Voici
un roman bien mystérieux et plein de qualités, dont je n’avais pas entendu parler à part chez l’ami Bruno de Passion polar et c’est un rendez vous fort réussi avec une auteur dont il va falloir suivre
les prochaines productions.
En France, dans un petit village, un incendie vient de détruire une maison de la communauté des Purs et de faire sept victimes. Les Purs, c’est une communauté proche des Amish, qui vit recluse loin des autres, refusant toute technologie ou progrès de la science. Ainsi, il n’y a ni électricité, ni eau courante et ils vont faire leurs courses dans le village d’à coté sans se mêler à la population. Une fois que l’on a quitté la communauté, on n’y revient pas, devenant un renégat.
Audrey Grimaud est aujourd’hui journaliste. Elle revient dans ce hameau pour couvrir cet incendie, et se rappelle les vacances qu’elle venait passer ici, chez ses grands parents. Son père avait quitté le hameau pour devenir avocat, et parfois défendre les gens du hameau. Pour cela, il était toujours accepté, sauf par certains. Audrey se rappelle sa jeunesse, sa solitude, sa volonté d’apprendre, de comprendre.
Audrey se rappelle aussi une série de meurtres qui a marqué le hameau. Cette série de meurtres était perpétrée par « L’Empailleur ». Il y avait une vraie progression dans les meurtres, dont on retrouvait les corps horriblement mutilés, dont on ne retrouvait que la peau, empaillés. Audrey sent bien qu’elle va devoir se replonger dans les secrets du passé, et qu’elle est impliquée.
Ce roman est une belle découverte, composé de trois parties complètement différentes. La première partie, qui se nomme L’incendie, est tout simplement impressionnante. On y lit l’enfance d’Audrey, avec toutes ses découvertes et toutes les interrogations d’une jeune fille d’une douzaine d’années. C’est tellement bien écrit que l’on a l’impression de lire un conte, et c’est aussi bluffant qu’un Darling Jim de Christian Mork ou que le film Witness de Peter Weir. Pour continuer les compliments, on n’est pas loin des Marécages de Joe Lansdale.
La deuxième partie, qui s’appelle L’Empailleur, nous décrit par le détail l’enquête de Audrey, et si la narration devient plus classique, l’angoisse monte progressivement, sur la base de description de petits bruits, sur des impressions, sur des réactions paranoïaques, et comme on connaît par le détail le passé de Audrey, que l’on s’est attaché à elle, on marche, on court avec elle, à ses cotés, et la tension monte, tout doucement.
Et puis, il y a la troisième partie, intitulée Le Lac, qui nous donne les clés de ce roman et sans vouloir dévoiler l’intrigue, elle est surprenante, tout en étant parfaitement réaliste, cruelle et brutale. Mais au global, si le contexte est violent, elle n’est pas étalée, l’auteur préférant décrire et faire ressentir des ambiances pour faire monter la mayonnaise du suspense et du stress. Et c'est d'autant plus cruel pour le lecteur, avec une telle chute. (Note : je suis content, je n’ai rien dévoilé !).
Que ceux qui cherchent des romans d’action passent leur chemin. Ce roman en trois parties distinctes et différentes fait montre de nombreuses qualités, et j’avoue avoir adoré la première toute en finesse et sensibilité. Ce roman est plutôt à classer du coté d’un Johan Theorin tant les paysages y ont de l’importance et c’est un roman passionnant que j’ai refermé avec tristesse, car je m’étais habitué au style fluide de l’auteur, malgré la brutalité de la dernière partie. Je vous le dis Sonia Delzongle est une grande conteuse que l’on est prêt à suivre partout.