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30 décembre 2012 7 30 /12 /décembre /2012 18:17

Avant de commencer, je vous souhaite à tous une excellente année 2013 en avance. Que tous vos vœux les plus fous se réalisent. Après tout, on est déjà passés au travers de la fin du monde, alors !

PikePeut-être vous attendiez vous à un suspense insoutenable, pour que je vous dévoile le titre du chouchou du mois de décembre 2012 ? Eh bien, non ! Je vais vous le dire tout de suite ! Il s’agit de Pike de Benjamin Withmer, publié aux éditions Gallmeister.


Et comme il s’agit de mon dernier billet de l’année, c’est l’occasion de revenir sur cette année 2012, formidable en terme de lectures et de découvertes. Une année avec 7 coups de cœur, ça se fête ! Alors, pour mettre un peu d’humour et pour rappeler les bons souvenirs, voici un petit exercice de distribution de palmes :


Monsieur le commandantPalme spéciale du jury (c’est moi !) : Monsieur le commandant de Romain Slocombe (NIL éditions) et Le diable tout le temps de Donald Ray Pollock (Albin Michel)

Palme de la constance parfaite : Au lieu-dit Noir-Etang de Thomas H. Cook (Seuil Policiers)

Palme du plus sportif : Balancé dans les cordes de Jérémie Guez (La Tengo)

Palme de la téléréalité : Trash circus de Joseph Incardona (Parigramme)

Palme de l’ambiance subtile : Une femme seule de Marie Vindy (Fayard noir)

Palme du nombre de pilules avalées en une minute : Toxic Blues de Ken Bruen (Folio Policier)

Palme de l’adolescence : La fin de l’innocence de Megan Abbott (Jean Claude Lattès)

Palme de la chute finale : L'apparence de la chair de Gilles Caillot

Diable tout le tempsPalme de la tendresse : Le crépuscule des gueux de Hervé Sard

Palme du canard : La petite fêlée aux allumettes de Nadine Monfils

Palme de l’amitié : Anges déchus de Gunnar Staalesen

Palme sud-américaine : Mapuche de Caryl Ferey

Palme nord-africaine : Les violents de l'automne de Philippe Georget

Palme spéciale tontons flingueurs : Les particules et les menteurs de Samuel Sutra

Palme noire : Un petit jouet mécanique de Marie Neuser

Palme spéciale Margaret Thatcher : Sale temps pour le pays de Michael Mention

Palme spéciale Petite Souris : Le monde à l'endroit de Ron Rash

Afin d’en terminer une bonne fois pour toutes avec l’année 2012, je vous remercie de passer par ici, de laisser des commentaires, de partager vos avis. 2013 promet d’être chargée aussi, en terme d’attentes de lectures et de découvertes, alors à très bientôt. Bonne année à tous, et n’oubliez pas : lisez !

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26 décembre 2012 3 26 /12 /décembre /2012 19:04

Vierge africaineJe vous avais parlé il y a quelque temps de l’arrivée d’une nouvelle collection de romans noirs et thrillers, édités par Prisma. Voici un de ces titres, qui a toutes les qualités d’un bon page turner, et que j’ai dévoré avec beaucoup de plaisir.

Caroline Kayser travaille chez Dana Oil, une entreprise danoise d’exploitation du pétrole. Evidemment, Dana Oil a du mal à passer au travers de la crise financière. Un plan social est à envisager, mais les salariés ne savent pas sur qui cela va tomber. Elle travaille au Corporate Social Responsability & Communication, le service chargé de l’éthique de la société. Justement, elle vient de recevoir un mail de son chef Markvart la conviant à une réunion à 16H. Lors d’un déjeuner à la cantine avec son collègue des DRH Viktor, il lui confirme qu’il y a des listes mais qu’elle fait partie de celle des « Peut-être viré ». Donc, le rendez-vous de 16H ne peut pas être pour la virer.

Effectivement, Markvart lui demande d’accepter une mission au Kenya, où ils sont en train de chercher du pétrole. Leur antenne là-bas est dirigée par un dénommé John Hansen, un vieux de la vieille qui lui mènera la vie dure. Le problème ? Une dénommée Mama Lucy accuse Dana Oil de faire du mal à son village, Asabo. Dans cette situation, Caroline ne peut qu’accepter cette mission. Sur une des dernières lettres de Mama Lucy est écrit : « Un homme blanc enlève des petites filles à Asabo. Elles disent qu’il leur fait de mauvaises choses. »

Caroline n’a d’autre choix que d’accepter cette mission imprévue. Effectivement, John Hansen se révèle arrogant, voire menaçant puisqu’il termine leur entrevue en lui interdisant d’aller à Asabo sinon … Le problème, c’est que peu de temps après l’arrivée de Caroline, Mama Lucy est retrouvée assassinée …

Prenez une femme plutôt sympathique, empêtrée dans ses problèmes personnels, et obligée de prendre une mission suicide dans un pays dont elle ne connait rien. Accumulez les problèmes, sans aucune issue, jetez là en plein milieu d’un marasme qui va vite s’avérer un brouillard inextricable, et vous aurez quelques règles pour construire une intrigue de page-turner.

Sauf qu’il faut quand même savoir écrire des situations, des personnages, sans en faire trop, mais en étant juste descriptif comme il faut. Eh bien, je me suis laissé prendre au jeu de ce roman, parce que justement, le sujet, parfois gros, trop gros m’a intéressé et parce que c’est tout de même bien écrit. Il y a ce je ne sais quoi qui m’a accroché. Pour vous dire, j’avais à peine relevé la tête du bouquin que j’en étais déjà à la page 200.

Si le roman est centré sur quelques personnages, les chapitres alternant entre Caroline, John Hansen et Sally une petite fille qui s’est fait violer, quelques descriptions par ci par là nous immergent dans le Kenya d’aujourd’hui (des villages aux bidonvilles). Et si j’en aurais aimé un peu plus, je dois dire que ce n’était pas lourdingue à lire loin de là.

Arrivé à 100 pages de la fin, on finit par connaitre le nom du coupable. Et c’est là que Helle Vincentz décide de vous prendre à la gorge. Car les dernières pages vont tomber dans une noirceur implacable. Alors que l’on était gentiment emmené tout au long de l’intrigue, les émotions de la fin sont d’autant plus fortes. Vous espériez un Happy end ? Mais comment peut-il en être ainsi avec un tel sujet ? Voilà un roman remarquablement bien fait car il remplit sa fonction : Faire du divertissement en ouvrant les yeux du lecteur. Mission remplie pour moi, en tous cas.

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23 décembre 2012 7 23 /12 /décembre /2012 19:03

Mort du scorpionVoici la deuxième lecture des romans de Maurice Gouiran, en ce qui me concerne. Et encore une fois, je suis emballé par la façon de construire l’intrigue, et par les sujets abordés. Bref, voici un très bon polar pour ouvrir bien grands les yeux du lecteur.

Les deux personnages principaux sont Clovis Narigou, journaliste à la retraite toujours prêt à se lancer dans une enquête, surtout quand on lui demande gentiment. Ici, c’est Emma Govgaline, fliquette, qui lui apporte une affaire violente : un corps a été retrouvé brulé attaché à une chaise, une mort atroce qui mérite une explication. Et quand c’est la belle et torride Emma qui demande, Clovis ne peut que se jeter dans cette enquête à corps perdu.

Ce qui peut apparaitre comme un règlement de comptes, recèle des mystères. Déjà, le meurtre, ou plutôt l’exécution, a été filmée et le DVD est arrivé au poste de police. Clovis va vite arriver sur la piste d’une de ses connaissances, un peintre renommé et nommé JAD, dont le succès sur le marché de l’art est aussi soudain que foudroyant. JAD est hébergé par un trouble milliardaire russe, M.Sacha.

M.Sacha s’avère être en contact avec une comtesse hongroise, qui propose au monde entier des œuvres de grands peintres, ainsi que les tableaux de JAD. Il n’est pas sur du tout que les tableaux qu’elle propose soient de vrais, ceux-ci arrivant de l’ancienne Yougoslavie. Et c’est là que l’enquête se complique pour nous plonger dans un monde qui a connu l’un des pires massacres du vingtième siècle.

Maurice Gouiran nous propose une nouvelle fois de revisiter une période de l’histoire contemporaine que beaucoup aimeraient oublier, à commencer par les ex-yougoslaves eux-mêmes. Car, à partir du trafic d’œuvres d’art, dont il nous démonte tous les rouages et les magouilles, il lance son sujet de façon brutale, nous assénant des vérités et des descriptions qui ressemblent à s’y méprendre à des témoignages.

Car outre que c’est très bien écrit et que les dialogues sont remarquables, Maurice Gouiran écrit du polar intelligent qui rend plus intelligent. La méthode utilisée est la même que dans Train bleu, train noir, deux événements (un passé et un présent) sont mis en parallèle. Ici, le meurtre va découvrir des pans des massacres de Srebenica.

Et si parfois je regrette que l’enquête soit un peu trop linéaire, les passages décrivant ce que le peuple yougoslave a subi, qu’il soit serbe croate ou musulman ou que-sais-je, font froid dans le dos. Et si, bien installés dans notre fauteuil tels que nous sommes, nous sommes au courant dans les grandes lignes de l’horreur qui a eu lieu là-bas, ce roman nous montre par le détail le parcours d’un des personnages qui rend plus humaine, voire humaniste la démarche de l’auteur et plus inhumaine l’attitude de certains hommes.

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19 décembre 2012 3 19 /12 /décembre /2012 18:58

MunitionsAlors, ça y est ! Gallimard nous rejoue le coup de : « c’est le dernier roman de la série ». Ils nous avaient déjà fait ça avec Jack Taylor, j’y avais cru, mais là, j’ai du mal à y croire, tant on a l’impression que Ken Bruen s’imprègne de ses personnages et semble s’améliorer à chaque roman de R&B. Alors, je suis allé voir sur le site de Monsieur Ken Bruen, et je n’y ai rien trouvé qui puisse laisser croire que Munitions est le dernier R&B. Ouf !

Bref, voici donc, en cette fin 2012, ma deuxième lecture de Ken Bruen après Le démon paru chez Fayard, et voici une deuxième très bonne lecture. Munitions est aussi la septième enquête du duo londonien Roberts et Brant (d’où R&B), et surtout l’occasion de creuser la psychologie des flics qui constituent ce commissariat. Car ce cycle, c’est avant tout une dizaine de flics que Ken Bruen va suivre, au travers des enquêtes qui n’en ont que le nom, puisque ce cycle est avant tout une occasion de s’amuser et de lire des dialogues drôles et  truculents.

L’événement principal de ce septième volume et qui va constituer la colonne vertébrale de ce roman est l’agression de Brant. Alors qu’il déprimait dans un bar après l’annonce de la mort de son idole Ed McBain, Brant s’est en effet pris plusieurs balles de la part d’un homme qui est entré et ressorti du bar sans aucune raison apparente. Brant étant adoré par tout le monde (Hum, Hum), tout le monde le lui rend bien et regrette que Brant ne soit pas mort. Seuls Porter Nash, le flic homosexuel et Roberts vont mener l’enquête.

La Grande Bretagne est aussi empêtrée dans la protection contre des actes terroristes, et c’est la raison pour laquelle un spécialiste américain Wallace les assiste, mais celui-ci se révèle un peu encombrant. Alors que Falls vient d’obtenir son grade de sergent et tente de résoudre une affaire de Happy slapping (une personne en gifle une autre sans raison, prend une photo du visage ahuri et la publie sur le net), McDonald, le nul du commissariat, shooté jusqu’aux amygdales, va monter une milice privée de retraités.

Bref, comme vous le voyez, les histoires sont nombreuses, les rebondissements constants et les situations de fort mauvais gout et cyniquement drôles. Et j’ai l’impression que plus les enquêtes défilent, plus Ken Bruen laisse la place à ses personnages, s’amuse à déstructurer son intrigue pour les laisser s’épancher ; plus l’amusement qui était la motivation première de cette série laisse la place à une photographie de la société actuelle bien inquiétante où les traders deviennent les assassins de demain. Et que tous les flics de ce commissariats s’avèrent être des munitions hors de tout contrôle. Attention, ça dérape !!!

J’ai une impression : C’est que petit à petit Ken Bruen s’amuse avec ses personnages, qu’il se fait même dépasser par ce qu’il a créé. Une chose est sure, c’est qu’il prend un énorme plaisir à jouer avec sa création, comme un enfant joue avec ses figurines, que sa narration n’a jamais ou rarement été aussi fluide claire et limpide, et que le plaisir pour le lecteur est total, jouissif, explosif.

Alors je devrais vous conseiller de les lire dans l’ordre, mais ce n’est pas ce que j’ai fait. Alors faites comme moi, lisez les … mais dans l’ordre que vous voulez. Il m’en reste 3 à lire, et je vais les lire petit à petit. Il s’avère juste que ce sont des livres très distrayants à lire, mais tout de même courts. Je vous conseille donc de les lire plutôt en format de poche. Voici donc, en plus de celle-ci, la liste des enquêtes R&B :

Le gros coup (2004, Folio, traduction de Marie Ploux et Catherine Cheval)

Le mutant apprivoisé (2005, Folio, traduction de Catherine Cheval et Marie Ploux)

Les Mac Cabés (2006, Série noire Gallimard, traduction de Marie Ploux et Catherine Cheval)

Blitz (2007, Série noire Gallimard, traduction de Daniel Lemoine)

Vixen (2008, Série noire Gallimard, traduction de Daniel Lemoine)

Calibre (2011, Série noire Gallimard, traduction de Daniel Lemoine)

 

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16 décembre 2012 7 16 /12 /décembre /2012 18:24

Bonne pioche pour ce roman policier venu du froid, et découverte d'un nouvel auteur et d'un nouveau personnage récurrent, à classer dans les romans psychologiques.

Présentation de l’éditeur :

Derrière les rempartsEn Suède, au bord de la Baltique se cache sur l’île de Gotland la vieille cité de Visby, où chaque été se tient le célèbre festival médiéval. Mais, derrière les remparts de la ville, de mystérieuses lueurs transpercent les marécages et les cabanes de pêcheurs pourraient abriter d’anciens secrets. Wilhem Jacobsson meurt un soir dans une rixe qui l’oppose à un homme étrange, et sa femme Mona est témoin de la scène. Témoin ou complice ?

L’enquêtrice Maria Wern, aidée de deux acolytes venus du continent, va se pencher sur l’affaire. Qui aurait pu souhaiter la mort de Wilhem, et pourquoi ? Un de ses fils ? Son plus proche voisin ? Un festivalier ? La belle Birgitta, troublante femme-enfant errant au milieu des ruines, ne dissimule-t-elle rien derrière son apparente innocence ?

Derrière les remparts, (Silverkronan), s’est vendu à plus de 50 000 exemplaires en Suède et a donné lieu à une adaptation pour la télévision suédoise.

Mon avis :

La première impression à la lecture de ce roman fut de lire une enquête de Colombo version féminine.  Car dès le début du roman, on connaît l’identité de l’assassin, ou du moins de sa complice. L’intérêt de ce roman ne se situe donc pas dans la découverte du meurtrier, mais plutôt dans la psychologie des personnages et dans la description du paysage de l’ile de Gotland. Il faut donc s’attendre à un rythme lent, aussi bien dans l’avancement de l’enquête que dans la description des personnages.

C’est donc un polar psychologique auquel il faut s’attendre, qui peut s’apparenter à un huis-clos, qui va prendre son temps pour poser ses personnages, pour plonger le lecteur dans l’ambiance médiévale de cette cité de Visby. Les dialogues, remarquablement bien faits peuvent occuper un chapitre entier, les descriptions des fêtes plusieurs pages. Bref, n’allez pas y chercher de course poursuite effrénée,

Les chapitres sont courts, passant de Maria à Mona et la lecture est rapide grâce au style efficace de l’auteur. Mais l’auteur met au premier plan Mona, jeune femme à la vie difficile, ballotée entre un père handicapé insultant et un mari qui l’ignore. On arrive à éprouver de l’empathie pour un témoin de meurtre. Et puis il y a tous les autres personnages, apparaissant petit à petit, qui se révèlent de plus en plus complexes au fur et à mesure que l’on progresse dans l’histoire. On a l’impression d’avoir à faire à des gens qui se protègent derrière leurs propres remparts, cachant leurs secrets et leurs propres ressentiments. Assurément, ce roman s’avère une belle découverte, au succès mérité en Suède, et nous montre une nouvelle fois que le polar scandinave sait sortir des sentiers battus et nous proposer des psychologies passionnantes.

 

 

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14 décembre 2012 5 14 /12 /décembre /2012 18:55

Ceci n'est pas un polar ... et pourtant !


Quatrième de couverture :

Leo-dicaprio.jpg"Alors ne refusez jamais une invitation, ne résistez pas à l'inhabituel... Gardez l'esprit ouvert et sucez jusqu'au bout chaque nouvelle expérience. Si ça fait mal, c'est que ça doit valoir le coup !"

Bob est chauffeur de taxi et traîne son ennui sur l'asphalte d'une vie médiocre. Son seul exutoire, des films dont il se nourrit de façon pathétique à travers son lecteur DVD. Un jour, il tombe sur "La Plage"... et devient Leonardo DiCaprio !

Christophe Darmon nous entraîne dans une intrigue qui mêle la réalité et la fiction, avec une grande efficacité. Au fil de destinations en trompe-l'oeil, nous voyageons sur les pas d'un homme nouveau qui a refusé sa première vie. Qu'il est facile et délicieux de se laisser entraîner dans les méandres surprenants, vers le destin inévitable de ce héros éphémère...


Mon avis :

C'est un bien étrange bouquin que celui-là. Si on le prend au premier degré, cela donne une sympathique histoire de recherche d'identité. Au second degré, il pose la question de la fascination des images et du star-système. Ce court roman nous dévoile en tous cas un auteur qui sait écrire, même si l'absence de dialogues rend parfois la lecture laborieuse.

Tout démarre avec Jérôme, chauffeur de taxi, fasciné par le film Taxi Driver et le personnage de Robert de Niro. D'ailleurs, il aime se faire appeler Bob. Alors qu'il cherche un DVD à louer, il tombe sur La plage avec Leonardo DiCaprio. La fusion est immédiate et Bob finit par confondre sa vie avec celle de la star, imaginant des scènes n'existant que dans son esprit.

Si l'intrigue se compose de scènes banales et mystérieuses, j'ai plutôt été intéressé par le style de l'auteur, passant de la description explicite à des passages étranges, n'hésitant pas à faire des digressions ou à interpeler le lecteur. Et la fin montre aussi que l'auteur sait aussi jouer avec le lecteur. Un court roman à découvrir

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12 décembre 2012 3 12 /12 /décembre /2012 19:52

CercleCe roman va être l’occasion de lire un nouvel auteur, de découvrir un nouvel univers. Ce roman, que tout le monde voudrait classer dans la rubrique Thriller, en comporte l’écriture alors que la forme est plutôt un roman policier. Et par bien des égards, j’ai beaucoup aimé cette lecture, cette intrigue en forme de puzzle.

Cette enquête est en fait la deuxième du commandant Martin Servaz, après Glacé qui est sorti chez Pocket. Mais si Servaz est bien au centre de l’intrigue, le livre s’ouvre sur Oliver Winshaw, un retraité qui écrit des poésies. Cette nuit là, il a du mal à dormir, et regarde dehors l’orage avancer, et jette un coup d’œil chez sa voisine. Lorsqu’un éclair déchire le ciel, il aperçoit un jeune homme assis au bord de la piscine, alors que des poupées flottent dans celle-ci. Il appelle la police, intrigué et angoissé par cette vision.

Servaz reçoit un coup de fil : c’est Marianne, une de ses amours de jeunesse ; vingt ans qu’il ne l’a pas vue, après qu’il l’ait abandonnée. Elle lui demande de venir à Marsac, car son fils Hugo vient d’être arrêté alors qu’il déambulait dans la maison de Claire, sa professeur de civilisation antique. Le corps est retrouvé dans la baignoire, Claire a été ligotée et noyée, et après sa mort, l’assassin a glissé une lampe dans sa bouche.

Marsac est une petite ville, qui ressemble à une mini Silicon Valley. En effet, son université accueille toutes les têtes de la région. C’est d’ailleurs là que va étudier la fille de Martin, Margot. Quand Martin va découvrir dans le lecteur de CD un disque de Gustav Malher, les chants pour les enfants morts, il va être persuadé que le serial Killer suisse Julien Hirtmann est impliqué dans ce meurtre.

Encore une histoire de serial killer, me direz vous ? Que nenni ! ce roman est avant tout le portrait d’un homme, miné par son passé, déboussolé, à la recherche de son passé, de son présent et de son futur. Il a toujours été abandonné, mais il se complait dans sa solitude. Les deux faits qui vont le bouleverser sont l’appel de Marianne et le fait que sa fille parte à 200 kilomètres étudier à Marsac. Il se retrouve donc seul une nouvelle fois, et s’enfonce dans ses déductions souvent fausses.

Car ce roman regorge de rebondissements, de fausses pistes, à l’image de Martin qui ne comprend rien à cette histoire. On a plutôt l’habitude de lire des enquêtes avec des policiers infaillibles, eh bien ici ce n’est pas le cas. Et jusqu’aux dernières pages, vous ne saurez pas qui est l’assassin ou qui sont les assassins. Car Bernard Minier a l’art de renverser vos certitudes, en rajoutant des pièces dans le puzzle, tout en mélangeant celles que vous aviez en main.

Alors le lecteur que je suis est intrigué, et c’est tellement bien écrit, avec des dialogues excellents car longs juste comme il faut, avec des remarques inquiétantes qui mettent l’ambiance, que ce roman qui fait tout de même 550 pages s’avale en un rien de temps. Il y a dans l’écriture une tension permanente, une urgence dans les phrases qui s’enchainent que le plaisir est intense.

Alors vous qui cherchez un roman à offrir à Noel, nul doute que celui-ci doit faire partie de la hotte du père Noel. Il tient la dragée haute à beaucoup de thrillers américains, et va ravir tous les fans déçus de Jean Christophe Grangé ou Maxime Chattam. Pour moi, c’est en tous cas une sacrée découverte et je vais m’acheter Glacé de ce pas. Voici aussi une liste de quelques avis que vous trouverez sur Internet. Et sachez que la comparaison avec Donna Tartt et son génial Maitre des illusions n’est en rien usurpée.

http://www.unwalkers.com/le-cercle-de-bernard-minier-xo-superbe-bernard-minier/

http://dora-suarez-leblog.over-blog.com/article-le-cercle-de-bernard-minier-112283840.html

http://blog-du-serial-lecteur.over-blog.com/article-bernard-minier-glace-edition-xo-109449574.html

http://www.un-polar.com/article-le-cercle-de-bernard-minier-113284777.html

http://actu-du-noir.over-blog.com/article-encore-une-tentative-de-thriller-113277561.html

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9 décembre 2012 7 09 /12 /décembre /2012 19:06

41Après Dans le ventre des mères de Marin Ledun, voici la deuxième sortie de la nouvelle maison d’édition de romans noirs Ombres Noires. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’auteur a pris le parti de l’originalité.

Colima, Mexique.  Un gamin est intrigué par une chevrolet rouge, garée depuis un certain temps dans la rue. Il s’aperçoit que du sang sort du coffre. Effectivement, la police découvre un cadavre dans le coffre. Il s’agit du corps de Ramiro Hernandez Montes, un homme connu pour être le frère du gouverneur de l’état de Colima. Donc, dans cette affaire, il est hors de question de remettre en cause les futures élections de son frère. Les choses se corsent quand la police découvre que Ramiro est connu pour être homosexuel. En outre, il a des penchants pédophiles notoires. Le commandant Obispo va prendre en charge cette affaire, aidé en cela des agents Sabino et Roman.

En parallèle de cette affaire criminelle, Alfonso Castro Bautista, un jeune homme qui se fait appeler Le Japonais ne fait rien de ses journées. Alors que ses parents, comme tant d’autres, vivent du trafic de drogue, lui arpente les salles de jeux et les bars. Il rencontre le Métallo, qui va l’initier au monde du sexe homosexuel.

On ne peut pas dire que ce roman soit facile à appréhender, tant le parti pris de l’auteur est particulier. Et la forme a tendance à prendre le pas sur le fond ce qui est bien dommage. Car la construction du roman est originale : En alternance, on va suivre le parcours du Japonais, jeune homme désœuvré, qui occupe son temps comme il peut. L’enquête, elle, va progresser au travers des procès verbaux de la police. Si cela donne de la véracité au récit, la forme s’avère, du moins en ce qui me concerne, amusante au début puis rapidement un peu longue.

Et il faut patienter jusqu’à la page 170 pour comprendre combien ce roman est véritablement subversif. Car, effectivement, c’est là que l’on se rend compte de ce que Rogelio Guedea veut dénoncer. Et la leçon est éloquente, et redoutablement frappante, car l’enquête s’avère bien secondaire, on n’en a rien à faire du nom de l’assassin, du fait qu’il ait tué cinq personnes homosexuelles à tendance pédophile. En réalité, tout est savamment orchestré par le pouvoir en place pour éviter que le gouverneur perde les élections.

De même, la vie du Japonais donne lieu à des scènes très dures, très difficile à lire, d’une violence sexuelle très explicite et choquante. D’une façon très naturelle, Rogelio nous montre la vie des Mexicains, pris entre politique et drogue, entre sexe et violence. C’est une peinture bien noire, bien désespérante aussi, et nul espoir ne transparait dans la conclusion de son roman.

Si l’on parle des policiers, on s’aperçoit vite qu’ils n’ont d’autres choix que de suivre les desiderata du procureur, et soit on suit les ordres soit on meurt. Sex, drugs and violence, c’est le menu de ce roman, et pour peu que l’on adhère à la forme, ce roman apparaitra comme un excellent roman noir mat. En tous cas, c’est un premier roman impressionnant qui donne une vision sans concession de la société mexicaine. Et ce qui finit de vous démolir le moral, c’est quand on lit au début du roman, que cette histoire est inspirée de faits réels. 

 

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7 décembre 2012 5 07 /12 /décembre /2012 18:43

Thérapie en sourdineVoici un roman policier qui flirte avec le thriller qui va me donner l’occasion de découvrir un nouvel auteur français. Pour un premier roman, j’ai trouvé le résultat très intéressant, car les qualités essentielles sont là : l’art de conduire une intrigue et de créer des personnages vivants.

Aphrodite Pandora est une psychologue, qui petit à petit, s’est spécialisée dans le traitement des violences conjugales. Ce jour là, elle reçoit un dénommé Sofiane Mansouri, un propriétaire d’une entreprise de BTP. Après une petite discussion, il s’avère qu’il est déçu des relations avec sa femme et qu’il lui arrive de la frapper. Ils conviennent d’un prochain rendez-vous, et de son coté, Aphrodite va essayer de sauver Ingrid Mansouri.

Seulement, à la clinique débarque un flic, nommé Wolf. Grand, d’origine allemande, séduisant, il demande à Aphrodite de l’aider dans une affaire un peu spéciale : l’un de ses précédents patients, M.Stein, s’est suicidé. Il lui demande de rechercher dans ses anciens dossiers, sans qu’il ait besoin de demander un mandat. L’histoire se complique quand le médecin légiste annonce que Stein ne s’est pas suicidé mais qu’il a été tué, et que Mansouri connaissait en fait très bien Stein.

Le gros point fort de ce roman est indéniablement ses deux personnages. De Wolf, flic au passé mystérieux, ayant obtenu la nationalité française pour avoir fait l’armée dans les bérets verts à Aphrodite la psychologue passionnée par son métier et profondément humaniste, on ne peut que s’attacher à ce qui leur arrive. D’autant plus que leur vie privée est bien décrite et plutôt compliquée. Wolf a vu sa femme le quitter, le laissant avec un petit garçon craquant, qu’il est obligé de confier à une nounou, qui le voit plus que lui. Aphrodite, elle, est mariée à un pompier qui est donc souvent absent, ou pris dans ses réflexions, et elle a des doutes sur le fait qu’il ait une aventure extraconjugale. Bref, tous les ingrédients sont là pour que, humainement parlant, cela soit passionnant.

Ce que j’ai adoré, ce sont les dialogues, qui sont remarquablement bien faits. Jean François Thiery, dans les scènes d’analyse d’Aphrodite avec ses clients, ou plus tard entre les flics, sait rendre des dialogues longs mais passionnants, sans en dire trop, en étant très efficace. J’adore quand quelques mots dans un dialogue en disent plus que de longs paragraphes descriptifs.

Et c’est là où je veux en venir : De ces qualités, il ressort tout de même des paragraphes trop longs, trop explicites, trop démonstratifs, alors qu’il me semblait qu’il suffisait d’en faire moins pour en faire un excellent polar. Un exemple : pourquoi vouloir nous décrire l’histoire passée de Wolf, dès le début du livre alors qu’il suffisait d’en parsemer le livre par petites touches et d’en laisser pour le prochain ? C’est un premier roman, c’est aussi une première enquête d’un couple bigrement attachant, donc c’est un roman prometteur, sur un sujet extrêmement difficile que sont les violences conjugales. Et rien que pour ça, cela donne un excellent argument pour le lire.

Ne ratez pas l’article de Jean François Thiery sur Livresque du noir : http://www.livresque-du-noir.fr/2012/09/therapie-en-sourdine-par-jean-francois-thiery/

De même que vous pouvez trouver la suite des aventures de Wolf et Aphrodite dans L’affaire Cirrus, dont vous pouvez lire un article ici : http://www.livresque-du-noir.fr/2012/11/laffaire-cirrus-par-jean-francois-thiery/

Enfin, n'hésitez pas à aller faire un tour sur le blog de l'auteur à cette adresse-ci :
http://thieryjft.canalblog.com/

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5 décembre 2012 3 05 /12 /décembre /2012 18:44

PikeIls se sont mis à trois pour me tenter, pour me dire qu’il fallait que je le lise. Pas un, trois à la fois. Et dans la même semaine, en plus ! Bref, quand Jean Marc, Yan et Jeanne s’y mettent, vous disent qu’il faut lire tel livre, c’est difficile, très difficile de résister. Le livre en question, c’est Pike. L’auteur c’est Benjamin Withmer. Le résultat, c’est le premier roman d’un auteur que l’on est pas près d’oublier. Retenez ce nom : Benjamin Withmer, car il est le digne héritier des plus grands noms du roman noir américain. Et quand on lit Pike, on pense forcément à Jim Thompson.

Le livre s’ouvre sur une scène de poursuite entre un jeune noir et un flic, Derrick. La ville est sombre, même pas éclairée par la neige qui recouvre les trottoirs. Derrick ne perd pas son temps à poser des questions, il descend le noir d’une balle dans le dos. Le sang va s’écouler en petite rigole sur le blanc immaculé. Derrick, c’est le flic qui a penché du coté obscur.

Pike, c’est l’inverse, le truand qui s’est rangé. Avec le jeune Rory, il essaie de se racheter une conduite, d’éduquer le fils qu’il n’a pas eu. Rory, lui, le suit telle son ombre, étant un peu son bras armé, son coté violent, puisque Rory est boxeur amateur. Quand la petite fille de Pike, Wendy débarque, Pike se rappelle qu’il a abandonné sa fille Sarah alors qu’elle avait 6 ans, il se rappelle ce qu’il a essayé d’oublier, et va se trouver une nouvelle quête : celle de comprendre pourquoi sa fille est morte d’overdose, et pourquoi Derrick semble la connaitre et s’intéresser à Wendy.

Et c’est un duel à distance auquel nous allons assister, entre le méchant qui est devenu bon et le bon qui est devenu méchant. Derrick va semer la violence autour de lui, pour faire marcher son trafic, et Pike va mener l’enquête, rencontrant de nombreux personnages, dans des paysages naturels si beaux et si bien décrits. Ce sont donc de multiples chapitres, ne dépassant pas quatre pages qui vont faire avancer l’intrigue.

Et le style de Benjamin Withmer est tout simplement lumineux. Il a l’art de trouver des mots magnifiquement beaux pour décrire un monde noir absolu, et je peux vous dire que certains chapitres sont de purs chef d’œuvre de simplicité, d’efficacité et de suggestion, alliés à des dialogues tout simplement brillants. Et si par moments, on a l’impression que l’on assiste à une suite de petites scènes, certes magnifiques, mais parfois trop linéaires, il n’en reste pas moins que Benjamin Withmer se pose comme un futur grand s’il continue sur ce chemin.

Et je vais finir mon petit message par un conseil : Entrez dans une librairie, ouvrez le livre au dernier chapitre, lisez le ; après vous ne pourrez que l’acheter. Car ce dernier chapitre va vous prendre à la gorge sans déflorer l’intrigue, il est aussi la parfaite illustration de la noirceur du roman et l’exemple idéal pour que vous soyez envoutés par le style de l’auteur. Benjamin Withmer : A noter du coté des espoirs du roman noir et à ne pas oublier.

 

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