Ce blog a pour unique but de faire partager mes critiques de livres qui sont essentiellement des polars et romans noirs. Pour me contacter : pierre.faverolle@gmail.com
J’avais découvert Helene Tursten et son personnage principal Irene Huss lors de la sélection Polar SNCF de l’année dernière. C’était Un torse dans les rochers. Voici donc une nouvelle enquête de notre inspecteur, une enquête bien complexe et fort bien
menée.
Le proviseur d’un lycée prévient son ami Andersson, le chef de la police criminelle de Göteborg, qu’un de ses enseignants, le professeur Jacob Schyttelius, manque à l’appel. Andersson part avec l’inspecteur Irene Huss dans un cottage situé au sud de la Suède, perdu au fond des bois à côté d’un lac. Le professeur est retrouvé assassiné de deux balles dans la poitrine et dans la tête. Quand Irene va annoncer la nouvelle aux parents du professeur, le pasteur Sten Schyttelius et sa femme, sont découverts assassinés, couchés dans leur lit au presbytère avec chacun une balle entre les deux yeux.
Les points communs entre les deux meurtres sont qu’un pentagramme inversé (une étoile à cinq branches) a été dessiné sur l’écran de les écrans de leur ordinateur avec le sang des victimes et que le contenu des disques durs des ordinateurs a été soigneusement effacé. Très vite, la piste des satanistes semble évidente, d’autant plus que peu de temps auparavant, une chapelle a été brûlée par eux et que le pasteur était à leur recherche. De la famille, ne reste plus que Rebecka qui travaille à Londres. C’est une informaticienne de génie et Irene va devoir aller à Londres pour l’interroger, sachant qu’elle est en dépression, et qu’elle est entourée de deux personnages intrigants : son collègue de travail et son médecin psychiatre.
Que de mystère dans ce livre ! L’enquête se déroule lentement ,au rythme des interrogatoires fort bien écrits, et petit à petit, les langues se délient, les intrigues se nouent, les pistes se multiplient pour au final mieux nous perdre en conjectures et suppositions. Helene Tursten a un sacré talent pour nous mener par le bout du nez, et ce roman là est meilleur encore que le précédent. Car les dialogues sont mieux faits, les pistes plus nombreuses, l’intrigue mieux construite qui oscille entre église, satanisme et ambitions de chacun.
Le personnage de Irene Huss occupe clairement le devant de la scène. C’était moins évident dans le précédent. Elle a un don pour démêler les fils d’une pelote de laine bigrement compliquée. Et on retrouve ce que j’aime dans cette série, c’est le partage entre sa vie privée et sa vie professionnelle. Irene est confrontée à des horreurs dans son métier mais elle retrouve une certaine tranquillité avec sa famille. J’attends avec impatience le moment où son petit monde personnel va dérailler. Là, le personnage de notre inspecteur deviendrait l’égal d’un Wallander. Attention, je ne compare pas Helene Tursten à Hennig Mankell, mais si le personnage de Helene Tursten évolue dans un registre un peu plus noir, alors nous aurons droit à de grands moments de littérature policière.
Car c’est l’un des plus beaux compliments que l’on puisse lui faire. Les enquêtes sont fouillées, bien construites, les dialogues font avancer l’enquête, et la simplicité de l’écriture nous donne beaucoup de plaisir à la lecture. Dans ce genre de roman policier, on cherche le coupable en avalant les pages, on reste à l’affût d’une incohérence ou d’un indice tombé du ciel pour trouver un reproche à faire au roman. Mais non ! C’est du très bon roman policier élaboré avec minutie. De la belle ouvrage ! Et il ne reste plus qu’à attendre la prochaine enquête pour voir l’évolution du personnage féminin sympathique qu’est Irene Huss.