ton blog Passion-polar ? J’ai l’impression qu’il me suffirait de crier à la face du monde : Lisez Ron Rash !

Car dès Un pied au paradis, on sentait la patte d’un grand auteur. Quelle façon de maitriser son intrigue à plusieurs voix, de peindre une Amérique des petits, des insignifiants, de petit à petit dévoiler un drame qui de toute façon est inévitable. Et c’était son premier roman. Avec Serena, il frappait (à mon avis) encore plus fort, avec un personnage féminin incroyablement noir dans un environnement composé uniquement d’hommes, où on avait l’impression que le monde est animal et a engendré le mal, une formidable illustration de L’homme est un loup pour l’homme.

Le monde à l’endroit est sorti aux Etats Unis juste avant Serena. Et quand tu as sorti ton billet, tu m’as proposé de me le prêter. Et je ne peux que paraphraser ce que tu en as dit. Pourtant, tu sais bien que je n’aime pas répéter ce que les autres ont dit. Car ce roman est un grand moment, qui confirme que Ron Rash est un grand, un très grand auteur.

De cette histoire dramatique et noire, je n’en dirai qu’un mot : Travis Shelton, un jeune homme de 17 ans, va découvrir un plan de marijuana en allant à la pêche. Il va en voler quelques plans pour les vendre à Leonard, ancien professeur reconverti en dealer de drogue. Les vrais propriétaires sont les Carlton et ils vont piéger Travis et lui couper l’envie de recommencer en lui coupant le tendon d’Achille. Travis va se rétablir et s’installer chez Leonard, qui va le pousser à avoir son BAC.

Tu le sais, ma petite souris, qu’il y a des thèmes qui me touchent particulièrement. La relation Père-Fils fait partie de ceux-là. Travis en rupture avec sa famille va se trouver un nouveau mentor qui lui ouvre les yeux sur ses possibilités mais aussi sur ses conséquences. On ne peut pas sauver quelqu’un qui ne le veut pas. C’est aussi le poids du passé, l’influence des racines et leurs conséquences sur les hommes d’aujourd’hui. En effet, à Shelton Laurel pendant la guerre d’indépendance en 1863, eut lieu un massacre d’innocents uniquement sous prétexte qu’ils appartenaient à l’autre camp. Cet héritage ne s’efface jamais complètement, il y reste toujours des cicatrices.

Par contre, ma petite souris, il y a une chose que je n’aime pas beaucoup. Et je n’ai pas dit que c’est ce que tu fais. Certains mettent une étiquette de Nature Writing à Ron Rash, sous prétexte qu’il écrit et décrit des personnages et des situations qui se passent dans la campagne profonde, et mettant en scène des gens simples. Certes, la nature est omniprésente, dans sa dualité, belle et dangereuse, inégalable et mortelle. Mais Nature writing ou pas, c’est juste de la grande littérature. Et peut-être Ron Rash se pose-t-il la question suivante : L’homme est-il vraiment l’animal le plus évolué sur Terre ? Une question parmi tant d’autres, tant ce roman en regorge.

Enfin, chère petite souris, tu sais combien je suis attaché au style. C’est pour moi ce qui fait la différence entre un bon roman et un excellent roman. On n’y trouvera rien pour relever la tête du lecteur. Le style est brut voire brutal, sec, cherchant l’efficacité, le bon nom, l’adjectif juste ; bref, on est dans l’orfèvrerie, dans le pointillisme, l’obsession de la perfection. Par moment, il m’a fallu reprendre quelques phrases, je te l’avoue, mais dans l’ensemble, je suis époustouflé, impressionné, ébahi devant tant de talent. Tout cela pour te dire que je trouve que c’est une lecture qui se mérite.

Et moi qui n’aime pas mettre des étiquettes, je ne peux m’empêcher de rapprocher ce roman des meilleurs romans des grands auteurs américains. Et en particulier Père et fils de Larry Brown. D’ailleurs, je n’avais pas lu de roman aussi fort sur les pauvres gens depuis bien longtemps. Tu l’auras compris, j’ai adoré. Alors que puis-te dire ? Merci, un grand merci, un énorme merci ! Et comment puis je te remercier ? Ma foi, en publiant cette lettre, telle quelle, et en te dédiant ce billet. Petite souris, cette humble et misérable prose est pour toi, mon ami du Sud.

A bientôt. Pierre

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6 novembre 2012 2 06 /11 /novembre /2012 18:02

Voici quelques idées à lire, que je n’ai pas testées, mais dont le prix est très abordable.

Zeus de Sébastien Gendron (Storylab)

Zeus.pngPour ceux qui sont équipés de lecteur de livres numériques, chez Storylab, sort un roman de Sébastien Gendron. Le prix est de 1,49 euros pour un temps de lecture de 40 minutes.

Le sujet est :

Zeus est un tueur-né. Zeus aime le sang, il est violent, il est incontrôlable. Tom, petite frappe du banditisme bordelais, aurait préféré ne jamais croiser sa route… Mais on n'a pas toujours le choix.

Toutes les informations sont ici : http://www.storylab.fr/Collections/One-Shot/Zeus

 

Collection Pulse chez 13ème Note :

La collection de poche de 13ème Note continue son petit bonhomme de chemin. Elle s’appelle Pulse et quatre nouveaux titres vont sortir en cet automne. Les prix vont de 6 à 8 euros, ce qui me parait aussi une excellente affaire. Donc faites votre choix :

De sueur et de sang de FX.Toole :

Sueur-et-sang.jpgCe livre sur la boxe est composé de trois nouvelles inédites en français intitulées : «Entraîner un poids lourd », « Saint homme : chaque entraîneur cherche un boxeur, un messie, qui l’emmènera en terre promise », « Folies nocturnes ». Dans chacun de ces textes, un boxeur prometteur attise l’intérêt d’un vieil entraîneur qui, malgré les déceptions réitérées d’une vie consacrée au noble art, s’engage à le rendre plus performant. L’espoir vibrant de l’entraîneur est de remporter un titre :

« fabriquer un champion c’est ce qui me fait bouger le cul ». Ce nouveau « père » – coach philosophe quelque peu cynique – donne tout ce qu’il a au boxeur pour l’aider à gagner, puis assiste fatalement à une débâcle – souvent sanglante. Fin du rêve. Les histoires et les personnages de F. X. Toole sentent le vécu ; ainsi, dans « Saint homme », le boxeur blanc Ernie Pescetti, tétanisé par le trac avant de monter sur le ring, s’oublie et tache d’urine sa tenue noire conçue spécialement par l’entraîneur pour éviter l’humiliation. Au fil de ces trois textes, le lecteur se prend des coups et comprend vite que la boxe, c’est l’évacuation de toutes les humeurs : sang, salive, sueur, pisse. Il y a également les humeurs, en tant que «dispositions affectives », associées au sport en général et à la boxe en particulier : l’extrême violence des matchs, les insultes, les menaces, les tentations, la corruption, les trahisons pour une poignée de dollars, le business... Enfin, pour F. X. Toole, « le monde était les combats et les combats étaient le monde. » (James Ellroy, préface à Coup pour coup, Albin Michel, 2006).

Voyage au bout de la blanche de J.R.Helton

Voyage-au-bout-de-la-blanche.jpgCe deuxième ouvrage de J.R. Helton publié chez 13e Note est un roman. Héritier du Junky de William Burroughs, J.R. y brosse avec une sincérité subversive le portrait d'une Amérique qui préfère se voiler la face plutôt que d'admettre l'évidence : c'est une nation de camés. Dans cette Amérique-là, la consommation de drogues licites ou illicites est non seulement l'un des passe-temps favoris du citoyen, mais peut-être aussi l'un de ses moyens les plus sûrs de s'adapter à la société - et d'y survivre. Dans un style inimitable, poignant et souvent hilarant, J.R. nous décrit en détail les avantages et inconvénients qu'il y a à consommer quotidiennement ces produits que tout accro rêve de trouver à volonté chez son dealer : herbe, coke, champignons, ecstasy, heroïne, alcool... mais aussi toute la panoplie des drogues disponibles en pharmacie et très largement utilisées par une frange importante de la population américaine. Cela fait maintenant des années que Jake, l'alter ego de J.R., est passé du dry martini à la coke, accompagnant sans états d'âme son dealer à des rendez-vous foireux, limite violents. Des années aussi qu'il exploite les failles du système des Instituts de beauté et de santé pour se procurer sur ordonnance les opiacés les plus puissants. C'est au Texas, entre San Antonio et Austin, que, explosé aux champignons hallucinogènes, il tombera raide amoureux de sa future femme... Tout au long de ce «voyage au bout de la blanche », Jake ingurgite des drogues et partage avec nous leurs effets tant sur son corps que son esprit. Leur séduction n'est pas minimisée, même s'il est souvent à la limite de la folie. Et ses commentaires brutaux sur une Amérique prétendant, façon Nancy Reagan, que les drogues sont réservées aux faibles et aux marginaux, n'en sont que plus convaincants. À lire sans crainte d’overdose !

Nouvelles d’Écosse de Laura Hird :

nouvelles-ecosse.jpgNouvelles d’Écosse est composé d’un long récit intitulé «Hope» et de dix nouvelles urbaines, ancrées dans l’Écosse natale de l’auteur. Laura Hird est passée maître dans la construction de ses personnages, elle se glisse dans la peau d’hommes et de femmes de tout âge, qu’importe leur origine et leurs préférences sexuelles, avec la même aisance et la même sensibilité. À travers ces différents portraits et histoires, elle explore le côté sombre de l’humanité, prenant un malin plaisir à décrire les «monstres» que l’énergie du désespoir contribue souvent à créer. Dans « Hope », Laura Hird met en scène avec impudence et sens de la provocation un jeune homosexuel d’Édimbourg égocentrique et futile, Martin, qui travaille dans une librairie d’occasion. Escroc débrouillard, Martin se voit proposer lors d’une fête bien arrosée une chambre tous frais payés dans le quartier bourgeois de NewTown chez la tante d’un de ses amis, une veuve d’âge mûr : Hope. Il saisit l’occasion de vivre à ses crochets. Au fur et à mesure que l’affection naît entre eux, Martin remet en question ses choix de vie, sa sexualité et découvre, stupéfait, qu’il a besoin de Hope pour remplir son vide intérieur. Sans jamais forcer le trait, Laura Hird sème des mots ou des images qui se plantent dans le cœur du lecteur et y sèment des pressentiments presque à son insu. Ces récits sont truffés de références cinématographiques, littéraires et musicales qui dessinent le paysage culturel d’une Écosse représentant à la fois un refuge et une prison. Laura Hird pose un regard cynique mais bienveillant, dénué de tout jugement, sur ces êtres qui ne savent plus quoi faire de leur solitude. Dans des corps à corps où la peau a le plus souvent le goût froid du métal, ils se cognent les uns aux autres. Le bruit de leurs collisions résonne longtemps encore après que le livre est refermé.

LA TÊTE HORS DE L’EAU de Dan Fante :

Tete-hors-de-l-eau.jpgBruno Dante, l’alter ego de Dan Fante, s’est mis sérieusement au boulot. Dans ce roman, il semble désintoxiqué : pas la moindre goutte d’alcool ni la plus petite ligne de cocaïne, trois séances hebdomadaires chez les Alcooliques Anonymes. Employé dans le télémarketing, Bruno devient un as pour fourguer du matériel informatique à des gens qui n’en ont pas besoin. L’intérêt « sociologique » du roman tient largement à la description de ce monde du travail délirant : les patrons et les autres employés de l’entreprise sont tous d’anciens alcooliques et drogués qui, eux aussi, assistent avec ponctualité aux réunions des Alcooliques Anonymes. Curieusement, cette boîte est « number one » dans son secteur d’activité, car il y règne une compétition implacable et une discipline digne d’un centre d’entraînement des marines. On y voit évoluer un Bruno Dante ponctuel et acharné à la tâche, battant tous les records de contrats décrochés en une seule journée… jusqu’au jour où il tombe amoureux de Jimmi. Cette beauté irano-mexicaine, accro au crack et à l’alcool, va le faire rechuter dans une spirale infernale.

« Pour sortir de l’enfer, il reste l’humour et l’écriture : ça tombe bien, Dan Fante a une forte propension au premier et un réel talent pour la seconde. [...] il fait de son odyssée sur le fil [...] un petit chef d’œuvre d’émotion. » (BernardQuiriny,Chronicart)

Pour le site de 13ème Note, c’est par ici : http://www.13enote.com/catalogue-types.php?idt=9

Bonnes lectures !

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