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Pour notre découverte d’anciens romans, je savais où je mettais les pieds. J’adore Jim Thompson dont j’ai lu une dizaine de romans il y a plus
de vingt ans maintenant. C’est un monstre du roman noir, un monument avec des œuvres qui m’ont très fortement marqué. Et pourtant on a tendance à l’oublier quand on cite les grands auteurs de
polar. Heureusement, Rivages vient de rééditer deux de ses romans dont le gigantesque Killer inside me, celui que je vous propose aujourd’hui.
Jim Thompson (Anadarko (en), Oklahoma, 27 septembre 1906 - Los Angeles, Californie, 7 avril 1977) est un écrivain américain de roman noir, un nouvelliste et un scénariste de cinéma (...) Jim Thompson a écrit plus de trente romans la plupart entre la fin des années 1940 et la moitié des années 1950. La plupart de ses romans sont en partie autobiographiques. Peu reconnu de son vivant, la notoriété de Thompson s’est accrue dans les années 1980 avec la réédition de ses livres, et l’adaptation de certains romans au cinéma. François Guérif l'a publié dans la collection Rivages/Noir : le numéro un de la collection est une traduction de Recoil (Liberté sous condition).(Source Wikipedia)
Si les maîtres du hard boiled décrivaient la société décadente avec une certaine distance, Thompson, lui, s’implique dans chacune de ses pages (…) L’ignoble, l’odieux, l’infâme, le scatologique le plus abject et l’inceste s’y côtoient (…) On y trouve aussi de bien minables escrocs, des tocards, péquenots en tous genres, des malades, des frustrés, des alcooliques, des psychopathes. Mais également quelques bouffées d’air pur, de lumineuses éclaircies, certains petits joyaux et trouvailles poétiques à l’instar de la prière qui clôt Le démon dans ma peau. (Source Dictionnaire des littératures policières)
4ème de couverture :
Lou Ford est un jeune adjoint au shérif avenant, serviable, séduisant. Son supérieur, sa fiancée, les jeunes qu’il soutient, les coups de mains qu’il donne volontiers font sa popularité. Bref, dans la petite ville un peu endormie de Central City, Texas, on lui donnerait (presque) le bon Dieu sans confession. A tort. Les apparences sont trompeuses. Atteint d’un trouble psychiatrique, Lou Ford a jadis commis un crime, et c’est son frère Mike qui a été condamné à sa place. A sa sortie de prison, ce dernier est mort sur un chantier, un drame dont Lou Ford tient Chester Conway, le magnat local de la construction, pour responsable. Grâce à une prostituée avec qui il entretient une liaison et qui a séduit le fils Conway, Lou Ford entend se venger. Mais le plan dérape, et pour se couvrir, Lou Ford est entraîné dans une fuite en avant de plus en plus dangereuse…
Mon avis :
Ce qui frappe dans ce roman, c’est avant tout la modernité du récit. Même si cela se passe dans les années 50, le style lui est intemporel, car sans concession, direct, efficace. Et puis, avec le personnage de Lou, on a affaire à un voyage à l’intérieur d’un esprit malade, complètement paranoïaque, dépassé par ses pulsions meurtrières. On ne sait jamais comment il va réagir, et d’ailleurs Jim Thompson cache suffisamment son jeu pour surprendre à chaque fois le lecteur.
L’intrigue est située dans une petite ville des Etats Unis, Central city, cité imaginaire dominée par une entreprise de pétrole, mais on pourrait y voir de nombreuses villes existantes. La règle générale y est l’hypocrisie, il ne faut pas faire de vagues. Et Lou utilise les règles à son avantage, pour calmer ses pulsions. D’ailleurs ce personnage mystérieux dont il restera des parts d’ombre ne nous épargnera rien : il décrira sa vie, ses pensées, ses meurtres avec moult détails.
J’avais lu ce roman il y a plus de vingt ans maintenant, quand il paraissait dans la Série noire. Je dois dire que j’ai lu ce roman comme si c’était la première fois. D’une violence évidente, il en ressort un malaise constant, rehaussé par la nouvelle traduction de haute volée (Chapeau, M.Gratias !). Vous devez lire ce livre, un des meilleurs de son auteur, à classer aux cotés de Les Alcooliques, 1275 âmes, et surtout Rage Noire.
A noter que ce livre est paru dans la Série Noire en 1966 sous le titre Le démon dans la peau, réédité en 2010 sous le titre The killer inside me dans une traduction incomplète.
Né en 1921, Paul Sala fut policier jusqu’à sa retraite, en 1976. Dès 1970, il publia des romans dans la collection Spécial-Police du Fleuve Noir. Il créa entre autres le personnage du Savoyard, héros de cinq romans.(Article de Claude Le Nocher)
S’il s’est servi du nom de son épouse pour signer ses romans, c’est par pudeur, pudeur qui englobe sa carrière de fonctionnaire de l’état dont il ne parle quasiment jamais dans les entretiens qu’il a accordés. Il est nettement plus prolixe lorsqu’il parle de sa passion, l’écriture. (Article de Paul Maugendre)
Quatrième de couverture :
TITRE
Monsieur Lucien
SUJET
Magouille politicarde
VEDETTES
Drajevic Servo, M. Lucien
ACTEURS
Le commissaire Grant, Thomas Bernard, Birgit et Baby, les Scandinaves, Antony, des call-girl, le général, des proxénètes, Gus les mains blanches, Vladi, l'ombre du pouvoir.
ACCESSOIRES
Un browning 9mm, une bagheera, essence et allumettes
DECORS
Un commissariat, un clandé, le Club 104, un hôtel de passes, l'administration, et la forêt de Senlis
MISE EN SCENE
Paul Sala
PRODUCTION
Fleuve Noir
Mon avis :
Ça commence avec un meurtre dans la forêt de Senlis, une jeune femme abattue puis brulée dans un taillis. Puis une prostituée de luxe d’origine suédoise s’inquiète du fait que sa sœur ne donne plus signe de vie depuis trois jours. Cela suffit pour que jusqu’au plus haut niveau de l’état, et dans les ambassades étrangères, on se mette en branle pour comprendre ce qui se passe.
A une époque où les hommes politiques organisent des parties fines, et s’en tirent en versant quelques millions de dollars, ce roman, à l’intrigue impeccablement menée fait office de précurseur. J’exagère bien sur, mais il ressort de ce roman que Paul Sala sait mener son histoire, pour amuser et distraire le lecteur.
D'ailleurs, c’est quelque chose que l’auteur revendiquait, faire de la littérature du divertissement. Et avec son inspecteur d’origine basque, un peu bourru, rentre dedans, il a bigrement réussi son coup. A noter aussi que le roman fait de nombreux rappels à de précédentes enquêtes, et que jamais le lecteur n’est perdu. Un bien bel exemple pour un roman qui remplit son rôle, nous divertir.
Dans la rubrique Oldies
de ce mois-ci, voici le premier roman de Ross MacDonald. Quand on lit des polars, beaucoup de polars, la curiosité est toujours grande de retourner aux sources. Quand Gallmeister a réédité dans
une nouvelle traduction les deux premiers romans de Ross MacDonald, il fallait que je les lise.
Kenneth Millar, dit Ross Macdonald, est un écrivain canadien et américain de roman policier, né le 13 décembre 1915 à Los Gatos, Californie et mort le 11 juillet 1983 à Santa Barbara, Californie. Il est célèbre pour ses romans dans lesquels figure le détective privé Lew Archer (Source Wikipedia).
Dans son livre suivant, Il est passé par ici (The moving target, 1949), il crée le détective privé Lew Archer … Dans une vingtaine de romans et plusieurs nouvelles, Lew Archer va opérer à Santa Teresa (le Santa Barbara où vivaient les époux Millar), en Californie du Sud. L’influence de Chandler est évidente dans ses premières enquêtes ; Archer rappelle Philip Marlowe par certains cotés, avec moins d’humour mais plus d’humanité et de compassion. (Source Dictionnaire des littératures policières)
Avec cette réédition et cette nouvelle traduction, on peut gouter à l’importance de l’œuvre de Ross MacDonald. Dès le départ, Lew Archer débarque chez les Sampson, une riche famille qui a fait fortune dans le pétrole. Il s’agit de retrouver Ralph, qui a disparu depuis quelques jours, à la sortie d’un casino. Vous n’y trouverez pas de longue scènes d’introduction, le lecteur est immédiatement plongé dans l’enquête, et vous ne trouverez pas le moindre défaut dans le déroulement de l’intrigue.
Car Ross MacDonald va disséquer les liens familiaux, l’attitude étrange de sa femme Elaine Sampson, qui n’est pas plus inquiète que cela, car elle en a vu d’autres. Elle souligne juste le chagrin de son mari devant la perte de son fils à la guerre. Et puis, il y a Miranda, à la recherche de l’image du père idéal, Alan le pilote privé d’avion qui joue sur la fibre sentimental de Ralph en jouant le role du fils, et puis il y a la pègre, de petits malfrats, tout un petit monde qui tire la langue devant l’argent omniprésent.
On va y trouver dans ce roman, tout ce qui va faire le succès du hard-boiled américain : une enquête impeccable, un personnage intelligent presque froid mais en tous cas mystérieux, des femmes fatales, des bagarres, des voitures, de l’argent … Ce qui est hallucinant dans ce roman, c’est sa modernité. Jamais on n’a l’impression de lire un roman vieux de plus de soixante ans.
Et puis, le point fort de Ross MacDonald est clairement la psychologie de ses personnages. Alors que Lew Archer semble un observateur, un témoin des différentes scènes, les autres personnages sont décrits au travers des dialogues et des attitudes. Quelle modernité ! Par contre, on n’y trouvera pas de description détaillée de Lew Archer, et d’ailleurs, on a l’impression de vivre dans le film La dame du lac de Robert Montgomery, de suivre l’histoire par le biais d’une caméra subjective.
Bref, voilà une riche idée que de ressortir cette œuvre, que pour ma part, je ne connaissais pas du tout, et qui m’a donné envie de poursuivre la découverte. Comme j’avais acheté Cible Mouvante et Noyade en eau douce, nul doute que vous allez entendre parler du deuxième. N’hésitez plus, c’est du pur joyau.
Dans la
rubrique Oldies de ce mois-ci, voici l’un des premiers romans de l’un de nos plus grands auteurs de polars français, à savoir Thierry Jonquet. Ceux qui ont lu Mygale ne poeuvent pas ignorer que
Jonquet fut un excellent auteur. Mais ce fut aussi un formidable témoin de notre société, situant ses sujets en appuyant bien fort là où ça fait mal.
Thierry Jonquet est un écrivain français, né à Paris le 19 janvier 1954 et mort à l'hôpital de la Salpêtrière à Paris le 9 août 2009. Auteur de polar contemporain, il a écrit des romans noirs où se mêlent les faits divers et la satire politique et sociale. Il a également publié sous les pseudonymes de Martin Eden et Ramon Mercader, et utilisé les noms de Phil Athur et Vince-C. Aymin-Pluzin lors d'ateliers d'écriture. (Source Wikipedia).
Thierry Jonquet avait la faculté de prendre un sujet d’actualité, et de créer une intrigue grinçante, quitte à déformer la réalité, pour mieux montrer les travers dont nous n’étions
même plus conscients. Je me rappelle du tollé que fut la sortie de Ils sont votre épouvante et vous ètes leur crainte, qui abordait le sujet des lyc ées de banlieue situés en Zone
d’Education Prioritaire. Car Jonquet a toujours su choisir ses sujets parmi ceux qui, dans l’actualité, faisaient grincer des dents.
Jonquet débute (sa carrière d’écrivain) avec deux récits inspirés de ses expériences hospitalières. Dans le bal des débris (1984), Fredo, mal
dans sa peau de brancardier d’un établissement de gériatrie, fait la connaissance d’un patient, Alphonse Lepointre, gangster de la vieille école. Ensemble, ils montent un coup pour rafler les
bijoux d’une riche pensionnaire pendant un bal masqué. L’humour affleure, mais la description de ces mouroirs et du sort réservé à leurs occupants est impitoyable, sans concession, typique de ce
ton « Jonquet ». (Source Dictionnaire des littératures policières)
Ce roman, écrit à la première personne est d’autant plus marquant que, sous couvert d’humour, la situation des maisons de retraite est scandaleuse. Alors, évidemment, quand on nous propulse à la place d’un petit brancardier qui a toujours rêvé de devenir un truand, quand celui-ci peut enfin satisfaire son besoin de voler, le lecteur suit avec un sourire glacé ses intrépides aventures, et quand il relève la tête, il se rend compte de ce qu’il a lu.
C’est
exactement dans cet état d’esprit que j’ai lu ce très court roman. Sourire la plupart du temps, puis dès que je fermais le roman, une sorte de honte à avoir pris du plaisir à lire la situation de
ces mouroirs. C’est donc à une lecture véritablement cynique à laquelle il faut réellement s’attendre.
Et on le sent bien, le jeune Jonquet, prendre son pied à bâtir ses scènes, comme un pointilleux humoriste humaniste, à toutes les amener sur une remarque cinglante que le lecteur prendra en pleine figure. Avec, en plus, le souci de l’efficacité maximale, des dialogues déjà parfaits, ce roman laissait augurer d’un grand auteur. Ce qui est bien advenu par la suite. Bref, lisez ce roman, que les éditions Points ont eu la riche idée de rééditer et vous vous jetterez sur tout le reste de l’œuvre de Thierry Jonquet, l’un de nos meilleurs auteurs de romans noirs français, et l’un de mes auteurs favoris.
Ce roman a été publié pour la première fois aux éditions Fleuve Noir, dans la collection Spécial Police en 1984, puis réédité aux éditions Méréal en 1998, et enfin aux éditions Librio en 2000.
Je me rappelle parfaitement pourquoi j’avais mis ce livre dans mes lectures obligatoires de 2012. Lors de mon billet sur Meurtres aux poissons rouges, Jean Marc avait été très surpris que je n’ai jamais lu de romans de Andrea Camilleri. La forme de l’eau est en fait le premier roman de la série des enquêtes du commissaire Salvo Montalbano, un roman à lire d’urgence.
Andrea Camilleri, né le 6 septembre 1925
(87 ans) à Porto Empedocle (la Vigàta de ses romans), dans la province d'Agrigente, en Sicile, est un metteur en scène et un écrivain italien. Il connaît un énorme succès en Italie comme
ailleurs, notamment grâce à ses romans mettant en scène le commissaire Montalbano. Ses livres sont entrés dans la collection des Meridiani, la « Pléiade » italienne. (Source
Wikipedia)
Salvo Montalbano est un personnage de fiction récurrent de l'œuvre d'Andrea Camilleri, un commissaire de police de la bourgade (fictive) de Vigata (en fait Porto Empedocle), en Sicile. Il s'exprime dans un mélange d'italien et de sicilien, inimitable (exemple, il se présente en disant en italien Montalbano sono, litt. Montalbano, je suis, en mettant le verbe être à la fin de la phrase comme en syntaxe sicilienne). Ses colères, sa boulimie (pour les plats typiques, en particulier les arancini), son amour contrarié avec la Génoise Livia, ses enquêtes sur la mafia et sur les faits sociaux siciliens (drogue, réfugiés, faits divers) ont conquis le public italien (...) Il tirerait son nom de l'auteur espagnol Manuel Vázquez Montalbán, dont Camilleri appréciait le personnage de Pepe Carvalho. (Source Wikipedia)
Dans la préface de La forme de l’eau, Serge Quadruppani, son traducteur décrit le contexte et tout le charme de l’écriture de Camilleri : « Andrea Camilleri raconte
que le jour où il a appris que son père allait bientôt mourir, il a joué toute la journée au flipper dans un état second et que c’est après qu’il a décidé d’écrire dans la langue même de son
géniteur, cette langue que, spontanément, il retrouvait, quand il parlait avec lui ».
Le sujet est assez simple : un matin, à proximité de Vigata, deux balayeurs découvrent dans une BMW de luxe, le corps d’un homme. Il s’agit de l’ingénieur Luparello, célèbre homme politique local. Vraisemblablement, la cause de la mort est naturelle, puisqu’il a succombé à une crise cardiaque après un acte sexuel. Le souci, c’est que la BMW est garée à proximité du Bercail, sorte de haut lieu de la prostitution, du travestissement et de la drogue, et que plusieurs détails vont gêner le commissaire Montalbano.
Ce roman est un roman policier, un vrai de vrai. A partir d’une intrigue simple, d’une mort classique, il va montrer une partie de la vie italienne,
et une grande partie de la politique sicilienne. Les pistes vont se mêler, s’emmêler, jusqu’à un dénouement plus qu’inattendu. Les fans vont être gâtés, car il y a de quoi se tordre les neurones
comme un torchon à essorer pour comprendre ce qui s’est réellement passé.
Et comme c’est le premier roman d’une série, quoi de mieux qu’une excellente intrigue policière pour donner envie d’y revenir. On va assister à toute une galerie de personnages, hauts en couleurs, facilement identifiables, avec ce caractère brut de cette ile, isolée de tout, avec ses politiques véreux, et la mafia en toile de fond comme un arrière plan de tableau. Le commissaire Montalbano règne en maitre dans ce roman : à la fois bourru et humoristique, têtu et cachotier, rusé et attendrissant, charmeur et intraitable, un sacré mélange détonnant.
Andrea Camilleri ne va pas s’étendre dans des descriptions sans fin. Tout y est direct, brut de décoffrage, et les dialogues montrent tout le respect qu’il a envers ces gens simples et leur parler si particulier. D’ailleurs, la volonté du traducteur de rester dans ce ton donne des morceaux droles et bizarres parfois mais c’est pour se situer au plus prêt du texte original. Bref, la lecture de ce roman correspond exactement à ce que j’attendais, et je peux vous dire que je me suis acheté le deuxième de la série. Je ne peux que vous conseiller de plonger dans le monde de Andrea Camilleri et sa ville imaginaire de Vigata.
Voici le premier roman d’un auteur dont j’ai beaucoup entendu parler et qui consacre un cycle à un couple d’enquêteurs dans la Chine moderne.
Meurtres à Pékin de Peter May est le premier roman de ce cycle. Et un grand merci à Dominique qui m’a prêté ce livre et qui m’a fait découvrir un nouvel auteur.
Margaret Campbell est une médecin légiste américaine, spécialisée dans les autopsies des corps brulés. Pour oublier sa vie qui part en vrille, elle accepte de partir six semaines pour donner des cours de pathologie médico-légale à l’université de la sécurité publique de Pékin. Malgré le décalage horaire, elle va être accueillie par le professeur Jiang dans un gigantesque banquet.
Li Yan, simple inspecteur à la section n°1 de la police, qui est chargée des homicides, se prépare pour le plus important des entretiens de sa carrière. Même s’il n’a que 33 ans, il espère obtenir une grande promotion. Reçu par le commissaire Hu Yisheng, il apprend qu’il est promu au rang de directeur et au poste de commissaire divisionnaire adjoint de la section n°1.
Ces deux personnages vont avoir à faire à une étrange série de meurtres. Un homme est découvert carbonisé dans un paisible parc. Puis, deux autres corps vont être trouvés dans des endroits différents. La légiste américaine et le commissaire chinois vont allier leurs compétences malgré leurs différences de culture.
Je qualifierai ce roman de policier classique ; classique par ses personnages qui n’ont rien en commun et qui doivent unir leurs efforts pour résoudre ce mystère ; classique par la façon de construire le roman par chapitres alternés. Peter May joue sur les oppositions Homme/Femme ou Chinois/Américain pour construire la psychologie de ses deux principaux personnages et à part l’histoire d’amour moyenne, c’est efficace pour décrire la Chine d’aujourd’hui. Vous aurez aussi droit à une explication didactique de ce que sont les OGM.
Car le grand intérêt est surtout là. Au travers d’une personne étrangère au pays du soleil levant, Peter May, bien qu’étant écossais, nous montre comment fonctionne la première puissance mondiale. On apprend plein de choses comme par exemple les règles de respect, les façons de dire non ou bien que ce qui passe en premier c’est l’intérêt général avant l’intérêt individuel. Imaginez ce que cela peut donner avec 1,6 milliards de personnes. Cela m’a paru un bon complément par rapport aux romans de Qiu XiaLong. Un petit exemple de la philosophie chinoise : « Apprendre peut parfois se révéler un processus difficile, même pénible. Mais il faut l’accepter ».
Il faut dire que l’intrigue est plutôt bien menée, le style est fluide, avec par moments quelques longueurs, mais l’ensemble est très facile à lire. C’est un roman qui permet de se plonger aisément dans un voyage lointain, fort agréable à dévorer. Pour ma part, j’ai plus été intéressé par le voyage touristique proposé par l’auteur que par les personnages eux-mêmes. Et que ceux qui sont tentés par ce roman soient rassurés, ce roman est le premier d’un cycle qui en comporte 4 qui sont (entre parenthèses les dates de première parution pour la traduction française) :
Meurtres à Pékin (2005)
Le quatrième sacrifice (2006)
Les disparues de Shanghai (2006)
Cadavres chinois à Houston (2007)
Jeux mortels à Pékin (2007)
L’éventreur de Pékin (2008)
Voici donc le premier billet de cette nouvelle rubrique Oldies, où je vais découvrir d’anciens romans. C’est une façon aussi de fouiller dans la malle de l’histoire du polar, et de remettre en lumière des romans que l’on a tendance à oublier avec les sommes de nouveautés qui sortent chaque année.
Le premier auteur
que je vous propose de découvrir est Georges Jean Arnaud, un auteur très prolifique, puisqu’il a écrit sous son propre nom et sous des pseudonymes plus de 400 romans. né le
3 juillet 1928 à Saint-Gilles-du-Gard, et est l’auteur de La compagnie des glaces, d’une centaine de polars et de romans d’espionnage ainsi que de quelques dizaines de romans érotiques.
Il a reçu de nombreux prix littéraires depuis ses débuts dont :
le prix du Quai des Orfèvres 1952 pour Ne tirez pas sur l'inspecteur
la Palme d'Or du roman d'espionnage 1966 pour Les égarés
le prix Mystère de la critique 1977 pour Enfantasme
le prix Apollo 1988 pour La Compagnie des glaces
le prix RTL grand public 1988 pour Les moulins à nuages (Source Wikipedia)
Noel au chaud, paru initialement au Fleuve Noir dans la collection Spécial Police, a été réédité en 2010 chez Plon dans la regrettée collection Noir Rétro. Voici le sujet de ce polar passionnant par la description d’un petit village provençal.
Région de Toulon. Raymonde Mallet, veuve de 76 ans, vit seule dans une grande maison. Tout le village a les yeux braqués sur elle et aimerait bien qu’elle vende sa propriété pour que le gigantesque projet immobilier voit le jour. Entre sa voisine et amie Augusta Pesenti, qui se montre envahissante et Mme Hauser l’assistante sociale qui veut l’envoyer trois semaines en vacances dans une résidence de personnes âgées, Mme Mallet tient bon envers et contre tous.
La solution serait de
louer un grand garage situé à droite du parc au fils de Augusta, Laurent, qui va perdre son emploi de mécanicien automobile et de loger toute la famille Pesenti. Ainsi, elle ne serait plus seule
et pourrait rester chez elle. Le seul inconvénient serait la cohabitation avec ses voisins et en particulier la petite Léonie. Mais les choses ne vont pas exactement se passer comme Raymonde
l’avait prévu.
C’est un sacré portrait de mamie (même si elle n’a jamais eu d’enfants) auquel on a droit ici, une mamie déterminée, butée et imaginative, prête à tout pour arriver à ses fins, à savoir rester dans sa maison. Elle va utiliser son entourage, manipuler ses voisins pour résister au harcèlement venant des autres, avides d’argent, pressés de faire bâtir le nouveau complexe immobilier qui rapportera tant d’argent au maire et toute sa clique.
Sans jamais juger ni les uns ni les autres, en se contentant de décrire les actes des personnages et en les agrémentant de dialogues savoureux, GJ.Arnaud construit son intrigue avec beaucoup d’ingéniosité, et sans que le lecteur n’ait la moindre idée du dénouement qu’il nous réserve. Et si le style est bien loin de ce que l’on trouve actuellement, le plaisir de la lecture, quand on se fait mener par le bout du nez, est là.
Du duel par dialogues interposés avec Augusta, de la résistance envers l’assistante sociale, des tentatives de séduction pour attirer la petite Léonie, de l’ambiance des petits villages où tout se sait, où tout se raconte, ce roman, qui est à classer dans les très bons polars français, vous fera passer un excellent moment et il serait dommage de le négliger. D’ailleurs, je compte sur les érudits du polar pour m’indiquer les meilleurs polars de GJ.Arnaud. Si ce n’est pas un appel du pied …
Le blog reste ouvert.
Dorénavant, les nouveaux billets seront là :
http://blacknovel1.wordpress.com/