Après Scarelife de Max Obione, voici une récidive en bonne et due forme chez les éditions Krakoen, avec un auteur à découvrir et une quatrième de
couverture aussi alléchante que mystérieuse.
Extrait de la quatrième de couverture : Un beau jour sur une petite île, un type est débarqué d'un hélico avec une oreille en moins, et un petit trou en plus dans la tempe. Sur le point de trépasser, on le ranime avec toutes sortes de petits cailloux blancs aiguisés comme les dents des requins du même métal. Doucement, avec plus ou moins de tact, on ressuscite sa surprenante réalité.
En réalité, Ludo Tana est professeur de français qui a un défaut : il tombe facilement amoureux, et vient de tomber amoureux d’une de ses étudiantes. C’est ce défaut qui va l’entraîner dans un chantage qui va le dépasser : Raymond Lopes se présente à lui comme un flic faisant aussi partie d’une organisation la C.C.S.M. qui élimine des personnes néfastes à la société. On va donc demander à Ludo de tuer 7 personnes. Puis il va se retrouver dans un asile psychiatrique complètement amnésique.
Comment fait on quand on devient amnésique ? Vraiment amnésique ? Amnésique au point d’oublier non seulement son passé, mais aussi son vocabulaire ou la grammaire. C’est le pari que s’est lancé José Noce dans ce roman, au suspense fort bien entretenu et à la forme curieuse et déconcertante. Et la construction et le style jouent un grand rôle dans cette histoire. Je m’explique.
Ludo est enfermé dans un asile psychiatrique. Il a tout oublié. Et donc, il va se reconstruire, en se basant sur les lectures qu’on lui donne, en interprétant les phrases qu’on lui raconte, en notant tout dans son carnet de notes personnel. Alors, on a droit au début à un homme qui écrit ce qu’il entend sans comprendre le sens des mots. Puis, il se forge une image de ce qu’il est, du monde qui l’entoure, agrémenté en cela par ses souvenirs qui reviennent par bribes.
Je parlais de la construction : l’auteur alterne un extrait du journal de Ludo avec un souvenir écrit à la troisième personne. Comme l’intrigue n’est pas chronologique, il faut accepter le jeu du puzzle. Si on entre dedans, cela devient très intéressant et nous pousse à cette réflexion de la manipulation des gens par le savoir. Finalement, nous ne pouvons raisonner que par rapport aux données et informations que l’on nous donne, vend, inculque. Au final, c’est un roman très intéressant, plus profond qu’il n’y parait, pour peu que l’on accepte la forme imposée par l’auteur. On pourra juste reprocher une structure répétitive de l’intrigue rythmée par les 7 meurtres.
Enfin, si l’on regarde le dictionnaire, bousillage veut dire : Grosse erreur, ouvrage bâclé. Ce roman ne l’est pas lui, un bousillage; pour le monde, je vous laisse y réfléchir. Vous me rendrez vos copies pour la semaine prochaine.