Ce blog a pour unique but de faire partager mes critiques de livres qui sont essentiellement des polars et romans noirs. Pour me contacter : pierre.faverolle@gmail.com
Bingo ! Voilà un
premier roman épatant, rempli de qualités et à propos duquel j’ai bien du mal à identifier des défauts. Ce serait un roman à classer du coté des romans policiers, même si on y trouve des aspects
bien stressants et un début bien noir. Mais trêve de palabres et entrons dans le vif du sujet.
Tout commence donc avec un personnage de flic, seul, séparé de sa femme, obsédé par son boulot et alcoolique, accroché qu’il est à sa bouteille de vodka. Il patauge dans une enquête sur un tueur en série qui s’amuse à ajouter des piercings sur ses victimes. Aucun indice ne permet d’avancer. Alors Jeff déprime, et s’enferme le soir chez lui, pour naviguer sur Internet.
Il tombe alors sur un site étrange qui ressemble à une boite noire, qui s’appelle la boite noire. Le code d’entrée de ce site confidentiel est son matricule de flic. Poussé par la curiosité, il entre et, sous pseudo, participe à des forums où des collègues flics comme lui partagent leurs affaires. L’addiction au site est immédiate et intense. Si cela ne l’aide pas dans son affaire en cours, il devient un des participants des plus actifs.
Un nouveau tueur fait son apparition, un tueur de flics. Sa première victime, Catherine, une collègue de Jeff, avec qui il aurait pu avoir une aventure. Ce nouveau coup dur dans la vie de Jeff arrive au moment où le site propose une nuit dans un manoir à huit de ses membres, dont le thème sera de partager leurs enquêtes. Jeff est choisi et rejoint un manoir perdu dans les Ardennes belges. Chaque participant devra amener une boite avec cinq indices concernant une affaire sur laquelle ils travaillent. Le jeu peut commencer …
Ce qui m’a immédiatement attiré dans ce roman, c’est le talent qu’a l’auteur de vous accrocher à une intrigue, cette façon de vous impliquer, de vous plonger dans un lieu, une ambiance, un personnage. Et si la biographie succincte de l’auteur dit qu’il est un touche-à-tout, c’est aussi ce qui transparait dans ce roman. Nous allons en effet avoir droit successivement à du roman noir, du roman policier, du huis clos stressant, des périodes intenses comme un thriller, et tout cela fonctionne à fond.
On débute donc avec ce personnage désespéré de flic solitaire et alcoolique. Rien de bien nouveau, sauf que, magie du style, de l’évocation, on court, on s’imprègne de la noirceur, du désespoir de Jeff. Puis vient l’horreur et un attentat à la bombe visant le plus de flics possibles. Le style devient alerte, l’horreur non décrite mais suggérée. C’est très fort ! Et puis, on entre dans ce manoir et l’intrigue se transforme en huis clos à la Agatha Christie.
Chaque flic, à tour de rôle, va donner des indices qui évoquent une affaire qu’ils ont connue, ou qui les a passionné. Et chaque flic va raconter à sa façon son affaire, dans un chapitre dédié. Si l’auteur n’en rajoute pas dans la psychologie des huit flics, leur façon de raconter leur affaire en dit beaucoup plus, de ceux qui prennent du recul à ceux qui sont impliqués, compatissants, passionnés. Toutes ces affaires, qui ressemblent à des nouvelles, auraient pu faire l’objet d’un roman à elles seules tant les détails de lieux, de personnage, et l’inventivité des intrigues sont grandes. Et même quand on aurait pu penser que cela aurait pu être un point faible du roman, l’auteur le transforme en point fort.
Une fois le principe assimilé par le lecteur, le livre nous regorge une belle surprise, une belle péripétie. Il s’avère que le tueur de flics est parmi eux. Comme ils ne se connaissent que par forum interposé, le stress s’empare de nous, qui du gentil au désagréable, qui de l’effacé à l’extraverti, qui de l’excitante à l’ancien peut donc être le coupable. On entre dans une autre dimension, car on se dit (je me dit) que Madame Agatha Christie n’aurait pas renié ce roman. Le compliment est-il trop grand ? Que nenni ! Lisez ce roman, vous allez être bluffé, emporté, passionné. Et que vous soyez amateurs de thrillers, de romans policiers, ou de romans noirs, C’est dans la boite joue avec tous les genres, et le fait redoutablement bien.
Je ne serai pas juste si je ne parlais pas de la fin. Car elle est aussi réussie que le reste du roman, et se permet même de terminer avec de l’humour noir, bien noir, comme je l’aime. Ce livre est une excellente surprise, un livre mutant qui flirte avec tous les genres, une lecture jouissive qui se termine en apothéose. Et quand je pense que c’est un premier roman, je n’ose imaginer le prochain, même si je l’attends avec impatience. D’ailleurs, j’ai bien envie de le relire, juste pour y déceler les indices parsemés ça et là. En tous cas, ne ratez pas ce roman, c’est du pur plaisir garanti.
N’hésitez pas à aller voir ces quelques articles glanés sur la toile :
http://www.fannylebez.com/polar/c-est-dans-la-bo%C3%AEte-fr%C3%A9d%C3%A9ric-ernotte/
http://www.concierge-masque.com/2012/12/22/frederic-ernotte-cest-dans-la-boite/