Ce blog a pour unique but de faire partager mes critiques de livres qui sont essentiellement des polars et romans noirs. Pour me contacter : pierre.faverolle@gmail.com
Je vous avais
parlé il y a quelque temps de l’arrivée d’une nouvelle collection de romans noirs et thrillers, édités par Prisma. Voici un de ces titres, qui a toutes les qualités d’un bon page turner, et que
j’ai dévoré avec beaucoup de plaisir.
Caroline Kayser travaille chez Dana Oil, une entreprise danoise d’exploitation du pétrole. Evidemment, Dana Oil a du mal à passer au travers de la crise financière. Un plan social est à envisager, mais les salariés ne savent pas sur qui cela va tomber. Elle travaille au Corporate Social Responsability & Communication, le service chargé de l’éthique de la société. Justement, elle vient de recevoir un mail de son chef Markvart la conviant à une réunion à 16H. Lors d’un déjeuner à la cantine avec son collègue des DRH Viktor, il lui confirme qu’il y a des listes mais qu’elle fait partie de celle des « Peut-être viré ». Donc, le rendez-vous de 16H ne peut pas être pour la virer.
Effectivement, Markvart lui demande d’accepter une mission au Kenya, où ils sont en train de chercher du pétrole. Leur antenne là-bas est dirigée par un dénommé John Hansen, un vieux de la vieille qui lui mènera la vie dure. Le problème ? Une dénommée Mama Lucy accuse Dana Oil de faire du mal à son village, Asabo. Dans cette situation, Caroline ne peut qu’accepter cette mission. Sur une des dernières lettres de Mama Lucy est écrit : « Un homme blanc enlève des petites filles à Asabo. Elles disent qu’il leur fait de mauvaises choses. »
Caroline n’a d’autre choix que d’accepter cette mission imprévue. Effectivement, John Hansen se révèle arrogant, voire menaçant puisqu’il termine leur entrevue en lui interdisant d’aller à Asabo sinon … Le problème, c’est que peu de temps après l’arrivée de Caroline, Mama Lucy est retrouvée assassinée …
Prenez une femme plutôt sympathique, empêtrée dans ses problèmes personnels, et obligée de prendre une mission suicide dans un pays dont elle ne connait rien. Accumulez les problèmes, sans aucune issue, jetez là en plein milieu d’un marasme qui va vite s’avérer un brouillard inextricable, et vous aurez quelques règles pour construire une intrigue de page-turner.
Sauf qu’il faut quand même savoir écrire des situations, des personnages, sans en faire trop, mais en étant juste descriptif comme il faut. Eh bien, je me suis laissé prendre au jeu de ce roman, parce que justement, le sujet, parfois gros, trop gros m’a intéressé et parce que c’est tout de même bien écrit. Il y a ce je ne sais quoi qui m’a accroché. Pour vous dire, j’avais à peine relevé la tête du bouquin que j’en étais déjà à la page 200.
Si le roman est centré sur quelques personnages, les chapitres alternant entre Caroline, John Hansen et Sally une petite fille qui s’est fait violer, quelques descriptions par ci par là nous immergent dans le Kenya d’aujourd’hui (des villages aux bidonvilles). Et si j’en aurais aimé un peu plus, je dois dire que ce n’était pas lourdingue à lire loin de là.
Arrivé à 100 pages de la fin, on finit par connaitre le nom du coupable. Et c’est là que Helle Vincentz décide de vous prendre à la gorge. Car les dernières pages vont tomber dans une noirceur implacable. Alors que l’on était gentiment emmené tout au long de l’intrigue, les émotions de la fin sont d’autant plus fortes. Vous espériez un Happy end ? Mais comment peut-il en être ainsi avec un tel sujet ? Voilà un roman remarquablement bien fait car il remplit sa fonction : Faire du divertissement en ouvrant les yeux du lecteur. Mission remplie pour moi, en tous cas.