Ce blog a pour unique but de faire partager mes critiques de livres qui sont essentiellement des polars et romans noirs. Pour me contacter : pierre.faverolle@gmail.com
Sophie était heureuse, avant. Avant qu'elle ne devienne folle, que tout se mette à déraper, à lui glisser des doigts, du cerveau. Des passages à vide, une accumulation de petites choses qui, au
départ, ne semblaient pas bien graves, mais qui tournent en spirale jusqu'aux drames, et des plus horribles. Lorsque nous la rencontrons, elle croit être au plus bas. Elle a tout perdu, son
boulot, sa maison, le bébé qui grandissait en elle, son mari, sa mère. Elle est devenue garde d'enfant, mais voilà qu'elle prend en grippe également ce petit bonhomme de six ans. Sophie a des
trous, des absences, elle ignore ce qu'elle fait. Ce matin-là, un réflexe de survie prend les commandes, et... Elle descendra beaucoup plus bas, elle ira beaucoup plus loin...
Ce roman se décompose en trois parties. La première ne m’a pas particulièrement emballé, même si a posteriori, elle ne fait que préparer la
suite, et quelle suite ! Quand on quitte Sophie pour se retrouver dans la partie de Franz, alors tout bascule dans l’horreur. La lecture devient poisseuse tant on assiste impuissants à des
actes, non pas gore, mais psychologiquement durs. Et tout cela amené comme un journal intime.
Là on assiste à un grand moment de littérature. On se fait mener par le bout du nez. On y croit à fond. On ne peut plus lâcher ce bouquin et on
se demande comment cela va finir. Et la troisième partie vient finir tout cela en apothéose. Que du très bon. Pas un chef d’œuvre car j’aurais aimé une première partie plus prenante (peut-être le
style et l’accumulation de petites choses qui nous font un peu décrocher par manque de vraisemblance). Mais en persévérant, on termine ce livre à bout de souffle en ayant conscience d’avoir vécu
un grand moment dont on ne ressort pas indemne.
Alors, à la fin, on est mitigé à cause du début. Mais Pierre.Lemaître m'aura bien mené en bateau. C’est comme si on voyait un film du grand
Hitchcock. Ça démarre doucement avec une héroïne qui n’est pas innocente mais qui s’enfonce dans les méandres de la folie, et on ressort avec une histoire de manipulation comme j’en ai rarement
lu. On passe un très bon moment de lecture avec ce « Robe de marié », pourvu qu’on ait le courage de dépasser la première partie.