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3 août 2014 7 03 /08 /août /2014 17:06
Oldies : La crève de Frédéric Dard (Fleuve Noir)

Ce billet est un hommage à Frédéric Dard, inoubliable auteur français. Outre qu’il fut le créateur de San Antonio, il écrivit aussi des romans noirs. La crève que je vous présente ici est une œuvre de jeunesse qui date de 1947 réédité par les éditions Fleuve Noir.

L’auteur :

Le père de Frédéric Dard, Francisque, d'abord ouvrier de la société de Dietrich, lance une entreprise de chauffage central à Bourgoin-Jallieu. Sa mère, Joséphine-Anna Cadet, est fille d'agriculteurs. Frédéric Dard nait avec un bras atrophié, inerte1. Ses parents, très occupés par l'affaire familiale, le font élever par sa grand-mère. Il en gardera un souvenir ému et le goût pour la lecture.

Le krach de 1929 précipite le déclin de l'entreprise familiale, qui est mise en faillite. Tous leurs biens sont saisis, sous les yeux du jeune Frédéric. La famille émigre alors à Lyon, dans un petit appartement du boulevard des Brotteaux. Frédéric suit sans grand intérêt des études commerciales à l'école La Martinière. Il est présenté en 1938 à Marcel E. Grancher, le fondateur des Éditions Lugdunum et du journal Le Mois à Lyon, par son oncle, ouvrier-mécanicien dans un garage automobile que Grancher fréquente. Engagé comme stagiaire, il assume peu après un rôle de secrétaire de rédaction (fonction qu'il assumera officiellement à la fin de l'été 1940), puis de courtier en publicité. Ses premiers articles, certainement encouragés par ses ainés comme le docteur Edmond Locard ou le romancier Max-André Dazergues sont publiés anonymement dans le journal dès 1939. Enfin journaliste, le métier qui l'attire depuis longtemps, il passe à l'écriture à proprement parler et publie fin octobre 1940 son premier livre La Peuchère (une nouvelle paysanne, ainsi que la qualifiera son éditeur Marcel Grancher), son premier vrai roman, Monsieur Joos, récompensé par le premier Prix Lugdunum décerné sur manuscrit lui apportant enfin en mars 1941 la notoriété.

Frédéric Dard se marie en novembre 1942 avec Odette Damaisin, dont il aura deux enfants, Patrice (né en 1944) et Élizabeth (1948 - 2011)2. Il s'installe avec sa femme à Lyon, dans le quartier de la la Croix-Rousse, au 4 rue Calas, où il réside entre juillet 1944 et mars 1949.

Frédéric Dard écrit des livres pour enfants et des romans populaires pour nourrir sa petite famille, rencontre des écrivains repliés à Lyon. Sa notoriété commence à dépasser les limites de la capitale rhodanienne. Très influencé par le roman noir américain (Faulkner, Steinbeck et surtout Peter Cheyney), il se lie avec Georges Simenon, qui lui rédige une préface pour son livre Au massacre mondain. Sous la houlette de Clément Jacquier, il écrit des romans avec ses premiers pseudonymes pittoresques : Maxell Beeting, Verne Goody, Wel Norton, Cornel Milk, etc.

Sur un coup de tête (il a pris ombrage d'un livre de Marcel E. Grancher, qui le cite dans ses souvenirs), il part en 1949 s'installer aux Mureaux avec sa famille, dans un pavillon de banlieue. Après quelques années de vache maigre, il connaît ses premiers succès d'écriture, au théâtre (notamment La neige était sale, adaptation du roman de Simenon, est montée par Raymond Rouleau au Théâtre de l'Œuvre en décembre 1950). C'est en 1949 que paraît Réglez-lui son compte !, roman policier signé San Antonio, et qui est un échec commercial. Il rejoint alors les éditions du Fleuve noir, où il va côtoyer Jean Bruce et Michel Audiard, et y publie deux romans : Dernière Mission, et le second San-Antonio, Laissez tomber la fille.

En 1954, Frédéric Dard et Robert Hossein montent au Grand-Guignol Les Salauds vont en enfer, première pièce d'une longue collaboration théâtrale.

La notoriété naissante du Commissaire San-Antonio engendre le succès, qui, dès lors, ne le quittera plus. Dard écrit vite et beaucoup, au rythme de quatre à cinq ouvrages par an : romans policiers, romans d'espionnage ou d'épouvante, scénarios, adaptation de roman pour le cinéma. En 1964 Frédéric Dard détient le record du nombre de livres vendus en France4.

Cependant, sa vie de couple avec Odette Damaisin n'est pas heureuse. Dans les mois précédant leur séparation, il tente de se pendre. Il se remarie le 14 juin 1968 avec Françoise de Caro, la fille d'Armand de Caro, le fondateur des éditions Fleuve noir.

En 1968, il prend la route de la Suisse avec sa nouvelle femme. Le couple se fait construire le « chalet San Antonio » à Gstaad.

Ils auront une fille, Joséphine, née en 1970 qui épousera Guy Carlier en 2006. Quelques semaines après sa naissance, le couple Dard adopte un jeune Tunisien, prénommé Abdel. En mars 1983, Joséphine, âgée de 13 ans à l'époque, est enlevée5 durant plus de cinquante heures de leur domicile de Vandœuvres par un cadreur de télévision6. Il la cache dans un appartement à Annemasse. Elle sera libérée contre le versement d'une rançon de 2 millions de francs suisses grâce au chalet de Gstaad qui venait d'être vendu. Le ravisseur sera arrêté et la rançon récupérée, mais l'épisode a longtemps traumatisé Frédéric Dard et sa fille7.

Il noue des liens très forts avec le R. P. Bruckberger (à qui il dédiera La Sexualité…) et avec Albert Cohen. Il se passionne pour la peinture, notamment les œuvres de Domenico Gnoli, peintre hyperréaliste, ou celles de René Magritte, peintre surréaliste. Il rend hommage à l'œuvre du poète belge Louis Scutenaire.

Avec le temps, il commence à prendre du recul, il accorde de longues interviews à la presse. En 1975, il fait paraître Je le jure, signé San-Antonio, un livre d'entretiens où il évoque son enfance, ses débuts, sa famille, ses idées. En 1978, il acquiert à Bonnefontaine une ferme du xviiie siècle qu'il restaure : c'est dans ce domaine de L'Eau vive qu'il poursuit son œuvre en composant une centaine de romans et de nombreuses peintures, sa vocation contrariée8.

Frédéric Dard meurt le 6 juin 2000, à son domicile de Bonnefontaine, en Suisse. Il est inhumé suivant ses volontés au cimetière de Saint-Chef en Dauphiné, village où il a vécu, enfant, en 1930, dans une maison appartenant à la famille de sa mère. L'ancienne école de Saint-Chef qu'il a fréquentée, porte une plaque commémorative rappelant ce fait.

Depuis la mort de son père, son fils Patrice poursuit l'écriture des San-Antonio.

(Source Wikipedia)

Oldies : La crève de Frédéric Dard (Fleuve Noir)

Mon avis :

Le roman débute comme un huis clos et se situe à la fin de la deuxième guerre mondiale. Une famille de quatre personnes et autant de caractères se réfugient dans la petite maison d’un village français. Le père Albert est un honnête travailleur, un peu dépassé par les événements et la mère Constance est le genre de femme un peu effacée qui fait tourner le ménage sans faire de bruit.

Hélène, la fille de la famille, est très belle mais a eu l’erreur de succomber au charme d’un officier allemand M.Otto. Quant à Petit Louis, le cadet de la famille, il a été un peu plus que « collabo » puisqu’il a aidé les nazis à tuer des Français. Tout ce petit monde sait bien qu’une nouvelle ère arrive et qu’ils ont intérêt à se cacher. Mais on ne peut pas échapper très longtemps à son destin de salaud.

Moi qui connais (un peu) les romans de San Antonio, j’ai été très surpris par ce roman. En fait, j’y ai découvert un formidable auteur de roman noir, avec une acuité et une finesse dans la description des personnages et de leur psychologie qui annonçait le talent d’un grand auteur. Si le roman commence comme un huis-clos, cela permet de voir de sacrés personnages que l’on déteste se retrouver traqués, obligés de se confronter à leur passé.

Frédéric Dard fait preuve de cynisme et de beaucoup d’humour, mais aussi de poésie dans la description de certaines scènes et c’est dans ces phrases simples que j’ai redécouvert cet auteur. On y trouve aussi des réparties dans les dialogues qui font mouche, qui mériteraient de figurer dans un dictionnaire de citations. En cela, les deux premiers tiers du roman sont hautement jouissifs.

Dans le dernier tiers, quand la famille sort de sa maison, j’ai trouvé l’intrigue moins maitrisée, voire même une fin un peu précipitée. Mais comme ce roman est édité en format poche à un faible prix (6,80€), je ne peux que vous encourager à redécouvrir un de nos meilleurs et prolifiques auteurs de polars.

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2 juillet 2014 3 02 /07 /juillet /2014 17:01
Oldies : Un enfant de Dieu de Cormac McCarthy (Points)

Il était temps que je lise ce roman, et j’en attendais tellement que mon niveau d’exigence était énorme. Et je n’ai pas été déçu, c’est effectivement un roman énorme, dérangeant, et c’est aussi une lecture exigente, qui se mérite. Mais je vous garantis que c’est une lecture marquante, c’est le moins que l’on puisse dire.

L’auteur :

Cormac McCarthy est un écrivain américain né le 20 juillet 1933 à Providence, Rhode Island (États-Unis). On le compare régulièrement à William Faulkner et, plus rarement, à Herman Melville.

Cormac McCarthy est le troisième d'une fratrie de six enfants. Son père, juriste, travaille de 1934 à 1967 pour la Tennessee Valley Authority, entreprise américaine chargée de la gestion et du développement économique de la vallée du fleuve Tennessee. Après ses études, il rejoint en 1953 l'armée de l'air américaine pour quatre ans, dont deux passés en Alaska, où il anime une émission de radio. En 1957, il reprend ses études à l'université. Il épouse Lee Holleman, étudiante, en 1961, dont il a un fils, Cullen. Il quitte l'université sans aller jusqu'au diplôme, et s'installe avec sa famille à Chicago, où il écrit son premier roman, The Orchard Keeper.

Divorcé de Lee Hollman, il rencontre Anne DeLisle durant l'été 1965, sur un bateau en route pour l'Irlande. Ils se marient l'année suivante au Royaume-Uni. Grâce au soutien financier de la Fondation Rockefeller, il voyage également dans le sud de l'Europe, avant de séjourner quelque temps à Ibiza, où il écrit son deuxième roman, Outer Dark, publié en 1968. En 1969, McCarthy et sa femme s'installent à Louisville, dans le Tennessee. Il y écrit Child of God.

McCarthy et Anne DeLisle se séparent en 1976, et l'écrivain déménage pour El Paso au Texas. En 1979, le roman sur lequel il travaille depuis près de vingt ans, Suttree est enfin publié. Blood Meridian, roman souvent considéré comme son meilleur, paraît en 1985.

McCarthy vit aujourd'hui dans le Tesuque (en), au nord de Santa Fe, Nouveau-Mexique, avec sa troisième épouse, Jennifer Winkley, épousée en 2006, et leur fils John. Il vit dans une relative discrétion et accorde très rarement des interviews.

Son dernier roman, The Road, La Route, publié en 2006, obtient le prestigieux prix Pulitzer, et le pousse à sortir de sa campagne en accordant pour la première fois un entretien télévisé, conduit par la journaliste américaine Oprah Winfrey, et diffusé le 5 juin 2007.

McCarthy revient en 2013, en tant que scénariste de Cartel (The Counselor), réalisé par Ridley Scott. McCarthy signe là son premier scénario original pour le cinéma. Cartel raconte l'histoire du conseiller, un avocat (incarné par Michael Fassbender) profitant du trafic de cocaïne à la frontière Américano-Mexicaine.

(Source Wikipedia)

Quatrième de couverture :

À quel moment Lester est-il devenu un monstre ? Chassé de chez lui, il erre dans les montagnes comme un charognard guettant ses proies. Ses raisonnements se simplifient, les actes laissent place aux pulsions et ses gestes deviennent ceux d’un animal traqué. Un monologue où se mêlent insultes et sanglots s’élève dans sa grotte peuplée de cadavres ; le grognement à peine humain d’un enfant de Dieu.

« L’ultime musique terrestre. Celle de McCarthy, lyrique, dépouillée, tragique, est un très grand moment de littérature. » Lire

Mon avis :

Un enfant de Dieu est clairement un de ces romans que l’on n’oublie pas. A travers l’itinéraire et la vie de Lester Ballard, Cormac McCarthy nous questionne sur l’homme, sur la subtile différence entre l’homme et la bête. Car du jour où Lester est expulsé de sa maison, il va vivre dans les bois, trouver refuge dans une caverne et petit à petit devenir une bête en quête de survie.

Le style de Cormac McCarthy va osciller entre brutalité et poésie, mais jamais il ne va prendre position. L’auteur va juste alterner la narration avec des témoignages, sans toutefois le dire explicitement, ce qui fait que le lecteur cherche les explications lui-même. Chaque action est explicite, directe, il n’y a pas de place pour l’émotion, comme si on était dans un tribunal, mais un tribunal où l’accusé n’est pas Lester, celui-ci étant plutôt une possible conséquence de la société et de ses règles, un dommage collatéral. Cette volonté d’intransigeance dans le style va probablement rebuter des lecteurs, mais je le répète : c’est une lecture qui se mérite, et la découverte est au bout du tunnel. On n’y trouvera pas non plus de scènes gore ou sanglantes, tout étant suggéré plus que décrit, en une phrase.

Parfois, Cormac McCarthy nous donne des pistes, ou du moins nous donne le véritable sujet de fond de son roman, telle cette citation tirée de la page 145, d’une conversation entre deux hommes (Pour votre information, le texte est complètement respecté, recopié tel quel et ne comporte aucune ponctuation particulière signalant un dialogue) :

Vous pensez qu’à l’époque les gens étaient pires qu’ils ne sont maintenant ? dit l’adjoint.
Le vieil homme contemplait la ville inondée. Non, dit-il. Je pense que les gens n’ont pas changé depuis le jour que le bon Dieu les a créés.

Oldies : Un enfant de Dieu de Cormac McCarthy (Points)

De la même façon, quand j’ai tourné la dernière page du livre, je me suis retrouvé face à la couverture, devant ce titre, que finalement j’ai trouvé comme un dernier coup de poing au ventre : Un enfant de Dieu.

Il nous montre aussi les réactions des gens, de tout un chacun, méfiant envers les gens qui sont différents d’eux, la façon dont on juge les autres, de façon juste et factuelle ou bien émotionnelle. Et l’auteur ne répondra pas à la question du livre pour savoir pourquoi Lester est devenu un psychopathe, mais il nous met brutalement devant les yeux la question essentielle : Quelle est la différence entre un homme et une bête ? La société n’engendre-t-elle pas finalement ses monstres ?

Pour moi, ce roman est un coup de cœur. Le sera-t-il pour vous ?

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1 juin 2014 7 01 /06 /juin /2014 17:20
Oldies : Mr Paradise de Elmore Leonard (Rivages)

Ce mois, j’ai decide de rendre un hommage à Elmore Leonard, ce grand monsieur du polar, avec une lecture qui date de 10 ans, car sa première publication eut lieu en 2004.

L’auteur :

Elmore John Leonard Jr., né le 11 octobre 1925 à La Nouvelle-Orléans en Louisiane et mort le 20 août 2013 (à 87 ans) à Detroit au Michigan, est un romancier et scénariste américain.

Son père travaille pour General Motors où il était chargé de trouver des sites où General Motors pourrait implanter des usines, ce qui provoque de nombreux déménagements de la famille Leonard. Même si Elmore Leonard est né à La Nouvelle-Orléans, il n'y vécut pas très longtemps. En 1934, sa famille s'installe à Détroit dans le Michigan.

À cette époque deux évènements importants ont lieu, qui influencent beaucoup Leonard dans ses écrits. Les gangsters comme Bonnie et Clyde font la une des journaux du pays, tout comme l'équipe de baseball des Detroit Tigers. Au début des années 1930, Bonnie et Clyde sont connus pour leur folie meurtrière, et sont abattus le 23 mai 1934. Les Detroit Tigers se qualifient pour les World Series de baseball en 1934. Ces évènements marquent Leonard, qui en conçoit une fascination pour les sports et les armes.

Leonard est diplômé de la University of Detroit Jesuit High School en 1943.

Elmore Leonard vit ses dernières années dans le comté d'Oakland (Michigan), avec sa famille. En 2012, il est lauréat du National Book Award pour l'ensemble de son œuvre.

(Source Wikipedia)

Quatrième de couverture :

Richissime avocat à la retraite, Mr Paradise, don son vrai nom Tony Paradiso, apprécie certains petits plaisirs dispendieux. Par exemple, des numéros de majorettes un peu particuliers exécutés par des jeunes filles que lui ramène Montez Taylor, son homme de confiance très cool, lorsqu'il a envie de voir un match de son éqpuie préférée. Pas de quoi fouetter un chat. Non, mais de quoi tuer un homme, car le soir où Chloe, une habituée des soirées de Mr Paradise, arrive avec son amie Kelly, les choses tournent mal. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, Mr Paradise et l'une des deux filles ont été abattus. Quand l'inspecteur Frank Delsa débarque sur les lieux, il ne croit guère à l'hypothèse d'un cambriolage avorté, que Montez essaie de lui vendre. Il comprend qu'on se moque de lui. Il ne soupçonne pas encore à quel point.

"Depuis un demi-siècle, Elmore Leonard réjouit les amateurs de western et de polar." (Le Figaro)

"Le roi de l'humour noir." (Télérama)

"Une comédie magistrale sur l'avidité humaine." (Les Inrockuptibles)

Mon avis :

On se disait ça, l’autre jour, avec mon dealer de livres, alors que je réfléchissais au roman que j’allais choisir pour la rubrique Oldies de ce mois : « Le problème avec Elmore Leonard, c’est que c’est toujours bien ». En effet, quelque soit le roman que vous allez ouvrir, vous allez trouver une intrigue qui tient la route, des personnages troubles, des décors à peine brossés et de formidables dialogues.

Dans ce roman, vous y trouverez un bon polar, dont le suspense ne réside pas dans le nom du meurtrier, mais plutôt dans la façon dont Frank Delsa va pouvoir le coincer. Alors Elmore Leonard s’amuse à complexifier son intrigue en introduisant des personnages tous plus louches les uns que les autres, de petits dealers à des avocats véreux.

On y retrouvera par contre, ce qui fait la marque de fabrique de Elmore Leonard, à savoir un décor dessiné en une phrase, imageant un petit détail, ce qui laisse au lecteur le soin d’imaginer le reste de la pièce et surtout d’extraordinaires dialogues. Je trouve que ce polar, sans atteindre les sommets de La loi de la cité, la brava ou Beyrouth-Miami, s’avère à nouveau un bon polar, agréable à suivre.

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4 mai 2014 7 04 /05 /mai /2014 17:11
Oldies : Le chien qui vendait des chaussures de George P.Pelecanos (Gallimard – Série Noire)

Quand j’ai créé cette rubrique Oldies, c’était aussi pour lire les premiers romans des auteurs que j’adore. C’est le cas de George P.Pelecanos, et ce roman n’est pas son premier, mais c’est le premier à être paru en France. J’en profite aussi pour dédicacer ce billet à un des grands fans de George Pelecanos, à savoir Vincent Garcia.

L’auteur :

D'origine grecque, George Pelecanos est né et a grandi dans un quartier ouvrier (avec une forte population noire) où son père tenait un snack. Âgé de 17 ans, il blesse un ami avec une arme à feu et manque de le tuer … En 1981, il crée Circle Films, une société de distribution de films, et commence à écrire la nuit … Il commence par écrire des romans à la première personne dont le personnage principal est Nick Stefanos, un Grec de Washington qui travaille parfois comme détective privé. Ainsi est né A Firing Offense (paru en français sous le titre Liquidations), qu'il envoie en 1990 à une maison d'édition qui le garde dans sa pile de manuscrits non publiés durant un an. Mais il en ressortira finalement et paraîtra en 1992. Suivront Nick's trip (Nick la galère) et Down by the River Where the Dead Men Go (Anacostia River Blues), dont Stefanos est le héros ; puis Shoedog (Le Chien qui vendait des chaussures).

Pelecanos adopte ensuite un nouveau style et élargit le spectre de sa fiction avec le « D.C. Quartet », souvent comparé au L.A. Quartet de James Ellroy, en ce qu'il entremêle sur plusieurs décennies des personnages issus de diverses communautés évoluant dans un Washington en pleine mutation. Il écrit désormais à la troisième personne et relègue Stefanos dans un rôle secondaire. Il crée alors sa première équipe d'enquêteurs « poivre et sel », Dimitri Karras et Marcus Clay.

The Big Blowdown (Un nommé Peter Karras) se passe une génération avant l'apparition de Karras et Clay dans les années 1950 ; Pelecanos y suit les vies de plusieurs dizaines d'habitants de Washington, traçant les contours du visage changeant de la capitale américaine à cette époque. King Suckerman se déroule en 1970 et est souvent vu par les fans comme le meilleur livre de George Pelecanos. Il y installe le basket-ball comme thème récurrent de ses romans, le sport apparaissant souvent chez lui comme le terrain d'une coopération possible entre les races. Il montre aussi l'envers de ce possible : le terrain de basket est aussi le lieu des conflits non résolus... Dans ce cas, les comportements violents et criminels opposent les participants dans des micro-intrigues qui innervent le récit. The Sweet Forever (Suave comme l'éternité, 1980) et Shame the Devil (Funky Guns, 1990) achèvent le « quartet ».

En 2001, une nouvelle équipe de détectives privés, Derek Strange et Terry Quinn, voit le jour dans Blanc comme neige, qui sera suivi de Tout se paye et Soul Circus. Bien que ces livres aient eu un succès critique et qu'ils aient assis la position de l'auteur parmi les meilleurs auteurs de romans policiers, ils n'ont pas créé le même culte que le quartet. Ils poursuivent le travail critique et analytique de l'auteur sur le situation de conflit social et racial permanent entre les communautés sur le territoire de Washington.

Peut-être sensible aux critiques de ses lecteurs, Pelecanos ramène Derek Strange à sa jeunesse dans le Washington des années 1950 avec Hard Revolution (2001). Pelecanos joint au livre un CD, en faisant l'un des premiers romans qui incluent leur propre bande son. En 2005, Pelecanos publie Drama City.

Pelecanos a travaillé à l'écriture et la production pour HBO avec The Wire (Sur écoute). Il est aussi le scénariste de Treme produit par HBO, qui raconte les aventures de plusieurs musiciens à la Nouvelle-Orléans après le passage de l'ouragan Katrina. Depuis 2006, Pelecanos vit dans une banlieue aisée de Washington, à Silver Spring avec sa femme et ses trois enfants. (Source Wikipedia)

Oldies : Le chien qui vendait des chaussures de George P.Pelecanos (Gallimard – Série Noire)

Quatrième de couverture :

Constantin est infiniment disponible, doux et tellement dangereux. Il a vu tant de choses que plus rien ne le touche. Revenu à Washington après dix-sept années d'errance à travers le monde, il joue une nouvelle fois son destin où d'autres ne feraient que passer. Il suffit parfois d'un rien, de lever le pouce sur une route déserte et de monter avec un inconnu… Il suffit d'un peu de désespoir et de beaucoup de temps…

Mon avis :

Si ce roman est une œuvre de jeunesse, on y retrouve tout de même toutes les qualités qui feront par la suite de George P.Pelecanos un grand auteur de roman noir. Cette façon de faire vivre plusieurs personnages, ces petits détails qui rendent une scène vivante, une intrigue simple au départ mais qui permet de creuser les thèmes chers à l’auteur (l’amitié, la loyauté, les relations père – fils, le destin irrévocable), sont tous les ingrédients qui vous feront passer un bon moment de littérature noire.

D’un casse de deux vendeurs d’alcool, George P.Pelecanos nous narre l’itinéraire d’un homme, Constantin, qui ne croit en rien, et qui erre pour trouver un sens à sa vie. On y trouvera des truands, une femme fatale et un sens de l’honneur qui aboutira à un final dramatique digne des meilleurs films hollywoodiens. Son écriture trèq imagée ainsi que son sens du découpage des scènes font de ce roman une des pierres fondatrices de l’œuvre de Georges P.Pelecanos. Si vous voulez découvrir cet auteur, ce roman est probablement à lire pour tomber amoureux de sa façon de construire ses romans et de nous emporter avec des personnages formidablement humains.

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2 avril 2014 3 02 /04 /avril /2014 18:01
Filles de Frederick Busch (Folio Policier)

Le choix de ce roman tient à deux personnes : Une amie de mon dealer de livres Coco qui n’arrêtait pas de lui demander quand je me mettrais à découvrir l’univers de cet auteur … à la limite du harcèlement littéraire ! Je lui fais tout de même de gros bisous, à Sophie, et je lui dédie ce billet. La deuxième personne est l’excellent Yan, de l’excellent blog Encoredunoir, qui a écrit un excellent billet ici.

L’auteur :

Frederick Busch est un écrivain américain né le 1er août 1941 à Brooklyn et décédé le 23 février 2006 à Manhattan.

Busch est diplômé du Muhlenberg College et obtient sa maitrise à l'Université Columbia. Il est professeur de littérature à l'Université de Colgate, à Hamilton , New York de 1966 à 2003[1].
Il remporte de nombreux prix, y compris l'American Academy of Arts and Letters Fiction Award en 1986 et le PEN / Malamud Award en 1991.

Il est le père de l'acteur Benjamin Busch .

(Source Wikipedia)

Quatrième de couverture :

Parce que sa vie lui échappe, parce que sa petite fille de quelques mois est morte et que son couple se désagrège, parce qu’il va mal, Jack, ancien flic devenu vigile à l’université, accepte d’enquêter sur la disparition d’une adolescente, Janice Tanner.

Quelque temps plus tard, une autre fillette disparaît... Autour de Jack, s’étend l’interminable hiver nord-américain, la neige qui recouvre tout et étouffe tous les bruits, la terre si dure qu’on n’enterre pas les morts.

« Filles, roman d’amour, roman du désir et roman de la déliquescence, de la bassesse humaine, est un livre-choc. Ces Filles-là fouaillent nos tripes, dégraissent notre conscience. Chantent un hymne à l’amour quand il n’y a que le désamour. » Martine Laval, Télérama

Mon avis :

Quand on commence ce roman, on entre dans un univers, à la fois littéraire et psychologique. D’emblée, on est plongé dans la tête de Jack, un homme malade, dont il ne reste que quelques ruines, de par son passé que l’on va découvrir plus tard. On y retrouve une abondance de petits détails, sur tous les petits gestes qui font notre quotidien, car Jack ne vit plus, il erre comme un fantôme, essayant de sauver ce qui peut l’être dans sa misérable vie.

Jack est marié à Fanny. Depuis qu’ils ont perdu leur enfant en bas âge, leur vie n’est plus la même. S’ils continuent à survivre, ils passent leur temps à supporter leur quotidien fait de routine. Alors, Jack regarde les autres et s’intéresse à leur va et vient. La disparition de cette jeune adolescence va lui donner un objectif, et lui permettre de chercher une rédemption envers les autres, mais surtout aussi envers lui-même. De même, il regarde les femmes, les jeunes filles, et ressent du désir ; il arrive à se prouver qu’il est encore vivant, malgré le fait que son esprit soit mort en même temps que l’enterrement de sa fille.

Ce roman est littérairement impeccable, irréprochable, et c’est passionnant d’un point de vue psychologique. L’enquête n’est ici qu’un prétexte pour fouiller le mental de cet homme à la dérive, et cela pourra en rebuter certains, de la même façon que d’autres y verront un roman culte. Inutile de vous dire qu’en lisant ce roman, j’ai eu l’impression de découvrir un énorme auteur, malheureusement injustement reconnu et trop peu traduit en France. Je ne peux que vous recommander cette lecture incroyablement forte et vraie, pour peu que vous aimiez les romans psychologiques.

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2 mars 2014 7 02 /03 /mars /2014 18:19
Oldies : La guerre des nains de Danielle Thiery (Belfond)

Cela faisait un petit moment que je voulais découvrir un roman de Danielle Thery, car je voyais ses ouvrages dans les librairies, sans arriver à me décider sur un titre. Alors j’ai choisi un titre qui est sorti en 1997, et qui a été réédité chez Belfond en juin 2013. Plongée crue dans les banlieues parisiennes.

L’auteur :

Danielle THIERY est née en Cote d’Or en 1947. L’ une des premières femmes de la police française à avoir accédé au grade de commissaire divisionnaire, elle a suivi une carrière multiforme, s’intéressant aux mineurs en danger, aux stupéfiants, au proxénétisme, en passant par la police criminelle et la lutte antiterroriste ciblée sur le transport aérien et ferroviaire.

Elle a écrit pour la série télévisée Quai n° 1 (France 2). Elle est l’auteur de 17 ouvrages : polars, romans policiers jeunesses, documentaires. Elle a été récompensée par plusieurs prix polar à Cognac, prix Exbrayat … Elle a notamment obtenu le Prix du Quai des orfèvres 2013 pour son roman Des clous dans le cœur (Fayard)

(Source www.Zonelivre.fr)

Quatrième de couverture :

Quand son pote Olive s'écroule en pleine partie de paint-ball, Biboul croit d'abord que le jeu continue. Mais il s'aperçoit que l'autre est en sang et il file chercher des secours... A son retour, Olive a disparu. Embarqué par qui ? La petite bande de copains est effarée mais tétanisée. L'enlèvement aurait-il à voir avec la cachette d'armes qu'ils ont découverte récemment, dans une précédente partie ? Ils n'imaginaient pas, alors, qu'ils étaient les témoins de quelque chose qu'ils n'auraient jamais dû voir, et se retrouveraient mêlés à des trafics glauques entre leaders islamistes, policiers véreux, et un couple de jeunes ados de leur âge qui se la jouent Bonnie & Clyde : Fleur et Antony... mais vont eux aussi être dépassés par leur jeu. Olive se retrouve enfermé dans une cave avec Fleur, elle aussi embarquée par la mystérieuse bande après une course-poursuite meurtrière qui coûte la vie à Antony.

Une descente aux enfers qu'un inspecteur désespéré, Le Guénec, va accompagner avant d'en dénouer les fils, avec l'aide d'un gosse, Jamal, dit Jaja, fou de vélo et de sa cousine Naïma, et prêt à tout pour la sortir des griffes de la bande d'islamistes qui gravitent autour de son frère, Sélim. Ultra-violence, amour à mort, mais aussi amour tout court et profonde humanité sont les ressorts de ce polar dense, imbriqué dans une actualité complexe qu'il n'hésite pas à affronter sans tabous.

Mon avis :

Ce deuxième roman de l’auteure a été écrit à la fin des années 90, et veut montrer, à travers une intrigue à plusieurs personnages, un état de fait de la montée de l’intégrisme. De trois faits divers ayant lieu simultanément, une partie de paint-ball qui se termine mal, une attaque d’un commissariat qui se termine par le vol d’une voiture de police et d’armes, et une attaque de fourgon blindé, Danielle Thiéry alterne les points de vue et nous malmène grace à une style rapide et sec.

L’auteure nous concocte donc un roman où tout va très vite (l’intrigue se déroule sur moins d’une semaine) et déroule son scenario sans prendre position et en restant très factuelle. Cela donne donc un roman où on est plus proche du roman d’action que du roman policier ou du roman social. Et comme il se doit, cela se lit vite, très vite.

Le seul bémol que j’y apporterai, c’est que j’aurais aimé des personnages mieux dessinés, et surtout que l’on cherche à nous proposer une explication sur le fait qu’à cette époque-là, des jeunes se sont enrôlés dans une guerre qui n’était pas la leur. Peut-être n’y a-t-il pas de raison, mais ce sont des questions qui m’interpellent et auxquelles je n’arrive pas à trouver de raison.

Donc, ceux qui cherchent un roman d’action réaliste, qui va vite, situé dans un contexte contemporain difficile de l’intégrisme savent ce qu’il leur reste à faire : Lire la guerre des nains. Mais il ne faut pas demander plus à ce bon polar qu’une intrigue rigoureuse et bien menée.

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2 février 2014 7 02 /02 /février /2014 18:10
Oldies : Les enquêtes du commissaire Léon 3 / 4 de Nadine Monfils (Belfond)

Les éditions Belfond ont l’heureuse initiative de rééditer les enquêtes du commissaire Léon et j’avais eu l’occasion de chroniquer le premier tome. Voici la suite des enquêtes de ce commissaire hors du commun, qui tricote sur son lieu de travail depuis qu’il a arrêté de fumer, et qui est affublé d’un chien qui ressemble plus à une pantoufle endormie qu’à un représentant de l’espèce canine. Bien avant les aventures de Mémé Cornemuse, Nadine Monfils écrivait de somptueux polars drôlissimes.

L’auteur :

Mariée, mère de deux enfants, Nadine Monfils a enseigné la morale et consacre la plus grande partie de son temps à l'écriture. Elle s'est essayée à tous les genres : poésie (douze prix), théâtre, bande dessinée (un projet de scénario Chloé avec Malik), roman, nouvelle... Le théâtre fait beaucoup appel à elle puisqu'elle a elle-même joué dans des pièces en wallon brabançon au Cercle d'Effort d'Ottignies. Parmi ses amitiés littéraires, il faut notamment citer Thomas Owen avec qui elle partage un goût certain pour le fantastique.

Donnant des cours d'écriture au Parallax (école de comédiens) en compagnie de Georges Thinès et Pascal Vrebos, à l'U.E.E. (Université européenne d'écriture créative et audiovisuelle), elle rédige également les chroniques littéraires dans Père Ubu, journal satirique belge, pendant dix ans.

Elle a dirigé une galerie d’art, pendant 7 ans, à Bruxelles et a été comédienne. Elle a travaillé avec le cinéaste Walerian Borowczyk. Elle fut également critique de cinéma dans Tels Quels (revue homosexuelle). Elle a également animé des ateliers d’écriture dans les prisons (notamment à Rouen). (Source Wikipedia)

Il neige en enfer

Arnaud Rastignac, richissime industriel, meurt dans un accident de voiture, laissant derrière lui une famille de fêlés... Sa femme Jacqueline passe sa vie à coudre des paillettes partout, le pépé dans son fauteuil roulant ne pense qu'à se taper la bonne Paula, la belle-fille ressemble à Miss Piggy ; Alice l'aînée, fait de la magie noire et Momo, complètement zinzin, promène son lapin empaillé... Lou, la seule qui ait bien tourné, est hôtesse dans un bar à Pigalle. Elle a pour fidèle client le commissaire Léon. S'il avait su dans quel panier de vipères il mettait les pieds, il serait resté chez sa maman à tricoter un paletot pour son chien !

Le silence des canaux

le commissaire Léon est parti en vacances. Oh pas loin ! Il a loué un bateau, pris son tricot, ses pelotes de laine, ses aiguilles et son chien Babelutte et il navigue au fil de l'eau sur le canal de l'Ourcq. Et voici le premier mort... suivi de bien d'autres. Comme si le criminel s'amusait à suivre le commissaire Léon à la trace et à semer des cadavres sous ses pieds. Et quels cadavres ! Chacun a le visage proprement découpé au bistouri et arraché. Et puis il y a cette petite fille qui vit dans une cabane avec sa grand-mère ; cette péniche abandonnée remplie d'instruments de torture ; la maison du Diable avec ses chats de pierre... On se croirait dans un conte de fées. Mais un conte de fées noir, noir !

Mon avis :

Dans Il neige en enfer, l’anniversaire de Arnaud Rastignac va déclencher toutes sortes de meurtres et surtout mettre à jour les obsessions les plus viles et basses d’une bande de cinglés. Nadine Monfils, avec la verve qu’on lui connait va peaufiner ses dialogues et ses situations abracadabrantesques pour nous offrir un très bon moment de comédie noire, à base de rebondissements et de dialogues savoureux. A la limite, Momo, le fils attardé qui promène son lapin empaillé pour lui faire faire ses besoins, parait le plus sain d’esprit et le moins dangereux. Vous l’aurez compris, tout cela n’est pas bien sérieux, mais c’est fou ce qu’on est surpris par la créativité de l’auteure à nous surprendre et à dégotter des idées toutes plus drôles les unes que les autres. De l’excellent divertissement en somme.

Les enquêtes du commissaire Léon se suivent et ne se ressemblent pas. C’est ce qui me vient à l’esprit avec Le silence des canaux. Au flingage en règle de la précédente histoire, Nadine Monfils nous concocte une histoire policière plus classique avec ce Silence des canaux. Le scenario est bien blindé, notre commissaire Leon se retrouve en vacances sur une péniche, arpentant le canal de l’Ourcq et a affaire à une histoire de meurtres en série. Il va se retrouver confronté à un assassin en fuite de Fleury Mérogis et à une petite fille muette.

Les pistes vont être nombreuses, et l’auteure va nous amener petit à petit vers un dénouement imprévisible. Evidemment, on y retrouve le décalage des dialogues savoureusement humoristiques, cet humour noir politiquement incorrect, avec des passages hilarants. Rien que le personnage de Ginette, la mère du commissaire, qui achète des gadgets inutiles sur L’Homme Moderne, le catalogue qu’elle a trouvé dans son Télé 7 jours, vaut le détour pour une franche rigolade. Quand Nadine fait du Monfils, cela donne un excellent épisode des enquêtes du commissaire Léon.

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1 décembre 2013 7 01 /12 /décembre /2013 18:51
Oldies : Nu dans le jardin d’Eden de Harry Crews (Sonatine)

Attention coup de cœur, gros coup de cœur ! Moi qui n’ai jamais lu de roman de Harry Crews, me voilà bien servi, avec cette publication inédite en français, un roman qui n’est pas forcément facile à appréhender mais qui recèle pour celui qui le lira des sources inépuisées et inépuisables de réflexion. Un grand merci donc à Sonatine pour avoir découvert cet inédit. Et si vous cherchez des romans de cet auteur à lire, allez donc du coté de chez Jean Marc qui nous en conseille pas mal.

L’auteur :

Après une enfance marquée par les conditions de vie difficiles dans le Sud rural et de graves problèmes de santé, Harry Crews s’engage à 17 ans dans le corps des Marines, où il passera trois années. Il intègre ensuite l’université de Floride pour des études d’anglais, qu’il interrompt en 1956 pour une virée de 18 mois en moto à travers les États-Unis. Il exercera jusqu’en 1997 comme enseignant d’anglais dans plusieurs écoles et universités de Floride.

Harry Crews, qui décide de devenir écrivain quand il découvre la littérature lors de son service dans les Marines, devra attendre 1968 pour voir son premier ouvrage publié (The Gospel Singer). Il publie ensuite régulièrement des romans, nouvelles, articles et reportages (notamment pour les magazines Playboy et Esquire dont il fut un contributeur régulier). Le récit de son enfance en Géorgie A Childhood : The Biography of a Place est considéré par l’écrivain James Crumley comme «peut-être le meilleur livre de la littérature américaine contemporaine».

Les romans de Harry Crews, caractérisés par un ton nerveux et ironique, plongent leurs racines autant dans le genre Redneck que dans le roman noir et la littérature gothique. Peuplés de paumés, de monstres, de désespérés, ils forment une fresque grotesque et saisissante sur le thème de l’Amérique profonde.

Crews apparaît au cinéma dans le film de Sean Penn, The Indian Runner, dans le rôle de M. Baker. Son roman The Hawk is Dying est adapté en film par Julian Goldberger sous le titre Dressé pour vivre en 2006.

Harry Crews s'éteint en 2012 à l'âge de 76 ans.

(Source Wikipedia)

Oldies : Nu dans le jardin d’Eden de Harry Crews (Sonatine)

Quatrième de couverture :

Garden Hills a connu des jours heureux. À l’époque où Jack O’Boylan, un magnat de l’industrie, a fait construire le village au fond d’une mine de phosphate qu’il a découverte et exploitée. Travail assuré, salaire, sécurité. Puis, les hommes de Jack ont quitté la place. Le créateur a abandonné sa création, la mine a fermé, les habitants ont déserté le village.

Seules une douzaine de familles ont résisté, constituant une véritable cour des Miracles qui vit aujourd’hui encore dans l’espoir du retour de Jack O’Boylan. Le village pourrait néanmoins renaître seul de ses cendres grâce à Fat Man, qui a hérité de son père, propriétaire des terrains avant la construction de la mine, une incroyable fortune. Mais personne n’attend plus rien de lui : Fat Man est un obèse qui passe son temps reclus dans sa maison à ingérer d’énormes quantités de nourriture en ignorant le monde extérieur. Reste Dolly, une ancienne reine de beauté, dont le souhait le plus ardent est de convertir Garden Hills à la modernité, c’est-à-dire au tourisme et à la débauche. Rapports de forces, manigances amoureuses et sexuelles, trahisons et machinations ... Dolly ne lésinera sur rien pour abattre les vieilles idoles et mener son projet à bien.

Quelque part entre Samuel Beckett et Jim Thompson, Harry Crews nous offre avec l’histoire de ces marginaux perdus dans une ville fantôme une interprétation saisissante de la Chute originelle. On trouve dans ce roman, le deuxième de l’écrivain, publié aux États-Unis en 1969 et jusqu’ici inédit en France, la noirceur, l’humour et la compassion qui ont fait le succès de Body, Car ou encore La Foire aux serpents.

Mon avis :

Quel choc ! Vous en connaissez beaucoup des romans où vous vous arrêtez sur des phrases pour la relire plusieurs fois tant elle est évocatrice ? Cela peut vous arriver une fois dans un roman, oui ! Mais quand c’est à toutes les pages, quand à chaque fois, une image s’impose à votre regard, d’une évidence rare, vous savez que vous tenez là un roman hors du commun. Je ne veux même pas parler de chef d’œuvre, mot que je n’emploie jamais, mais de grand, d’immense roman. Peu importe que l’on parle de polar ou de roman noir, Nu dans le jardin d’Eden est un grand roman.

Harry Crews nous décrit une ville imaginaire perdue au milieu du désert. Jack O’Boylan a construit cette ville en croyant trouver du phosphate et, par dépit, il est parti. Son fils, Fat Man, 280kg au compteur vit sur une colline qui surplombe la ville. Il fait vivre cette ville de douze familles et ne sort jamais de chez lui. Tout le monde espère le retour de Jack O’Boylan, mais a-t-il seulement existé ?

J’ai déjà parlé du style, mais je peux aussi parler des thèmes abordés. Toutes ces petites gens courent après un espoir, une idée du bonheur, et se laissent emporter dans les rêves de Dolly d’amener les touristes à Garden Hills avec des attractions futiles. Quand on lit ce roman, on pense à En attendant Godot de Samuel Beckett mais aussi à n’importe quelle ville d’aujourd’hui, dévastée par la crise qui essaie de survivre par le tourisme. Mais au-delà de ça, on peut y voir une peinture de la société moderne, avec ses strates, ses différences, ses aspirations, son avenir. Un roman visionnaire !

Si vous n’êtes pas encore convaincu par ce que je viens d’écrire, sachez que le dernier chapitre est le meilleur et le plus beau chapitre que j’aie jamais lu, qu’il me reste encore en mémoire, qu’il a hanté plusieurs de mes nuits jusqu’à m’en faire faire des cauchemars. Enfin, ne ratez pas les avis de Claude et de Jean Marc, ce dernier nous donnant des titres de cet auteur parmi ceux qu’il a préférés. Bref, si je devais donner un adjectif à ce roman, ce serait : Magnifique, extraordinaire, visionnaire, biblique, coup de cœur !

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3 novembre 2013 7 03 /11 /novembre /2013 18:23
Oldies : Un petit boulot de Iain Levison (Liana Levi – Piccolo)

Iain Levison, c’est un auteur que je n’ai jamais lu, alors que j’ai tous ses livres chez moi. La réédition de Un petit boulot pour fêter le numéro 100 de la collection de poche Piccolo de Liana Levi est une bonne occasion de commencer à découvrir l’œuvre de cet écrivain. Ce roman est sorti aux Etats Unis en 2002 sous le titre Since the layoffs (littéralement Depuis les licenciements), et en France en 2003. C’est un roman toujours d’actualité, d’une modernité incroyable. Un grand merci à Amélie et mon dealer de livres Coco.

L’auteur :

Après avoir vécu avec sa mère célibataire dans un taudis d’Aberdeen, il part vivre aux Etats-Unis en 1971. Il poursuit sa scolarité à Philadelphie, où il évolue dans les quartiers huppés de la ville. Il retourne en Angleterre pour effectuer son service militaire, mais supporte très difficilement son affectation en Afrique de Sud. De retour à Philadelphie (après 10 mois de chômage à Glasgow), il monte sans succès une société de cinéma, puis devient travailleur itinérant. Pendant 10 ans, il enchaine ainsi des dizaines de petits boulots. Cette longue expérience lui inspire un récit autobiographique. (Source Dictionnaire des littératures policières)

Quatrième de couverture :

Une petite ville américaine ravagée par la fermeture de l’unique usine. Un héros qui perd non seulement son travail, sa télé, son aspirateur, mais aussi sa petite amie. Pour ne pas perdre aussi sa propre estime, il est prêt à accepter n’importe quel «petit boulot», y compris celui qu’un bookmaker mafieux, lui propose… Un portrait au vitriol de l’Amérique des laissés-pour-compte.

Mon avis :

Ce roman est écrit à la première personne du singulier, au présent. On y suit Jake Skowran qui habite dans une petite ville des Etats Unis, ravagée par le chômage depuis que la seule usine du coin vient de fermer ses portes pour délocaliser le travail au Mexique. Jake essaie de survivre en vivant du peu que lui versent les assurances chômage. Depuis, il a été obligé de vendre sa voiture, s’est séparé de sa copine, et a arrêté son abonnement au câble. Petit à petit son appartement se vide, et il lui reste tout juste assez d’argent pour payer son loyer. Alors parfois il parie sur les matches de football.

Son pote de toujours Tommy lui propose un poste de caissier de nuit dans la station service Gas’n’Go, payé 6 dollars de l’heure, de quoi s’acheter à manger. Puis Ken Gardocki, le dealer de drogue et bookmaker lui propose un marché. Si Jake tue la femme de Ken, il sera payé 5000 dollars. Jake accepte et s’aperçoit même qu’il aime ça. Il va devenir le tueur attitré de Ken.

De ce roman, je retiendrai la rage de Jake et l’intrigue décalée, à la limite de l’humour cynique. Car ce personnage est bigrement marquant, et on suit ses pensées à propos de tout et de rien, mais avec une lucidité moderne et actuelle. Alors si l’intrigue et les différents meurtres qu’il doit réaliser est la trame du roman, elle devient vite secondaires devant certaines scènes dont qui sont frappantes. Je vous citerai par exemple celle d’un salarié de sa banque qui lui dit qu’il est au courant qu’il est sans travail mais qui veut savoir quand il va rembourser son découvert.

La morale de ce roman force à réfléchir, tant elle est comiquement amorale. L’auteur dénonce la course aux profits des entreprises, rendant la société amorale, rendant les gens toujours plus individualistes. Le personnage principal est en rage, et comme la société est amorale, il ne se pose pas de questions et justifie ses actes par sa survie dans une société inhumaine. Avec ce roman, Iain Levison fait une entrée fracassante dans le monde du roman noir, et au travers d’une intrigue amusante, se pose en porte parole des laissez pour compte, des oubliés du Rêve Américain. Ce roman est une lecture importante, d’une actualité confondante.

Oldies : Un petit boulot de Iain Levison (Liana Levi – Piccolo)
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2 octobre 2013 3 02 /10 /octobre /2013 17:04
Oldies : L’instinct maternel de Barbara Abel (Masque poche)

Dans la rubrique Oldies de ce mois, voici un auteur qui écrit de très bons polars psychologiques. Quoi de mieux que de lire son premier roman, qui vient d’être réédité aux éditions du Masque dans la collection Masque Poche. Barbara Abel a récemment connu un beau succès avec son dernier roman en date Derrière la haine.

L’auteur :

Après des cours en théâtre suivis à 15 ans à l'Académie d'Etterbeek, elle étudie à l'Université libre de Bruxelles où elle obtient une licence en philologie romane. Elle s’inscrit ensuite à d’interprétation à l’École du Passage de Paris, puis exerce un temps le métier de comédienne et participe à des spectacles de rue.

À 23 ans, elle écrit sa première pièce de théâtre, L'Esquimau qui jardinait, qui est montée avec succès sur des scènes bruxelloises et au Festival de théâtre de Spa. Elle se lance peu après dans l'écriture, publie quelques textes dans différentes revues et, en 2002, un premier roman policier, L'Instinct maternel, lauréat du Prix du roman policier du festival de Cognac. Elle fait ensuite paraître d'autres récits de suspense qui ont évoque souvent des milieux familiaux étouffants où germent délits et folie.

Elle assure également des chroniques culturelles diffusées sur Arte Belgique.

(Source Wikipedia)

4ème de couverture :

Richard et Jeanne Tavier jouent, depuis de nombreuses années, la comédie du bonheur parfait dans le milieu huppé qu'ils fréquentent. Leur agressivité et leur mépris sont renforcés par le fait qu'ils n'ont jamais pu avoir d'enfant. Edwige, la confidente de Jeanne, l'aide de son mieux en lui procurant conseils et tendresse. Un soir, celle-ci débarque chez elle et lui annonce que Richard s'est rompu le cou en tombant dans l'escalier. Edwige n'est pas dupe mais couvre son amie en l'assurant de son silence. À l'ouverture du testament, le notaire annonce à la veuve que Richard lègue sa fortune à une inconnue. Blessée et dépitée, Jeanne transforme son ressentiment en une boule de fiel qui lui fait perdre la raison. Décidée à retrouver la femme qui a hérité à sa place, elle a bien l'intention de la supprimer.

Mon avis :

Voilà un roman psychologique épatant. Découpé comme les neuf mois d’une grossesse, il va montrer la mécanique implacable d’un esprit totalement malade, celui de Jeanne, prête à n’importe quoi pour récupérer l’argent de l’héritage de son mari. Oscillant entre horreur et huis-clos, la magie du style de l’auteur nous entraine dans les bas-fonds de l’ame humaine, avec une maestria qui force le respect. Ce qui est remarquable, c’est la précision de l’écriture, cette obsession de la bonne expression, et la faculté de construire des décors très explicites.

Et si je regrette juste que tout le roman ne soit pas centré sur Jeanne, c’est un roman idéal pour rentrer dans l’univers de cette auteure qui sait à la fois construire une intrigue impeccable, mais en plus faire ressentir au lecteur les fortes émotions, en utilisant notre fibre humaine et sensible. Quand un esprit est incapable de ressentir le moindre sentiment, qu’il est renfermé sur lui-même, cela donne des scènes d’une force incroyable. Une lecture indubitablement forte et marquante à ne pas rater.

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