Voilà un roman dont j’ai pioché l’idée chez Bernard Poirette de RTL, et outre le fait que ce soit édité en grand format chez J’ai Lu, je dois dire qu’il n’y a aucune chance que j’ai eu la moindre envie de l’ouvrir. Et ce n’est pas le bandeau (qui affiche je cite : « le roman préféré des Norvégiens » ) qui m’aurait fait changer d’avis. Donc, je l’ai acheté. Et cette lecture s’avère fort bien écrite, bien menée et surtout fort dérangeante. Je m’explique :
Le roman se propose de suivre les premières années de Mino Aquiles Portoguesa, jeune indien vivant dans une tribu amazonienne, non encore impactée par l’Homme blanc. Mino se découvre la même passion que son père, à savoir la chasse aux papillons. Son rêve est de pouvoir détenir dans son filet un Morpho, superbe spécimen aux teintes bleues et rares.
Mais la jeunesse de Mino va guider son destin. A l’âge de 6 ans, des hommes armés vont tuer arbitrairement un homme du village, en lui éclatant la tête avec un bout de bois. A l’âge de 9 ans, c’est une femme qui est violée. A 13 ans, alors qu’il revient d’une chasse aux papillons, il retrouve son village incendié, détruit, et les habitants tous massacrés, assassinés, y compris les membres de sa famille.
Il se retrouve alors à errer et rejoindre la ville, quand il tombe sur Isidoro, un magicien qui va le prendre sous son aile et l’élever comme son fils. A nouveau, le drame va le frapper quand quelques années plus tard Isidoro va être brulé vif par des hommes blancs. Il va alors se faire d’autres amis, et former avec eux Mariposa, un groupe terroriste visant les responsables de sociétés occidentales mettant à mal les forêts et les populations amazoniennes.
Ce roman est remarquable, car son écriture s’avère envoutante. La narration est si logique, que l’on a l’impression de lire une biographie romancée. Seuls quelques détails par ci par là viennent nous rappeler que nous sommes dans un pays imaginaire d’Amazonie. Tout est fait pour que l’on prenne partie pour Mino, pour que l’on adhère à son idéologie. De l’atrocité perpétrée par les Américains (qui sont les premières cibles du roman, jusqu’au message d’introduction de l’auteur nous déclarant que les horreurs décrites ne sont rien comparées à la réalité du terrain, tout est fait pour que notre esprit humain se révolte et embrasse la cause de ces pauvres gens.
Quand Mino envisage puis embrasse des méthodes terroristes, la question sur la légitimité de son action se pose. Et nous, en tant que lecteurs, sommes face à un dilemme : peut-on justifier une action violente et terroriste ? Quand on lit la scène de torture sur Mino, qui comporte plusieurs pages, et l’assassinat d’un PDG (sur un paragraphe) qui massacre les forêts au profit de bananiers fort productifs mais dont la durée de vie est de 2 ans et dont la conséquence est de tuer à la fois les populations et la terre en la desséchant, l’opinion de l’auteur est claire et affirmée.
Pour le lecteur que je suis, par contre, la cause est plus compliquée. Parce qu’il n’est pas directement impliqué (quoique …) mais surtout parce qu’il a du mal à justifier toute action violente, aussi ciblée soit-elle. L’auteur a tendance à nous positionner devant nos responsabilités, même s’il prend parfois fait et cause pour les Indiens. Même quand Mino perd le contrôle sur son organisation et ses actes meurtriers quand d’autres se revendiquent de son mouvement, l’auteur montre un Mino désintéressé. Quand les journaux parlent des meurtres, ils parlent de terrorisme, et Mino pense que les media sont à la solde de ceux qui détruisent sa jungle, et là encore, l’auteur montre son parti pris par la façon de traiter ce passage.
En tout état de cause, c’est nous que l’auteur questionne au travers de cette histoire. Ce roman est bien plus insidieux qu’il n’y parait et s’avère bigrement intéressant par les interrogations qu’il soulève. Outre qu’il est remarquablement écrit et qu’il se termine par un « Fin de la première partie », c’est le genre de livre que l’on gardera en mémoire un certain temps, et dont on se rappellera quand on ira en supermarché acheter son bocal de Nutella … fait à base d’huile végétale. Ne ratez pas ce livre, dur et sans concession.
Je n'ai rien contre ce genre de livre qui dérange mais je ne suis pas sure de me laisser tenter... souvent Bernard POirette propose des livres tentants mais qui me semble trop noir pour la petite lectrice fleur bleue que je suis... ( j'adore les chroniques de Bernard Poirette ceci dit! )
Olala quelle violence... il faut arreter de lire des polars!!!! mes pauvres pitchounes!
P
Pierre FAVEROLLE
14/09/2014 15:36
Il ne te reste plus qu'une chose : Frapper tes élèves. <br />
:D
T
titoulematou
14/09/2014 14:49
j'ai vu!!!!!mais café pas bon pour calme maitresse
P
Pierre FAVEROLLE
04/09/2014 21:26
Bois du café ! <br />
Au fait, au cas où tu n'aurais pas remarqué, ce blog n'est plus alimenté en nouveautés depuis cette semaine, au profit de blacknovel1.wordpress.com
T
titoulematou
04/09/2014 19:28
Oui mais après je suis fatiguée, je m'énerve et je ne supporte plus les pleurs de mes loulous....
P
Pierre FAVEROLLE
31/08/2014 14:21
Il suffit de dormir moins !
T
titoulematou
31/08/2014 11:54
Bon je le note alors ..... j'aurais peut-être l'esprit à ça pendant les prochaines vacances ( la ma lecture s'appelle " apprentissages progressifs de l'écrit en maternelle" Ca ne fait pas peur du tout mais c'est frustrant quand on voit tout ce que l'on aimerait faire et que l'on ne pourra pas faire faute de temps ...
P
Pierre FAVEROLLE
29/08/2014 20:58
un roman à lire. En espérant que J'ai lu publie la suite. Et courage mon ami, je surveille les explosions !
E
enervé ce jour
29/08/2014 11:02
tu sais, mais le dis à personne, j'ouble m^me certaines chroniqes et les miennes et surtout celles des autres dusite^^<br />
mais ce livre m'avait durablement marqué, parce 'il était resté dans les tiroirs longtemps, et sa dureté<br />
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après il est impossible de regarder tous les blogs ou site, franchement on est pléthores. Surtout en polar ou thriller, le pendant de la production littéraire actuelle, trop de livres<br />
je réfléchis à un tri sélectif de maison d'éditions à une radicalisation en ce moment....<br />
c'est pas la peine qu'on soit 150 à encenser le même livre.....<br />
je réfléchis, donc si tu entends un grand boum à Lyon, c'est pas la raffinerie, c'est moi qui n'aurait pas trouvé ^^<br />
amitié mon poteau
P
Pierre FAVEROLLE
28/08/2014 20:42
Eh oui, et ce n'est pas un livre dont il est facile de parler. Je n'avais pas vu que tu en avais parlé alors je vais aller voir ça !
P
Pierre FAVEROLLE
28/08/2014 20:41
Je pense honnêtement que tu devrais le lire. C'est un excellent roman qui m'a dérangé certes, mais qui vaut très largement le détour. Et c'est moins noir que ce que j'ai présenté. Il y a juste une scène violente.
Z
zen
28/08/2014 16:44
je l'ai chroniqué, un monstre ce livre qui date des années 80 en plus, haureux que tu en parles on n'a pas été nombreux
J
Jean-Marc
25/08/2014 10:31
Il fait partie de ceux que je voudrais lire, si je trouve le temps.<br />
Et je n'achète pas de Nutella, c'est pas bon !
Tu devrais prendre le temps de jeter un oeil dessus. Si ça ne te plait pas, tu l'arrêtés. Mais je suis curieux d'avoir ton avis dessus ! Amitiés
L
La Petite Souris
24/08/2014 22:45
bon au choix, soit tu m'eppelles le nom de l'auteur, soit celui du volcan islandais qui est rentré en éruption il y a 4 ans ! pour ce qui est du livre, ta chronique est pas mal non plus ma poule ! j'ai le bouquin, c'est vrai qu'il m'intrigue, plusieurs fois pris en main, je l'ai pour le moment reposé. Je vais bien finir par l'ouvrir ! :)
C'est un livre qui devrait t'intéresser, je pense. Et tu nous ferais un article dont tu as le secret ! Amitiés
S
Sandrine
24/08/2014 21:37
Jamais entendu parler de ce roman, mais ton billet retient mon attention. Voilà un livre qui grâce aussi à sa construction nous amène à nous interroger, à remettre en cause des points de vue qu'on croit légitimes et bien arrêtés : ça m'intéresse.
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Ce blog a pour unique but de faire partager mes critiques de livres qui sont essentiellement des polars et romans noirs. Pour me contacter : pierre.faverolle@gmail.com