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17 juin 2012 7 17 /06 /juin /2012 17:17

Femme congeléeCe roman est sélectionné pour le prix Meilleurpolar.com organisé par les éditions Points, dont j’ai la chance de faire partie. On ne peut pas dire qu’il m’ait passionné, bien au contraire.

Vilhelm Thygesen est un ancien policier corrompu, qui vit d’une pension d’invalidité et de petits boulots comme assurer la défense de pauvres gens en tant qu’avocat volontaire. Ce matin de février, il va pour couper quelques branches de sapin, et découvre sous une bâche le corps d’une femme assassinée de plusieurs coups de couteaux.

Les agents de police connaissant son passé louche et sulfureux l’interrogent en ayant en tête qu’il est leur coupable. D’ailleurs, il semble bien que cela arrange beaucoup de monde qu’il soit le coupable dans cette affaire. Les inspecteurs Stribolt et Vaage vont donc mener l’enquête.

Ce roman commence bien mal ... et continue bien mal. Il est inutile de vous cacher que je n’ai pas aimé ce roman, car les personnages m’ont paru mal croqués, par trop de superficialité. L’intrigue elle-même est bizarrement menée, passant de l’affaire de la femme congelée à un gang de motards, puis un accident de la route. Bref, de quoi perdre le lecteur alors qu’on en est déjà à la moitié du bouquin.

Juste pour vous donner un exemple. Premier chapitre : l’interrogatoire du suspect et propriétaire de la maison se déroule. Un peu d’agressivité de la part des policiers et de suffisance chez Thygesen. Deuxième chapitre : après 3 jours, rien de nouveau sur l’affaire. Troisième chapitre : après une semaine, rien de nouveau sur l’affaire. Quatrième chapitre : après un mois rien de nouveau sur l’affaire.

Je caricature, bien sur, et pourtant c’est bien comme ça que j’ai pris le livre. Ajouté à cela que l’écriture est enfantine avec des expressions bizarres qui viennent probablement d’une traduction douteuse, ce roman restera pour moi l’exemple du roman où l’on lutte pour avancer. Et si ce roman a reçu le grand prix norvégien de littérature policière, c’est soit parce qu’il n’y avait pas grande concurrence cette année là, soit que je n’ai pas compris. A vous de vous faire votre propre opinion.

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13 juin 2012 3 13 /06 /juin /2012 18:20

viva-la-muerteLe petit dernier de chez Kyklos est un petit bijou de roman, mélangeant les genres pour mieux amener le lecteur vers le vrai sujet du roman, à savoir la dictature franquiste. Un petit bijou d’intelligence pure.

Cordoue, 2008. Manolo est un flic très compétent à tendance anarchiste. A cela, il faut ajouter son refus de l’autorité, un caractère de grande gueule, et une volonté de travailler seul pour ne pas se faire emmerder. Il vit avec sa femme, qu’il aime profondément (il dit souvent : « elle est trop belle pour moi ») et qui est sa raison de vivre. Elle est médecin légiste, ce qui est bien pratique quand on a affaire au type de meurtre qui va le réveiller ce matin là.

Ce matin là, on appelle Manolo pour un nouveau meurtre : une personne âgée retrouvée dans un état qui dépasse l’entendement. La victime s’appelle Monseigneur Andrès Guttierez Perez. C’est une sommité dans la région, puisqu’il a fait sa carrière dans l’église, étant nommé cardinal par Jean Paul II, étant chargé de la bibliothèque du Vatican des lectures interdites, c'est-à-dire celles qui peuvent porter atteinte à l’église.

L’autopsie va montrer qu’il a été harnaché à des boites contenant des rats et que ceux-ci lui ont dévoré le visage et les parties intimes vivant, une torture datant de l’inquisition. L’enquête sur Mgr Perez va montrer un personnage totalement différent de l’image publique, mettant à jour un ignoble personnage adepte de pédophilie et adorateur de la souffrance et la torture. Alors que Manolo pense à une vengeance d’une des victimes de Mgr Perez, d’autres cadavres de vieillards font leur apparition, avec des supplices eux aussi inspirés de l’Inquisition.

viva-la-muerte-2.jpgFichtre ! Je tiens à rassurer les futurs lecteurs de ce roman que les scènes de descriptions des cadavres sont légères et pas sanguinolentes. Heureusement, car sinon, j’aurais arrêté rapidement la lecture ou j’aurais passé les pages correspondantes. Le but de Frederic Bertin-Denis n’est pas de faire un livre gore, mais un vrai roman policier à thème.

Quand je dis roman policier, ce n’est pas tout à fait vrai, tant l’auteur flirte avec différents genres, ce qui d’une part va plaire à beaucoup, et ce qui relance sans cesse l’intérêt. Cela commence comme un roman policier classique, avec une enquête logique et bien menée, et passe au thriller après des passages autobiographiques des victimes pour mieux étayer son propos. Et comme les personnages de Manolo et Remedio sont d’emblée attachants, on lit l’ensemble comme du petit lait.

Mais au fait, quel est donc le thème de ce roman ? Le thème est l’histoire de la dictature espagnole des années 30 aux années 70. Et on n’assiste pas à un cours magistral, mais plutôt à des témoignages, qui surviennent au cours de l’enquête. Et je dois dire que c’est redoutablement bien fait, et incroyablement efficace. La galerie de psychologies est complexe, car il y en a autant que de témoins, des victimes repliées sur elles-mêmes aux victimes qui ont oublié et qui sont nostalgiques de ce temps passé, des bourreaux dégueulasses aux profiteurs de tous poils, des assassins amnistiés aux profiteurs qui savent tourner leur veste dans le sens du vent. Tout le monde étant impliqué dans les massacres de cette époque là, toutes les strates de la société en prend pour son grade. Mettre tout cela dans un seul roman, sans que l’on s’y ennuie est un véritable tour de force. Chapeau bas !

Et l’enquête policière, me direz vous ? Elle est décrite avec beaucoup de détails, et d’une logique qui fait que jamais le lecteur ne pense qu’il y a la moindre ineptie ou l’indice qui tombe du ciel. Manolo, malgré sa fidélité à sa croyance, va parfois être pris d’un doute, car ces vieillards salauds méritent bien la mort qu’ils subissent, mais la solution s’avèrera bien plus complexe, bien plus proche de lui, bien plus douloureuse que tout ce qu’il avait imaginé. 

Bien sur, tout n'est pas parfait, on peut toujours trouver quelques détails tels les descriptions des repas que je n'ai pas trouvés utiles, ou quelques répétitions dans la forme de l'intrigue. Mais je vous le dis tout de go : Si ce roman était sorti dans une grande maison d’édition, toute la presse aurait crié au chef d’œuvre, à la découverte d’un nouveau talent. D’un abord facile, cette lecture devrait plaire à tous ceux qui cherchent un excellent roman policier avec une trame de fond historique. Et bravo aux éditions Kyklos d’avoir déniché un auteur qui devrait devenir un futur grand, s’il continue comme cela.

Lisez donc le mot de l'auteur qui vous explique ce qu'il a voulu faire sur l'excellent site Livresque du noir ici.

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10 juin 2012 7 10 /06 /juin /2012 18:23

Violents de l'automneOn retrouve avec bonheur notre couple de policiers perpignanais après L’été tous les chats s’ennuient qui a obtenu le Prix du polar SNCF 2011, et l’excellent intermède du Paradoxe du cerf volant. Voilà une enquête policière qui va nous replonger dans le bourbier des dernières années de la guerre d’Algérie.

Gilles Sebag rentre tout juste des vacances, c’est dire s’il est en pleine forme. Bien que sa vie de famille soit parfaite, il est toujours miné par ce sentiment de jalousie qui lui fait dire que sa femme le trompe. Tous les petits détails lui reviennent en mémoire, toutes les absences sont comme de petits poignards qui confirment ses soupçons sans preuves.

Cette rentrée n’est pas idéale : Mathieu, un copain de sa fille Séverine est mort dans un accident de la route, reversé sur son scooter par un conducteur en état d’ivresse. Sebag promet à sa fille de chercher à savoir si l’enquête a été bien menée. En parallèle, un cadavre est découvert assassiné chez lui d’une balle dans la tête. Seule une inscription peinte sur la porte du salon avec le sigle OAS fournit une piste qui peut sembler facile et dangereuse.

En effet, le risque est que la situation s’enflamme auprès du public. Les ressentiments sont encore bien vivants dans cette région qui a accueilli de nombreux pieds noirs, et où trône une stèle en l’honneur de l’OAS. Gilles Sebag va devoir faire preuve de toute sa diplomatie et de son intuition pour comprendre tous les tenants et les aboutissants de cette enquête tumultueuse.

La guerre d'Algérie, pour moi, c'est un peu un trou noir. On ne me l'a pas inoculée à l'école, mes parents n'en ont jamais parlé, et même aujourd'hui, les média ne l'évoquent qu'avec parcimonie. C'est dire mon intérêt pour le contexte de ce roman, au delà du plaisir de retrouver le couple de flics Sebag et Molina.

Avec une forme policière très classique, et une intrigue redoutablement bien menée, Philippe Georget nous propose une vision très intime de cette guerre, donnant la parole à ceux qui ont vécu là-bas, à ceux qui ont été rapatriés, à ceux qui ont subi les violences du FLN et de l'OAS. Il arrive à nous faire ressentir leurs impressions de paradis perdu, à nous montrer l'anarchie de ce temps là, sans jamais prendre parti. La documentation est impressionnante, et la façon de la raconter tellement simple, tellement poignante aussi avec des scènes d’anthologie comme cette scène de dîner chez Albouker où il raconte ses souvenirs et où il crache sa rancune.

Bien entendu, les qualités du premier roman L'été tous les chats s'ennuient sont là. Un style fluide qui donne envie de ne pas lâcher le livre, des dialogues réalistes qui prennent une grande part dans le roman, et des personnages toujours aussi attachants. D'ailleurs, tout y est d'une plus grande efficacité, et Philippe Georget continue dans la veine intimiste familiale, décrivant les relations de Sebag avec sa famille, la vie après le boulot.

D'ailleurs, le canevas est tellement bien tissé que, à la façon d'un Arnaldur Indridason, il a posé des jalons qui peuvent lui permettre d'imaginer toutes les intrigues possibles et imaginables, que ce soit avec Molina dont on sait toujours peu de choses, avec sa femme dont on ne sait toujours pas si elle trompe son mari, avec sa fille Severine très présente dans cet épisode, ou son fils très mystérieux. Et je dis épisode, car non seulement je pense que l'on aura droit à une nouvelle enquête de Sebag, mais je le souhaite de tout mon cœur.

Vous l'aurez compris, il y a une réelle progression, Les violents de l'automne ne sont pas une aventure de plus, mais une pierre essentielle dans une série (du moins je l'espère) qui va faire date dans la littérature policière française. La subtilité, le style imagé, les dialogues brillants et son sujet extrêmement fort font que Les violents de l'automne est un roman policier à ne pas rater en cette année 2012. Et ne me demandez pas quel est le roman que je préfère de Philippe Georget, car je répondrai : les trois !

 

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6 juin 2012 3 06 /06 /juin /2012 18:14

Réseau d'étatVoici une des dernières productions de chez Jigal, sortie en même temps que le dernier Philippe Georget. Autant dire que la concurrence est dure, mais on devrait plutôt dire que c’est un sacré parrainage.

Ça commence comme une course poursuite mystérieuse. Un paisible retraité (en fait, on apprendra plus tard qu’il est cinquantenaire) s’éloigne du village du Doubs où il habite pour rejoindre son potager. Il vient surveiller ses salades, écarter les limaces voraces. Il n’a pas vu la Clio qui le suit, avec à l’intérieur deux hommes patibulaires (mais presque).

Lorsqu’ils sortent de leur voiture et leur flingue, il les tue d’une adroite prise de karaté (ou d’un autre art martial, vous savez, moi, je n’y connais rien !). Puis il se rue dans sa grange, entend des convois de gendarmes qui débarquent, s’enfuit par un tunnel avant de faire exploser sa grange et une grande partie du village. Il s’appelle la cible.

Mariono est conseiller du Président. Il a pour mission de séduire Lou, une journaliste très en vue (et pour cause, elle est belle, très belle). Mais cela tourne vite en eau de boudin, alors que le restaurant est du genre luxueux. C’est surtout à cause de cet appel sur son portable qui lui annonce que l’opération qu’il a commanditée vient d’échouer. La course poursuite contre celui que l’on accuse de terrorisme ne fait que commencer.

L’entête du livre a semé le doute en moi : « Ce livre est une fiction, inspirée par des faits et des personnages bien réels ». Car l’intrigue va montrer comment, un homme jadis embringué dans un groupuscule trotskiste va devenir la cible des plus hautes instances de l’état uniquement pour la raison qu’il aurait des documents compromettants impliquant le président à la veille de sa réélection.

Nous avons droit donc à des portraits hauts en couleurs, le plus souvent décrits avec dérision tant ils semblent dérisoires, souvent humoristiques à la limite du ridicule. Les membres de ce groupuscule ont renié leurs idées, leurs convictions pour devenir des pontes de notre société actuelle. Et tous lui tournent le dos, par peur ou soumission envers un président omniprésent et autoritaire. Ça vous rappelle quelqu’un ? ça tombe bien, le roman se passe en 2012.

La plume est sèche, certains personnages sont mieux dessinés que d’autres mais c’est pour mieux laisser la place à la vitesse, à l’action, à la vitesse. C’est aussi la raison pour laquelle ce roman est si court avec ses 180 pages. Nul doute que les portraits sont réalistes, tristement réalistes mais le ton est plutôt drole, ou du moins c’est comme ça que je l’ai ressenti.

Cela en fait un roman entre roman noir, roman politique, roman humoristique, roman grave. Un bon roman que l’on a de toutes façon plaisir à lire et qui nous laisse avec plein de questions sans réponses : ce roman a été inspiré par des faits réels ? Fichtre !

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5 juin 2012 2 05 /06 /juin /2012 10:23

Apero-polar.jpg

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3 juin 2012 7 03 /06 /juin /2012 18:23

Triple crossingCe roman m’a été fortement conseillé par Coco, alors, du coup j’en profite pour passer un message personnel : merci pour tes conseils, merci pour les bouquins que tu me donnes et merci pour m’avoir poussé à lire cet excellent roman.

Ils sont deux, deux hommes, chacun d’un coté de la frontière américano-mexicaine. Le premier s’appelle Valentin Pescatore, d’origine italienne, et travaille dans la police frontalière étatsunienne ; le deuxième s’appelle Mendez, flic mexicain incorruptible, à la tête du groupe Diogène, sorte d’équipe de terrain qui lutte contre le trafic de drogue. Entre les deux, la superbe Isabel Puente, agente américaine, va se servir d’eux et tirer les ficelles de cette histoire.

Le rôle de la police frontalière est de récupérer tous les migrants illégaux qui passent la frontière. De plus en plus Valentin récupère des AQM (Autres Que Mexicains), ce qui lui occasionne plus de paperasse. Alors que ses collègues profitent de la détresse de ces gens pour laisser libre cours à leurs instincts bestiaux, Valentin est un gentil, pris d’empathie envers ces gens qui espèrent sortir de leur misère. Alors qu’il course Pulpo, un passeur, il passe la frontière ce qui passe pour un acte illégal.

Mendez va interroger valentin et souhaite l’inculper, car il pense que Valentin est un pourri qui cache son jeu. Isabel Puente va récupérer Valentin et l’obliger à infiltrer le gang de son chef Garrison, soupçonné d’être en affaire avec les gangs qui détiennent le trafic de la Triple Frontière (Brésil, Paraguay, Argentine).

Quoi ? Triple crossing est un premier roman ? Alors, permettez-moi de tirer mon chapeau à Sebastian Rotella. Car vous trouverez ici de quoi vous passionner du début à la fin de ce livre, dont le seul reproche que je pourrais faire (si c’en est un) est parfois son coté enquête et investigation qui prend le pas sur la fiction. Mais sans doute est-ce du au métier de l’auteur, car il est journaliste et nous dévoile une connaissance aussi étonnante qu’ébouriffante sur les cartels de la drogue et la situation effarante des trafics de la drogue à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique et leurs conséquences jusqu’au plus haut point des états.

La construction est efficace et connue : passer d’un personnage à l’autre à chaque chapitre. Et c’est d’autant plus prenant que cela nous permet de voir les deux cotés de la frontière : d’un coté, la police mexicaine embourbée dans ses problèmes de corruption généralisée (voire plus), de l’autre l’organisation sans faille des narcotrafiquants du plus bas de l’échelle jusqu’aux plus hautes instances dirigeantes. La loi n’a plus voix au chapitre, c’est juste « tu te soumets ou tu meurs ». Les scènes d’assassinat sont d’ailleurs un autre des points forts de ce roman, arrivant sans prévenir, décrite succinctement pour avoir plus d’impact.

Alors, certes, ce roman n’a pas le souffle épique de La griffe du chien de Don Winslow, ou les envolées lyriques de Tijuana Straits de Kem Nunn. Mais le coté reportage ne peut que nous faire froid dans le dos, et les personnages sont bien attachants. Et puis, n’oublions pas que c’est un premier roman, et en cela, c’est un roman à ne pas rater, c’est bien plus efficace et mieux fait qu’un reportage d’Envoyé Spécial.

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30 mai 2012 3 30 /05 /mai /2012 18:18

Ligne de tirLorsque j’avais lu Surhumain, j’avais pressenti la patte d’un auteur qu’il fallait suivre. De la composition des personnages jusqu’aux situations très cinématographiques, il y avait des promesses pour l’avenir. Voici le deuxième bébé de Thierry Brun, plus grand, plus complet, plus ambitieux.

Difficile de trouver un personnage central dans ce roman, car on a droit à une pléiade de vies, qui se suivent, se pourchassent, se traquent, se rencontrent et s’entrechoquent. Le commissaire Fratier est celui qui va déclencher le cataclysme. Depuis la mort du parrain local nancéen, Hocine Albane, qu’il a fait éliminer pour cause de concurrence, les juges Lachaume et Clira ont décidé de le poursuivre pour au moins le délit de corruption.

Car Fratier est un vrai pourri, trafiquant de drogue en mèche avec le nouveau parrain Shadi Atassi le Syrien, entouré par ses gardes du corps sans pitié. Fratier sait que toute l’accusation repose sur le témoignage de Loriane Ornec, une flic infiltrée qui est passée du coté obscur avant de se ranger des trafics. Dans ce petit monde de truands, fourmille de nombreux tueurs, dont Patrick Jade, formidable personnage froid et sans pitié, atteint d’une maladie oculaire qui va lui faire perdre la vue dans l’année.

Loriane Orsec va disparaître, à la suite d’une négociation ratée pour le compte de Atassi. Tout le monde va la rechercher pour la tuer. Patrick Jade, qui est amoureux de Loriane, va aussi la poursuivre pour la sauver.

C’est un véritable coup de force que Thierry Brun nous concocte là, en nous narrant une course poursuite avec plusieurs chasseurs et plusieurs lapins. Chacun court après l’autre, chacun devient le chasseur avant de devenir le chassé, et cela permet de laisser le lecteur dans l’expectative, car il ne sait pas qui va vivre, qui va survivre et qui va mourir. L’intrigue est foisonnante, passant d’un personnage à l’autre, avec des chapitres courts qui ne laissent pas le temps de respirer.

Pour autant, on n’est pas perdu au milieu de ce microcosme. Chaque personnage a son passé, son histoire, et c’est probablement là le vrai sujet du roman. Thierry Brun essaie de nous montrer quelles sont les actes qui forgent une vie, les moments qui font que l’on passe de l’autre coté de la ligne jaune, que l’on devient froid comme l’acier d’une lame. On a droit à des scènes d’une violence inouïe, sans être démonstrative, laissant le lecteur imaginer les détails et qui construisent la psychologie des tueurs mercenaires par petites briques. C’est aussi l’occasion de passer par les dénonciations des horreurs au Congo, en Serbie, et l’utilisation de tueurs payés par l’état pour nettoyer le linge sale.

Et effectivement, le style de Thierry Brun a beaucoup progressé, ou plutôt évolué depuis Surhumain. Chaque scène est impeccablement construite, servie par un style d’une efficacité bluffante. Chaque phrase vise avant tout l’efficacité, il n’y a pas un mot de trop, pas une description inutile, et les dialogues font mouche à tous coups. J’ai trouvé que chaque page était un plaisir à lire, par la mise en scène simple, et les petits détails qui font mouche dans l’imagination du lecteur.

Sous couvert d’une course poursuite multiple, ce roman démontre que Thierry Brun est bien un auteur à suivre, et qu’il va falloir suivre de très près ses prochaines productions. Car La ligne de tir est un roman impressionnant, un roman sur la construction d’une vie.

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29 mai 2012 2 29 /05 /mai /2012 10:16

L’année dernière, j’ai eu la chance d’être choisi comme membre du jury professionnel pour élire le meilleur polar édité chez Points. Le gagnant fut Pete Dexter avec Cotton Point pour 2011 et Fakirs de Antonin Varenne pour 2012.

Cette année, c’est reparti. Jérôme Lambert m’a demandé de rempiler, eh bien, je rempile. Le jury sera composé de 20 jurés professionnels et 40 jurés lecteurs. Et alors que l’on connaissait les premiers romans en ce début d’année, à savoir :

            La femme congelée de Jon Michelet

            Les lieux infidèles de Tana French

L’homme inquiet de Henning Mankell

Je ne porte pas mon nom de Anna Grue

La nuit de Geronimo de Dominique Sylvain

Voici que viennent les deux nouveaux titres … et là, accrochez vous ! Il va y avoir de la bagarre et de la discussion pour choisir le gagnant de l’année 2012. Car les deux titres suivants ne sont rien moins que :

Les visages écrasés de Marin Ledun

Bienvenue à Oakland de Eric Miles Williamson

Pour ceux qui ne connaîtraient pas, en voici les sujets. Un seul conseil : lisez les au plus vite, ils sont tous les deux excellents et importants. Evidemment, je ne cherche pas à influencer le jury !

Les visages écrasés de Marin Ledun

Visages-ecrases.jpgObjectifs inatteignables, management à la menace, restructurations et mises au placard… Personne ne connaît ça mieux que moi. Vincent Fournier, salarié d’un centre d’appels au bout du rouleau, m'a tout raconté avant que je ne mette fin à ses souffrances. C'est mon boulot, je suis médecin du travail. Écouter, rassurer, alerter la direction. Et soigner. Avec le traitement approprié, quel qu’il soit.

Né en 1975, Marin Ledun est romancier. Il a déjà publié sept romans noirs, dont Modus Operandi (prix Plume libre 2008), La Guerre des vanités (prix Mystère de la critique 2011) et Zone Est.

« Une mécanique perverse, remarquablement dépeinte par Marin Ledun dans toute sa froideur clinique, sa folie destructrice. »

Le Monde des Livres

 

Bienvenue à Oakland de Eric Miles Williamson

Bienvenue-a-Oakland.jpgEtat civil : T-Bird Murphy. Localisation : Oakland, porte du désespoir, ville des déshérités et des laissés-pour-compte de l’Amérique triomphante. Je suis recherché pour un crime que je n’ai pas commis. Ma seule faute : avoir espéré. Enfance déglinguée, boulots minables déchéance alcoolisée, une jeunesse banale à Oakland. Etudes, mariage, travail, j’ai tenté l’échappée… en vain.

Né à Oakland en 1961, Eric Miles Williamson fut ouvrier de chantier avant de devenir professeur de littérature à l’université. Il est auteur de romans noirs remarqués, dont Gris-Oakland et Noir Béton.

« L’écriture de Williamson est transcendante. Sa prose flotte sur des rythmes torrides

qui évoquent la hardiesse et l’exubérance du jazz. »

The New York Times

 

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27 mai 2012 7 27 /05 /mai /2012 18:09

SerenitasCe livre que j’ai choisi par son sujet m’a surpris, très agréablement surpris, et même bluffé tant il est passionnant à lire. Pour preuve, je l’ai lu en deux jours, ce roman de 420 pages. Voici le résumé des premiers chapitres.

A l’image de tous les états du monde, la France est en faillite. La société s’est adaptée, et des strates se sont formées. Il y a ceux qui ne travaillent pas, relégués dans la rue au rang de SDF, dont l’espérance de vie ne dépasse pas deux ans. Il y a les travailleurs, payés une misère qui mettent tout leur argent dans leur loyer. Il y a les dirigeants, qui bénéficient d’un logement de fonction et des meilleures infrastructures. Enfin, il y a les riches triés sur le volet pour bénéficier des largesses de propriétés privées totalement indépendantes de l’Etat. Ils ont ainsi accès aux meilleurs médecins, aux meilleurs instituteurs et à des milices privées qui les protègent dans leur résidence dorée.

Depuis l’apparition de la drogue D23, surnommée The Perfect One car elle est fortement addictive et sans aucun danger d’overdose, les narco-gangs font vivre toute une partie de la population en échange de la diffusion de la drogue. Paris se retrouve donc aux mains des narco-trafiquants. En ce mois de décembre très froid, une bombe explose en plein Pigalle. Fjord Keeling, un journaliste rebelle, se trouvait sur les lieux. Il ne croit pas, comme le gouvernement veut le faire croire, que les narco-trafiquants sont les commanditaires de cet attentat. Il va découvrir un complot qui va très largement le dépasser.

Ce roman, traité comme un thriller d’anticipation, peut se lire à deux niveaux. C’est pour cela que je l’ai trouvé très intéressant. L’auteur est bigrement doué pour suivre une trame compliquée avec de multiples personnages allant du colocataire de Fjord aux leaders de la multinationale Ijing Ltd qui détient les résidences ultra sécurisées, des rédacteurs en chefs des journeaux jusqu’au plus hautes fonctions de l’état. On passe de l’un à l’autre sans aucune difficulté, et le rythme amené par les chapitres assez courts et des dialogues redoutablement bien écrits font qu’il y a une tension dès les premières pages et que la solution de tout ce salamalec ne sera dévoilé qu’en toute fin de livre.

Au-delà de l’intrigue passionnante, Philippe Nicholson nous dépeint un monde du futur inquiétant, et les plus pessimistes pourront y voir les prémices du cauchemar que l’on nous décrit dans Serenitas. Les gens dans le rue y meurent sans que cela ne concerne personne, les nantis sont tellement enfermés dans leur monde de platine qu’ils ne se rendent plus compte de la réalité du terrain, les politiques ne pensent qu’à leurs résultats électoraux, et heureusement, il y a quelques personnes qui ne baissent pas les bras. La démonstration n’est pas lourde, elle est parsemée intelligemment, par petites touches, au fil de scènes fort bien pensées et qui toutes, font avancer l’intrigue selon différents points de vue.

Ce roman est une réelle surprise, la quatrième de couverture est alléchante, mais le roman est encore plus fort. Le fait de faire un thriller pour envoyer un message, pour décoder les données que l’on nous donne, sans passer pour un cours magistral, c’est tout simplement impressionnant. Le ton n’est pas pessimiste, ou défaitiste, car pris sous le couvert d’un thriller rythmé, et c’est très intelligemment fait. Je ne vais pas vous conseiller de lire ce livre, vous devez le lire et le faire lire. Parlez en autour de vous, vous y verrez ce vers quoi nous ne devons pas aller.

Ne ratez pas l'article de l'ami Claude ici 

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25 mai 2012 5 25 /05 /mai /2012 10:00

Voici un sacré invité pour ce vendredi : Démosthène est un lecteur fou, capable de s’avaler un bouquin en une journée. En plus, il adore partager ses lectures et n’est pas avare de ses avis et commentaires. Quand je lui ai proposé ce roman, je ne savais pas s’il aimerait. Finalement c’est un coup de cœur pour lui à réserver à ceux qui ont le cœur bien accroché. Maintenant qu’il a créé son blog, je ne peux que vous conseiller d’aller jeter un coup d’œil sur http://blog-du-serial-lecteur.over-blog.com/ sur lequel vous aurez plein de bons conseils de lecture. Je lui laisse la parole :

 

Le-prix-de-la-peur.jpgChris Carter est né au Brésil, d'origine italienne. Il  a travaillé au bureau du procureur du Michigan comme psychologue criminologue. Il a pu étudier de nombreux serial- killers. Il vit aujourd'hui à Londres, où il se consacre à l'écriture. Le Prix de la peur est son deuxième roman publié en France.  

L'année dernière, j'avais été attiré par la quatrième de couverture de son premier livre, "la marque du tueur". Je m'étais lancé dans la lecture de ce livre avec un certain plaisir. Les personnages étaient sympas, le tueur bien barge et cradingue, mais l'intrigue un peu légère ne m'avait pas convaincue entièrement. Cette année Chris Carter revient avec un nouveau livre et les mêmes flics, c'est donc avec plaisir aussi que j'ai lu ce nouvel opus. De plus, ce livre m'a été offert par Pierre, l'auteur du (très bon) blog Black novel et c'est avec une joie non dissimulée là aussi que je vous annonce que vous retrouverez cette critique sur son blog. http://black-novel.over-blog.com/  

Quelques jours avant Noël, dans une église de L.A le cadavre d'un prêtre est retrouvé sur les marches de l’autel. Sa tête a été remplacée par celle d'un chien. En charge de l'enquête, le détective Hunter découvre qu'un cauchemar récurrent hantait le religieux : qu'on le décapite... Bientôt, les cadavres s'accumulent. Noyée ou brûlée vive, chaque victime meurt de la façon qu'elle redoutait le plus. Comment le tueur pouvait-il connaître leur angoisse?

Bon, je vous le dis, tout de suite, c'est un coup de coeur pour moi !!!!!

Le livre s'ouvre directement par la scène d'exécution du prêtre. Le fameux tueur parle avant sa mise à mort et la tension est déjà présente. Le prêtre est décapité et a une tête de chien plantée à la place de la sienne. Le meurtre est très violent et du sang recouvre une grande partie de l'autel, dans une sorte de rituel. On retrouve juste après Rob Hunter, ce flic plus que qualifié et quelque peu torturé déjà présent dans le premier opus de l'auteur. Il va se retrouver à gérer cette enquête épineuse avec en prime un nouveau collègue qui débute dans le métier et un nouveau chef, qui se trouve être une femme... Un deuxième meurtre arrive et prouve que le tueur est plus pervers. Attention aux personnes sensibles qui n'aiment pas trop les scènes gores. Là c'est du lourd. Je ne sais pas si Chris Carter s'est inspiré de choses vu à son taf, mais bravo pour l'originalité des meurtres ! Les chapitres son courts, très courts, jamais plus de quatre pages et ça donne un rythme au livre, ça va vite, très très vite. Les pages défilent à une vitesse folle sans rien voir. Les indices arrivent par ci par là afin de diriger les flics sur des pistes plus ou moins bonnes. Les meurtres continuent et les cadavres s'entassent. Tout est très bien ficelé, c'est intelligent et la tension est vraiment là jusqu'au bout. Pas d'essoufflement de l'histoire à aucun moment. Le final est lui aussi réussi et apporte son lot de révélations et bien sûr, de sang !

Chris Carter doit être un amateur de polar et de films de genre. On notera le nouveau flic qui s'appelle Hopkins et un autre Jack Kerley. Le premier vous parle surement mais peut-être pas le deuxième. Jack Kerley a publié deux livres en France ("le centième homme" et "collection macabre"). Son premier raconte un flic à la poursuite d'un tueur qui...eh oui décapite ses victimes. Et si vous ne connaissez pas ses livres sautez dessus, c'est du tout bon aussi :)

Pour moi, avec ce deuxième livre, Chris Carter rentre dans la cour des grands. C'est définitivement un auteur à suivre et je serais là pour son troisième livre !

"Ironique que la seule certitude de la vie soit la mort, vous ne trouvez pas? Peu importe ce que vous avez fait de votre, poursuivit-il, indifférent à sa victime qui saignait. Peu importe votre richesse, ce que vous avez accompli - vos relations, vos projets et vos espoirs. En fin de compte, la même chose nous arrive, à tous, et cette chose, c'est la mort. Mais ce qui fait la différence, c'est la façon dont nous mourons. Certaines personnes meurent naturellement, sans douleur, au terme d'un cycle naturel. D'autres souffrent de maldaies incurables des annés durant, luttant à chauque minute pour ajouter quelques secondes à leur misérable vie. Certains meurent très lentement, reprti-il d'une voix galciale. L'agonie peut durer des heures, des jours, des semaines de souffrances; si on sait s'y prendre, il n'y a quasiment pas de limites - vous le saviez?

Il se tut. Jusque-là l'homme enchaîné n'avait pas remarqué le pistolet à clous dans la main de son assaillant.

Et je sais exactement ce que je fais. Permettez-moi de vous le montrer.

 

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