Ce blog a pour unique but de faire partager mes critiques de livres qui sont essentiellement des polars et romans noirs. Pour me contacter : pierre.faverolle@gmail.com
Une nouvelle collection vient de voir le jour chez Krakoen. Des petits livres de 20 pages, au prix de 2,80 euros, pour agrémenter vos voyages ou bien votre petit déjeuner autour d’un petit café … euh … d’un petit noir. J’ai pris énormément de plaisir à lire ces histoires, dont voici les quatrièmes de couvertures :
Gun
de Max Obione : C’est qu’il voulait causer, ce con ! On cause pas quand on a le canon de mon gun dans le trou de son nez, on chie dans son froc. Il devait avoir des Pampers, ma parole ! Il
nasillait des choses que je pigeais même pas. Ses yeux disaient : « T’es pas cap ! » C’était la guerre. Ah ce con, il était pas de taille, sa tête a explosé, ça m’a fait des salissures.
Rouge / Blanc de Gérard Streiff : “Pardonnez-moi l’expression, cher docteur, mais la cerise sur le gâteau, comme on dit ici, c’est le Montrachet. Un Blanc. Pour finir en
beauté.” L’Américain avait appris jadis une expression bien française sur le mélange des vins. Le blanc et le rouge, le blanc avant les rouges. Mais c’était à présent trop embrouillé dans sa
tête. Il ne retrouvait plus la formule. Il se mit à rire.
Pigeon d’hiver de Claude Soloy : Une fille dans le feuillu du parc qui vient à sa rencontre, elle est sombre mais son ombre vaut le déplacement. Elle marche rapidement.
Elle progresse, nez dans le vent, dans l’ignorance de la pigeonnaille noire et de sa présence. D’où vient-elle, vivra-t-elle jusqu’à demain, arrivera-t-elle où on l’attend, sur le trottoir du
boulevard, sur la bouche de son amant, question, question ?
Sniper bleu de José Noce : Depuis le début de sa carrière Erri n’avait dégommé que des nuisibles. Rien que des nuisibles. Et il comptait bien s’en tenir là. Un nettoyage
éthique… La cible ne pouvait venir que de cette route sinueuse en macadam usé, dont il surveillait sans discontinuer les rares passants, pédestres lents ou véloces. Seuls les véloces à pied
l’intéressaient…
Super haine de Jeanne Desaubry : C’est Sand qui a eu l’idée géniale du mioche. Sa soeur fait du baby-sitting, il n’y avait qu’à emprunter le môme pour avoir la couverture
idéale. Sauf qu’il y a quelque chose qui ne va pas avec ce mioche-là ! Il hurle sans arrêt depuis qu’elle traîne dans les rayons. Difficile de faire moins discret.
Je viens de les dévorer lors d'un voyage professionnel. Une heure de TGV, une heure de pur plaisir. Alors, bien sur, on a ses préférés. Mais tous se rejoignent sur
un point : Une histoire simple, des personnages vivants, une écriture de grande qualité et toujours de l'humour, qu'il soit noir, cynique, méchant ou de "mauvais" goût. Un excellent moment de
lecture.
Tous ces petits noirs ont un point commun : Ce sont des tranches de vie, tranchées dans le vif, avec un amour pour les personnages : Du noir brut et pur pour Max
Obione, de la culture avec un gros éclat de rire à la fin pour Gérard Streiff, de jeux de mots en mots de jeux pour Claude Soloy (à lire et à relire celui là), du polar pur et dur pour José Noce,
de la chronique d'une banlieue avec beaucoup de tendresse (cruelle) pour Jeanne Desaubry.
La bonne idée aussi, c’est de les avoir numérotés : de quoi commencer une nouvelle collection. Dans les transports en commun ou bien devant un petit café, des
histoires fort bien racontées qui ne laisseront pas indifférents. C’est aussi l’occasion de découvrir à bon prix l’univers de nouveaux auteurs … ce qui est mon cas. Tentez l'expérience, vous ne
le regretterez pas.