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16 février 2014 7 16 /02 /février /2014 18:11
Le sang des maudits de Leighton Gage (Points Seuil)

Retenu dans la sélection de Meilleurpolar.com des éditions Points Seuil, ce roman est à la fois l’occasion de découvrir un nouvel auteur et le Brésil des villes, pas celui des grandes villes mais des moyennes villes. Partout, le crime a gangréné la vie mais le sujet de ce roman n’est pas là.

Cascatas do Pontal, Brésil. L’évêque Dom Felipe débarque en hélicoptère pour l’inauguration d’une nouvelle église. Lui qui déteste ce moyen de transport doit se plier à l’organisation de son secrétaire. Balayé par le vent, le tarmac l’attend, encombré de journalistes. Alors qu’il pose pour les photographies, il est abattu de plusieurs balles par un tireur d’élite.

Mario Silva est inspecteur dans la police fédérale. Alors qu’il se destinait à une carrière d’avocat, l’assassinat de son père et le viol de sa mère l’ont motivé à s’engager dans la police pour retrouver les meurtriers de ses parents. Son neveu Hector a connu le même drame. Mario Silva l’a élevé et naturellement pris sous son aile dans la police. L’assassinat de l’évêque va constituer leur priorité, sous la pression de leur hiérarchie et du gouvernement.

Le début de ce roman est génial. Car il y a dans les cent premières pages tout ce que j’attends d’un polar. On y a affaire en effet à l’enquête policière, du moins son début, en alternance avec une partie de la biographie de Mario Silva. Et dans ces premières pages, Leighton Gage nous montre sa façon de faire : des chapitres courts, des phrases ciselées et des dialogues efficaces.

Car cela va vite, très vite. L’auteur ne perd pas de temps dans des descriptions sans fin, il a opté pour un style direct, franc ; c’est un homme pressé. Il n’est pas utile de chercher des traits psychologiques appuyés, tout est dans les actions ou les dialogues des personnages. Après 100 pages, alternant entre présent et passé, Leighton Gage a non seulement situé ses personnages mais aussi le contexte. Et si on peut penser que quelques considérations sur le Brésil en général manquent, vous les trouverez en fin de roman.

Bref, tout est là pour passionner le lecteur. Et en l’occurrence, après avoir fait connaissance avec Mario et Hector, nous apprenons le contexte du roman. Après la dictature, l’état a décidé de redonner ses terres au peuple, ou du moins de lui vendre. Sauf que, avec quelques malversations, ce sont des hommes ultra riches qui ont récupéré toutes les terres, laissant aux plus pauvres leur rêve d’une terre à eux. Le conflit s’engage donc entre le mouvement des Sans Terre et la ligue des propriétaires terriens brésiliens. Là où Leighton Gage va plus loin, c’est qu’il inclut la religion catholique dans ce conflit, avec leur position un peu du coté des pauvres mais beaucoup du coté des riches.

Ce conflit va nourrir le roman, que ce soit ouvertement au travers de conflits armés entre eux ou avec la police, ou plus sournoisement au travers de dialogues avec les différents protagonistes. Car n’oublions pas que c’est tout de même un roman policier, et que l’intrigue avance essentiellement grâce aux différents interrogatoires.

Ce qui est remarquable aussi au travers de ce roman, c’est la violence sous jacente que les gens vivent au quotidien. Si nos policiers ne la ressentent pas trop, ou n’en parlent pas trop, ce qui arrive aux personnages périphériques est bien souvent terrible et le lecteur que je suis s’est souvent senti abattu devant tant d’animalité et d’amoralité envers des pauvres gens qui n’ont rien demandé.

Finalement, ce roman s’avère un très bon roman policier, parfois un peu long, mais qui aura l’audace et le courage de nous montrer la vie des Brésiliens lambda comme vous et moi, et de suffisamment vous plonger dans le contexte pour vous faire sentir toute l’horreur de vivre là bas. Si l’auteur a longtemps vécu là bas, c’est remarquable d’avoir réussi à nous plonger dans leur quotidien et de nous avoir informés, alertés sur la situation de ce pays. Voilà une excellente découverte.

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commentaires

T
au vu de ton avis je le lirais peut être à l'occasion mais je ne vais pas me jeter dessus dans l'immédiat.
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P
Bonne lecture ... pour plus tard
L
Alors là tu nous présentes un auteur que je ne connais pas du tout. J'ai un a priori plutôt positif pour la littérature sud américaine, mais plutôt hispanophone. Je serai curieux de savoir si la littérature brésilienne,en diffère beaucoup, si le style et l'approche des problématiques sont différentes. Je me le note pour mes lectures estivales ! ( et oui je fais mes courses avant tout le monde ! :)
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P
Salut ma souris, en fait c'est un auteur britannique qui a vécu 20 ans au Brésil. donc c'est un mélange fait de sang et de violence, différent des auteurs sud américains. Bonne lecture. Amitiés
C
Salut Pierre<br /> Un roman qu'on ne peut que conseiller. Une histoire baignant dans une sourde et constante violence, qui en dit long sur les réalités du Brésil, démocratique mais un peu trop politico-religieux.<br /> Amitiés.
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P
Salut Claude, tous les aspects politiques sont abordés sans que ce la soit pompeux. Le rythme est incessant, l'ambiance y est, les personnages formidables ... je pourrais citer plein de qualités qui font de ce roman une excellente découverte. Merci à toi grâce à qui j'ai ouvert ce roman ! Amitiés
G
J'attends avec impatience de le lire!
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P
C'est une très bonne découverte comme je le disais. Un roman policier avec un vrai fond social et qui va vite. A ne pas rater

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