Ce blog a pour unique but de faire partager mes critiques de livres qui sont essentiellement des polars et romans noirs. Pour me contacter : pierre.faverolle@gmail.com
Ce sont donc trois nouveautés qui viennent de débarquer, et deux rééditions en format poche. Comme je n’ai pas lu les quatrièmes de couverture (private joke pour Jimmy), voici donc ce que nous réserve Jigal par ces températures négatives :
J'AI FAIT COMME ELLE A DIT de Pascal Thiriet :
Elle c’est Sahaa, lui c’est Pierre. Elle est un peu asiatique, lui plutôt méditerranéen. Il est amoureux d’elle, elle est craquante et
déjantée... Par hasard elle est devenue la clef vivante d’un coffre-fort abritant une découverte scientifique qui pourrait faire sauter la planète... un secret que certains voudraient voir
disparaître au plus vite ! Pour échapper à une bande de tueurs qui dézinguent à tout va, Pierre et Sahaa – parfois chasseurs, parfois gibiers – décident de prendre la tangente, le pactole en
ligne de mire... L’Allemagne abritera furtivement leurs émois, Anvers gardera une trace sanglante de leur passage, à Zurich se profilera la thune... Et tout au bout du voyage, après cette fuite
éperdue, peut-être que Venise leur ouvrira les portes du paradis
Sur la bande son, les Garçons Bouchers chantent «... dans la salle du bar tabac de la rue des martyrs...» À l’écran, dans un train, un bus ou une limousine, dans un hôtel de luxe ou au cœur du Barbès helvétique, avec dans les rôles principaux, une Sahaa corrosive et pétillante et un Pierrot lunaire... Pascal Thiriet nous entraîne pour ce premier roman sur la banquette arrière d’un road-movie particulièrement allumé entre rockers alternatifs, chercheurs de miracles, call-girl diplômée en astrophysique, skinhead(e) au cœur tendre, banquiers avides, assureurs véreux, drogués repentis, tueurs énervés et gosses de riches plus vrais que nature. C’est une fuite éperdue qui déménage, drôle, sensible, souvent caustique, parfois philosophe mais toujours exaltée...
BESO DE LA MUERTE de Gilles Vincent :
« En parcourant les derniers mètres avant la pension, Aïcha Sadia songea aux troubles ressentis face aux crimes atroces. Elle avait appris, il y a
longtemps, que ces troubles ne forment en fait qu'un habile déguisement de l'âme. La mort, se dit-elle en poussant la porte d'entrée, pareille à une vieille enjôleuse, n'en finirait sans doute
jamais de fasciner les vivants...» Août 1936, en Espagne, on assassine Garcia Lorca, accusé de sympathie républicaine. Août 2011, à Marseille, on découvre le corps calciné d'une femme, abandonné
entre les rails. Entre ces deux morts, s’écrivent les tragédies du vingtième siècle, les secrets d’État, les coulisses de la démocratie espagnole naissante et la passion dévorante d’une jeune
femme pour l’ombre du poète... Entre ces deux âmes suppliciées, un pacte étrange, bien au-delà du temps, va profondément bousculer la nouvelle enquête de la commissaire Aïcha Sadia...
Il le dit lui-même... au travers de ses romans, un seul sentiment l’intéresse, le sentiment amoureux et ses multiples déclinaisons : aimer, quitter, désaimer, découvrir, être quitté, retrouver, perdre, attendre, espérer... Dans BESO DE LA MUERTE, c’est la passion poussée jusqu’à la folie qui est ici mise en scène. Un soir qu'il rentre chez lui, plus imbibé que d'habitude, Thomas Roussel, commissaire à la PJ de Pau, ne sait pas que sa vie va lui péter à la gueule. Claire, sa jeune compagne, au final d'une soirée apocalyptique, lui balance ses quatre vérités, rassemble ses affaires et claque la porte. Départ sans retour. Dépression, alcool, nuits blanches et bitures à répétition. Jusqu'à ce qu'il rencontre Délia qui le sort de la mouise. Non contente de l'extirper de la bibine, la belle Délia lui offre ses bras, l'amour et tout le tralala... Quatre ans plus tard, jour du mariage. Thomas Roussel danse au milieu des flonflons... Le téléphone sonne. C'est Claire, qui appelle de Marseille, qui dit qu'on va la tuer, qui le supplie de venir la chercher, de la sortir de là... Le lendemain, des cheminots marseillais découvrent le cadavre calciné d'une jeune femme. Roussel prend sa bagnole et fonce, tandis qu’à Marseille, la commissaire Aïcha Sadia prend l'affaire en main.
TORTUGA'S BANK de André Blanc :
On est en juillet, c’est la canicule et dans le salon d’un appartement bourgeois du centre-ville de Lyon, les mouches s’en donnent à cœur joie... Le
commandant Farel, chef de groupe de la BRB, ruisselant de sueur, se penche sur le cadavre de l’ancien préfet, assassiné quelques jours plus tôt. Des bibles rares et hors de prix ont été dérobées
tandis que les bras en croix, le corps semble disposé pour un rituel religieux... Au fil de l’enquête, un monde souterrain sort de l’ombre : magouilles politiques, détournement de fonds, mafia,
blanchiment et banques exotiques... La ville semble être tenue par un certain Vauclin, un curieux personnage, proche du pouvoir, ancien communiste devenu affairiste sans scrupule. Matignon
s’inquiète, des réseaux parallèles entrent en action... Un contrat est lancé, un flic est abattu, un autre dans le coma... Touché au cœur, Farel, ex-commando indestructible, va alors s’affranchir
de la loi et réactiver son propre réseau pour se jeter dans la bataille...
À Lyon comme ailleurs, quand les cadavres commencent à joncher les arrière-cours, il est temps de faire le ménage... Et Farel, en découvrant ce matin-là le cadavre d’un ex-préfet, se doute bien qu’il vient de mettre le nez dans un dossier explosif... En ville le business prospère, mais les bruits courent et plusieurs affaires qui se télescopent – la femme d’un notable qui vient d’être enlevée, un contrat qui plane sur la tête d’un flic – créent un climat de suspicion générale... Le binôme F2 – c’est ainsi qu’on surnomme dans les dîners en ville la juge Fournier et le commandant Farel ¬– est le grain de sable qui en haut lieu, en irrite plus d’un... Mais face au mystérieux Lupus et ses loups lâchés dans la nature, seront-ils de taille... ? De ses fonctions politiques passées, André Blanc se serait-il inspiré ? Un vieux proverbe local ne dit-il pas : « Paris pour voir, Lyon pour avoir » ?
LE CHASSEUR DE LUCIOLES de Janis Otsiemi (réédition en format poche)
À Libreville, une prostituée est découverte sauvagement assassinée dans un motel de la périphérie. Les agents de la PJ — de fidèles abonnés des
bordels de la capitale — pensent tout d’abord à un crime de rôdeur... Quand une seconde fille est retrouvée égorgée dans un autre hôtel du quartier, les policiers sont encore loin d’imaginer
qu’ils ont affaire à un client bien décidé à nettoyer la ville de toutes ses lucioles... Celui qui te veut du mal la nuit a commencé à t’en vouloir le jour. C’est dans ce climat de psychose
générale que les gendarmes de la DGR enquêtent de leur côté sur le braquage d’un fourgon de la Société Gabonaise de Sécurité dont le butin de plusieurs millions de francs CFA attise bien des
appétits...
Après LA BOUCHE QUI MANGE NE PARLE PAS, un roman unanimement salué par la critique, Janis OTSIEMI récidive aujourd’hui avec LE CHASSEUR DE LUCIOLES. Présenté à juste titre comme un des talents africains actuels dans le domaine du polar, Janis OTSIEMI avec « sa verve extraordinaire, nous donne à voir la face cachée de l’Afrique » (ALIBI). Il dresse un portrait brutal et sans complaisance non seulement des bas-fonds gabonais, mais aussi d’une société où le pouvoir et la corruption règnent en maître ! Janis Otsiemi décrit admirablement Libreville, « cité cosmopolite rongée par la criminalité, la prostitution, le chômage, le délabrement des infrastructures, le népotisme et le détournement de la manne pétrolière... » Ici la galère n’a de frontière que la misère, alors pour s’en sortir, tout n’est pas forcément permis, mais à l’évidence, tout est toujours possible ! Et puis il y a la langue, les mots de Janis OTSIEMI, « toniques et agiles comme le cabri », bruts, imagés, drôles, savoureux, son style, vif et coloré « aux trouvailles langagières qui font étinceler le récit » (LIBÉ). « Une langue entre deux rives, moins un jargon qu’une force de frappe » (K-LIBRE). Un vrai talent à (re) découvrir d’urgence.
MARSEILLE LA VILLE OU EST MORT KENNEDY de Maurice Gouiran (réédition en format poche)
En 1963, à Marseille une époque tire à sa fin. À Dallas, le président Kennedy meurt sous des balles inconnues. Quelque quarante ans plus tard,
Clovis Narigou toujours plus enclin à se laisser nonchalamment vivre dans les collines de l’Estaque qu’à venger la veuve et l’orphelin, se voit, bien malgré lui, embarqué sur les traces des
assassins de JFK. Et de la French Connection aux grèves brisées en 47 sur le port, Clovis va rouvrir un pan entier de l’Histoire de Marseille. Un passé peu glorieux et jalonné de morts violentes
où se mêlent politique, hommes de l’ombre, mafia, CIA, complot, milliards de dollars, trafic de drogue et pouvoir. Un cocktail explosif qui des années après continue à malmener truand repenti,
journaliste véreux et malfrat aux dents trop longues...
Dans un de ses polars, on avait croisé Khrouchtchev en balade dans les quartiers nord de Marseille et voilà que surgit Kennedy. Mais... Kennedy mort à Marseille??? A priori, on aurait tendance à penser que Maurice a encore abusé du pastaga lors d’une sieste prolongée au cagnard... Mais, en le connaissant bien, en sachant son goût immodéré pour traquer les failles dans l’Histoire contemporaine... on se dit que peut-être... que sait-on jamais... que... avec lui, il faut s’attendre à tout... Et surtout à la vérité... celle dont on n’a jamais entendu parler, qu’on n’a même pas osé imaginer d’ailleurs... Et bien oui, Kennedy et Marseille... Mais alors, pourquoi? Peut-être parce que Joe Kennedy, le père, et la prohibition? ou Kennedy, le fils JFK, le Vietnam et la CIA? ou bien encore, Kennedy le frère, Bobby, et Cuba? Des raisons, il semble ne pas en manquer... Alors ensuite, de Kennedy à Marseille il n’y a qu’un pas... Et si JFK n’est (apparemment) pas mort sur les quais du Vieux Port, il demeure fort probable que le soleil du midi lui ait fortement cogné sur la tête ! Et Maurice ne s’arrête pas là, puisqu’il profite du passage de son héros, Clovis, à Dallas, pour se livrer à une charge en règle contre les couloirs de la mort aux USA... Utile, impressionnant et une fois de plus citoyen ! Bref, Maurice sort de sa besace un sujet brûlant, prétexte à réflexion sur l’Histoire et ses multiples zones d’ombres... Chapeau... !