Ce blog a pour unique but de faire partager mes critiques de livres qui sont essentiellement des polars et romans noirs. Pour me contacter : pierre.faverolle@gmail.com
Chaque année, les éditions Points organisent un concours visant à élire le meilleur polar édité chez Points. Le jury est formé à la fois de jurés professionnels comme de lecteurs, choisis parmi les inscriptions reçues. Je vous avais déjà parlé de Le sang des maudits de Leighton Gage, et on y trouve aussi dans cette sélection Guerre sale de Dominique Sylvain, ainsi que Etranges rivages de Arnaldur Indridason. Cette année, on y trouve aussi deux grands noms du polar, à savoir Donna Leon et Robert Littell.
Brunetti et le mauvais augure de Donna Leon :
Venise est écrasé par la chaleur en cet été. Et comme les affaires ne se bousculent pas, Brunetti s’intéresse à la tante de Vianello, son second, qui retire beaucoup d’argent en liquide chaque semaine, sans qu’il n’y ait une explication. Rapidement, il pense qu’elle a affaire avec un charlatan qui lui vend la bonne aventure. A cela, va s’ajouter une affaire de meurtre d’un greffier qui va intervenir juste quand il envisageait de prendre quelques vacances.
A la lecture de ce roman, le premier de Donna Leon pour moi, je comprends mieux pourquoi cette auteure a du succès. Le style est fluide, le rythme est lent, presque nonchalant, avançant au rythme des gens du sud écrasé par la chaleur de l’été. Et puis, Donna Leon fait la part belle à la vie de ses personnages, créant avec le lecteur une intimité que j’ai rarement retrouvé à part chez Indridason ou Mankell.
Ce roman m’a paru étrange dans sa construction, l’affaire de meurtre arrivant à la moitié du roman. Et comme sa résolution est d’une simplicité extrème, je me demande si cette affaire ne faisait pas un peu du remplissage car dans la première moitié du roman, Donna Leon, au travers de l’affaire de la tante de Vianello, se permet de montrer la corruption généralisée de la société italienne. A tel point que lors d’une discussion lors d’un diner avec sa femme, celle-ci démontre à Brunetti que leur ami restaurateur leur fait payer leur repas en liquide pour éviter de faire une facture. De nombreux exemples de ce genre, du plus petit à de plus graves montrent bien que, quand on n’a plus d’honnêteté, la société va mal. Cela peut paraitre simplet, mais c’est remarquablement bien fait.
Une belle saloperie de Robert Littell :
Lemuel Gunn est un détective privé, ancien agent de la Cia, qui est revenu marqué de sa participation à la guerre en Afghanistan à cause des exactions perpétrées par l’armée américaine. L »homme est qui est revenu est plus cynique mais surtout, comme il le dit lui-même, c’est un homme en colère contre son pays et ses mensonges.
Une jeune femme belle à crever débarque dans son bureau pour lui proposer une affaire qui parait au premier abord extrêmement simple. Emilio Gava s’est fait arrêté dans un bar pour trafic de drogue et la société qui emploie Ornella Neppi a payé la caution du Monsieur 125 000 dollars. Emilio ayany disparu, ils ont peur de perdre les 125 000 dollars. L’affaire se complique quand les photos prises par la presse disparaissent et quand le dossier que la police détient s’avère vide.
Si vous cherchez un polar comme en faisait Raymond Chandler, ne cherchez plus, courez acheter Une belle saloperie. Car vous y trouverez une enquête minutieuse, un personnage agréable à suivre, des flics gentils, des mafieux méchants, des affaires troubles, le FBI, la CIA, et tous les autres services américains qui manipulent les marionettes, des interrogatoires, quelques bagarres mais pas beaucoup, des décors époustouflants, de l’humour, de l’amour et une femme fatale.
Si la recette peut paraitre éculée, démodée, n’en croyez rien. Robert Littell n’a pas pour but d’écrire un chef d’œuvre mais vraisemblablement de s’amuser. Et quand un grand auteur décide de s’amuser, il y a de fortes chances que le lecteur suive. C’est le cas pour ce roman, en ce qui me concerne et même si j’ai deviné la fin un peu tôt, j’ai passé un bon moment avec ce roman que j’aurais lu en deux jours, preuve que c’est bien fait.