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6 novembre 2011 7 06 /11 /novembre /2011 20:30

CalibreVoici donc le dernier roman en date de Ken Bruen, qui fait partie du cycle R&B, initiales de deux des personnages principaux de cette série, à savoir Roberts et Brant, deux flics du sud-est de Londres

Nous voici donc de retour au commissariat de Carter Street à Londres. Alors que le commissariat est à la recherche d’un gang de voleurs de voitures, des meurtres apparemment sans lien se retrouvent reliés entre eux grâce à une lettre qui parvient au superintendant Brown. Le tueur, qui se nomme Ford, affirme avoir tué deux personnes sous prétexte qu’elles étaient malpolies et agressives. La lettre, fort bien écrite, déclare que le massacre continuera en visant toutes les personnes qui oseront être malpolies et désagréables envers leurs congénères.

C’est Porter Nash, l’inspecteur homosexuel, qui est chargé de l’enquête. Son histoire d’amour avec Trevor, le barman, commence à tourner court, d’autant plus qu’il s’aperçoit qu’il le trompe, et qu’il va être visé par le Tueur des personnes impolies. Alors Brant, malgré ses dehors rustres et son humour agressif, malgré son évidente corruption et son agressivité, va aider Porter.

On retrouve aussi Falls, l’agente noire, qui est dégradée au point de faire la circulation, et qui essaie de se sortir de la cocaïne. On retrouve aussi McDonald, marqué par une précédente enquête où il s’est retrouvé sous la menace d’un fusil et Roberts qui est censé diriger tout ce petit monde.

Plus que jamais, dans cette aventure, on retrouve le goût et l’amour de Ken Bruen pour les romans policiers et les romans noirs. On retrouve les nombreuses citations toujours fort à propos en tête de chapitres, et imprimées sur une page à part pour mieux les mettre en évidence, pour mieux marquer le respect à ses grands auteurs.

Le clin d’œil va même s’insérer dans l’histoire car le tueur est un fan de Jim Thompson et de son roman Le démon dans ma peau, et Brant se voit bien auteur de romans noirs tant il voue une devotion à Ed McBain et cette gigantesque fresque qu’est le 87ème district. D’ailleurs il veut écrire un roman vrai et violent dont il a le titre : Calibre.

Au bout de ce roman, dont Ken Bruen fait dire à ses personnages qu’il sera résolu grâce à un gigantesque coup de chance (ce qui est le cas), je me suis rendu compte que Ken Bruen a une ambition : Ecrire un cycle, une œuvre que l’on pourrait comparer à celle de McBain. Et les personnages sont si vivants, si bien faits, que moi qui étais plus fan de Jack Taylor, je viens d’être pris par le virus R&B. A vous d’essayer et vous allez aussi l’attraper !

 

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4 novembre 2011 5 04 /11 /novembre /2011 11:00

ronde-des-innocents.jpgVoici une nouvelle lecture dans le cadre du Prix du meilleur polar organisé par les éditions Points. Par la même occasion, cela me permet de découvrir un nouvel auteur dans ma liste déjà fournie.

Cauterets, Hautes Pyrénées. Vincent, ancien flic qui s’est reconverti en tant que photographe suite à une affaire de trafiquants de drogue qui a mal tourné, apprend que le corps de son frère Raphael vient d’être retrouvé attaché et horriblement mutilé, comme s’il avait été torturé. En fouillant son appartement, il découvre une arme Beretta 92, et dans son courrier une lettre comportant un disque de Eric Clapton sur lequel figurent une femme et un enfant. Raphael lui a donc caché qu’il avait une famille. Sur la dernière image sont inscrits : « Protège les ».

Nice, Le lieutenant de la police judiciaire Justine Néraudeau débarque au lycée Masséna. Un jeune garçon de dix huit ans, Sébastien Cordero a été découvert doublement poignardé, alors qu’il était jugé comme très bon élève sans problèmes en train de réaliser des études préparatoires à Normale Sup. L’enquête va rapidement la mener d’abord vers son ex petite amie puis vers le gang de Carella. Les deux enquêtes vont trouver leur dénouement à la suite d’une fin surprenante.

Ce que l’on ne peut pas reprocher à Valentin Musso, frère de Guillaume, c’est de savoir mener une intrigue. Il nous raconte deux histoires distinctes, bien séparées avant de les rapprocher dans un final surprenant. L’ensemble est plutôt bien fait, et en tous cas, cela se lit très facilement.

Mais là où le livre pêche, c’est dans son rythme, très lent, et dans la psychologie des personnages que j’ai trouvé surprenante voire illogique. Par exemple, Vincent apprend la mort de son frère qui vit dans le même village que lui, donc il le voit souvent ; Eh bien, il n’a plus de chagrin que cela quand il apprend sa mort. Et il se lance dans l’enquête, ce qui est normal ?! Le personnage de Justine aussi m'a paru accessoire, alors qu'il aurait pu avoir un rôle plus important dans cette histoire.

De même, les indices tombent du ciel, les uns après les autres. Cela peut se pardonner au début, mais cela devient vite lassant. Pourtant, un premier roman qui menait deux histoires en parallèle, c’était alléchant, mais finalement, j’appellerai cela un rendez vous raté. J’en tenterai un deuxième avant de me faire une idée, d’autant plus que Cendres froides est sorti cette année et qu’on en a beaucoup parlé. A bientôt donc pour un avis définitif.

 

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2 novembre 2011 3 02 /11 /novembre /2011 20:30

Saucisse is watching youJ’ai un mal de chien à faire cette chronique. Peut-être est-ce à cause de ce temps de chien ? Voici donc ce roman qui n’en est pas un, regroupant les chroniques de Saucisse le chien.

Ce roman est tout simplement irracontable, et je vais juste en dire deux mots : Ce n’est pas un roman, ce n’est pas un essai, ce sont des chroniques sur la vie de tous les jours, racontées à vue de nez (euh pardon, à vue de truffe) pour mieux montrer le ridicule et la bêtise dont on peut faire montre, alors qu’il suffit de prendre un peu de recul pour voir la vie différemment.

Pas de flics, pas de truands, pas d’assassins, pas de chien de pistolet prêt à tirer,  mais un roman drôle, cynique, juste, avec beaucoup de chien. Clairement, ce roman n’est pas fait pour les chiens ni pour que les gens soient comme chien et chat, mais c’est un roman pour passer du bon temps, avec un peu, voire beaucoup de réflexion.

Tout le monde y passe, des politiques aux chauffards, des amis du maître de Saucisse à la télévision, des idiots aux imbéciles. Plus d’une cinquantaine de chroniques écrites au fil de l’eau comme des petites pensées qui remettent les idées en place, une sorte de chien de garde contre la morosité dans laquelle on nous plonge. On y parle même de la rubrique des chiens écrasés.

Tout le monde en prend pour son grade, et ce roman fait l’effet d’un chien dans un jeu de quilles, on dirait un coup de chien, dans un moment où il fait un temps à ne pas mettre un chien dehors. Et le bon conseil que je donnerai, c’est de ne pas le lire en une fois, mais d’y aller comme un chien d’aveugle, d’aller y piocher au hasard avec flair. Ce sera un bon moment de rigolage, souvent jaune comme le chien de la même couleur.

Ah ! le chien ! se disent les lecteurs de cette chronique. Il est trop court, cet article. Ce à quoi je répondrai : lisez le, nom d’un chien ! Je me suis bien marré avec ce roman, qui m’a donné envie de me promener à quatre pattes et de pisser contre un arbre.

 

 

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1 novembre 2011 2 01 /11 /novembre /2011 11:00

Indic-10.jpgAprès le formidable numéro 9, voici le n°10 qui aborde les passerelles et les connexions entre le polar et la SF. C’est un sujet bien difficile et qui mériterait de nombreuses pages, qui ne tiendraient pas dans les 30 pages que contient ce magazine. Alors les amis de Fondu au noir ont décidé d’aborder le sujet différemment en demandant à des auteurs français de donner leur avis. Nous avons donc droit aux avis éclairés de Marin Ledun, Francis Mizio, Antoine Chainas et Jean Pierre Andrevon.

Ayant lu un peu (très peu) de SF, j’ai été surpris de retrouver quasiment tous les romans que j’ai déjà lus. Soit j’ai eu une bonne pioche, soit les livres mentionnés sont de grands classiques et donc j’espère retrouver plus tard un complément à ce dossier SF. D’ailleurs j’ai été surpris de ne pas y trouver L’échiquier du mal de Dan Simmons, mais heureux d’y voir Stephen King, qu’il faudrait que je relise après l’avoir abandonné il y a une vingtaine d’années.

Le summum de ce numéro 10 me semble être la nouvelle inédite de Thierry Marignac. Si elle est parfaitement maîtrisée, il est très intéressant d’avoir indiqué la source d’inspiration de cette œuvre. Pour nous lecteurs, c’est génial.

Enfin, il y a une interview d’un tout jeune auteur que je ne connais pas. Il s’appelle Camille Leboulanger et son roman Enfin la nuit, vient de paraître chez L’Atalante. Et cette interview m’a donné immédiatement donné envie de découvrir cet auteur. A très bientôt donc.

Dans les chroniques de romans, on y retrouve un face à face entre 2 livres parus à la série noire de Gallimard, Préparer l'enfer de Thierry di Rollo et Le bloc de Jérôme Leroy, dont je trouve que l’on parle peu, trop peu.
Bref, vous l’aurez compris, ce numéro 10 est encore un numéro à se procurer d’urgence et à lire avec grand intérêt. Tous les renseignements pour se procurer les numéros de L’indic se trouvent sur le site de l’association Fondu au noir.

http://fonduaunoir44.blogspot.com/

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30 octobre 2011 7 30 /10 /octobre /2011 20:30

samedi 14Je connais les éditions de la Branche pour leur collection suite noire, dirigée par Jean Bernard Pouy, qui était un hommage à la série noire d’antan, et qui comportait 36 volumes. Voici une nouvelle collection dirigée par Patrick Raynal, qui s’appelle Vendredi 13, et dont le principe est de situer un polar un vendredi 13, justement. Et quoi de mieux que de l’initialiser par Monsieur Jean Bernard Pouy lui-même ?

Maurice Lenoir est un cinquantenaire qui vit tranquillement de sa retraite dans un petit village de la Creuse. Petite maison, petit jardin, petite vie tranquille peinarde. Tout se gâte le jour où les CRS débarquent. Mais ils n’ont rien contre Maurice, ils ont été chargés de protéger ses voisins, les Kowa, dont le fils a été nommé ministre de l’intérieur la veille, un vendredi 13. Il semblerait que cette journée porte malheur à Maurice.

Les CRS donc vont sécuriser la zone proche des Kowa, et fouiller consciencieusement la maison de Maurice. Ils vont découvrir dans son jardin des plants de cannabis et vont l’emmener au poste. Mais les gendarmes oublient de fermer la cellule à clé et Maurice va rentrer chez lui, avant de prendre la poudre d’escampette par mesure de prévention.

Dormeaux, fonctionnaire de la DCRI, va assister à ce fiasco. Maurice Lenoir s’avère être en fait Maxime Gerland, le célèbre chef du groupe terroriste Van Gogh. Ce groupuscule dont deux membres sont en prison coupait une oreille à des dirigeants de grandes entreprises. Alors que Dormeaux va subir la pression de sa supérieure Yvonne Berthier, Gerland va fomenter sa vengeance.

Du grand Pouy ! Pas le meilleur, à mon avis, mais un très bon cru. Quand on demande à monsieur Pouy de partir du sujet suivant : « écrire un polar se déroulant le vendredi 13 », il écrit un polar se déroulant le samedi 14. On peut appeler cela l’esprit de contradiction, ou la volonté d’être rebelle.

Il n’empêche que le roman se lit avec beaucoup de plaisir, avec de bons mots, des tournures de phrases qui portent à sourire, et la démonstration que dans cette histoire, à partir d’un grain de sable dans les rouages, les autorités de l’état se mettent à trembler devant un paisible retraité.

Il n’y a pas de psychologie interminable, la règle étant que les actes et les paroles suffisent à décrire un personnage. Les gentils ne sont pas tous gentils, les méchants ne sont pas tous méchants, et quand tout le monde se prend une bonne claque dans la figure, j’avale les pages à la vitesse du son en me disant : Voilà un bon polar comme j’aimerai en lire souvent.

Merci à Gilles Paris pour cette lecture fort distrayante.

 

 

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26 octobre 2011 3 26 /10 /octobre /2011 19:30

Tijuana StraitsIl m’aura fallu neuf mois avant d’ouvrir ce roman. Ce roman est sélectionné pour le trophée 813 du roman étranger, donc je me devais de le lire avant la fin octobre. C’est fait ! Quel bouquin !

Sam Fahey est un ancien champion de surf, qui a touché à tout, de l’alcool à la drogue et qui, après être passé par la case prison, s’est établi en Californie, juste à coté de la frontière avec le Mexique. Il a créé un petit commerce de vermicultture et a même créé un site internet. En parallèle, il cherche à protéger les pluviers d’occident, espèce en voie de disparition. Alors qu’il est à la chasse de chiens sauvages qui détruisent les nids des pluviers, il va faire une rencontre qui va changer sa vie.

Elle s’appelle Magdalena, elle est mexicaine, elle a 25 ans. Elle déambule sur la plage, blessée car on a essayé de l’assassiner. Elle se retrouve en face des quatre chiens sauvages, et Fahey va lui sauver la vie en abattant trois des chiens. Fahey, qui est un solitaire, ne sait même pas pourquoi il va la soutenir, pourquoi il va l’inviter chez lui, pourquoi il va la soigner, pourquoi il va la prendre sous son aile.

Magdalena est une jeune avocate qui travaille dans un cabinet chargé de défendre les victimes des industries américaines polluantes. Ces sociétés préfèrent s’installer du bon coté de la frontière pour bénéficier de l’absence de loi sur la pollution ainsi que de la main d’œuvre moins chère. Cette activité militante fait que l’on veut se débarrasser d’elle.

Pour une découverte de Kem Nunn, ce fut pour moi un sacré choc. Car j’ai trouvé dans ce roman tout ce que j’adore dans les romans noirs. Et forcément, je vais avoir plein de choses à dire sur ce roman que je pourrais qualifier d’exemplaire. Car c’est passionnant à lire, beau et horrible à la fois, maîtrisé de bout en bout, et on en ressort avec un sacré goût amer dans la bouche.

Ce qui m’a choqué, dans le bon sens du terme, c’est la tranquillité du style, le rythme lent de l’intrigue, la sérénité qui se dégage de l’écriture qui est en complète contradiction avec le contexte. Car Kem Nunn nous montre, nous démontre la destruction de l’homme par l’homme, la course aux profits où les industries américaines préfèrent s’installer au Mexique pour polluer tranquillement et avoir accès à de la main d’œuvre moins chère, refrain connu, mais décrit de manière éclatante.

Et puis, il y a cette nature si belle, mise à mal par les industries, avec des descriptions tellement poétiques que c’en est un pur plaisir de lecture. Il y a ces deux personnages écorchés par la vie, à la rencontre improbable, qui traînent leurs cicatrices avec insouciance, pour la jouissance du moment présent : Fahey, ce grand solitaire, qui préfère se recroqueviller sur lui-même pour se sauver, Magdalena, cette idéaliste à la fois naïve et réaliste.

L’issue de ce roman ne peut qu’être dramatique, et elle l’est. Après avoir tourné la dernière page, j’ai été envahi par une tristesse que j’ai rarement ressentie, car ces personnages sont tellement vivants, que l’on aurait aimé vivre un peu plus longtemps avec eux.

La seule mise en garde que je donnerai pour les amateurs de romans noirs, car c’en est un, c’est que le style de l’auteur est fait de longues phrases, de grands paragraphes avec très peu de dialogues. Ceux qui cherchent des lectures rapides risquent d’être rebutés. Ils passeraient alors à coté d’un roman noir profond, au style poétique et envoûtant, tout simplement magnifique.

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25 octobre 2011 2 25 /10 /octobre /2011 10:00

Je vous livre en brut les informations reçues de Chez Asphalte :

Le numérique :

À partir du jeudi 20 octobre, vous pourrez retrouver les Fictions Asphalte au format numérique. Et comme il n'est pas toujours facile de s'y retrouver dans la jungle des plateformes, librairies en ligne, formats, etc. voici un petit mode d'emploi pour se procurer et profiter pleinement de l'expérience Asphalte numérique :

- Les Fictions seront disponibles sur les sites des libraires indépendants qui offrent le service de téléchargement d'ebooks, tels que par exemple Dialogues, Le Divan, ou eBooksurf
- Vous les trouverez également sur fnac.com

- Les possesseurs d'ipad et iPod les trouveront aussi sur l'iBookStore, oú les titres sont d'ores et deja en précommande.

- Enfin les futurs possesseurs de Kindle (ou ceux d'entre vous qui en possèdent deja un !) pourront se ravitailler chez amazon.fr

Les fichiers sont sans DRM et lisibles par tout appareil supportant le format epub. Toutefois, n'oubliez pas que les fichiers achetés chez Apple et Amazon sont lisibles uniquement par les appareils dédiés respectifs de chacun.

Prochainement sur le site Internet Asphalte, il sera possible d'accéder à une liste de revendeurs pour la version numérique des titres.

Last but not least, pour accompagner le marché naissant du numérique, Asphalte a choisi une politique de bas prix : le fichier est donc vendu à 50 % (minimum) du prix du livre papier.

On attend avec impatience vos réactions à cette nouvelle étape dans la vie de maison !

 

Les nouveautés :

Mexico noir est déjà disponible :

Mexico-noir.jpgPollution extrême, circulation infernale, narcotrafic, enlèvements, corruption généralisée : Mexico est un véritable monstre urbain, où règne la violence ordinaire. Les douze nouvelles inédites rassemblées dans cette anthologie explorent la géographie de cette forêt de béton... et les angoisses de ses habitants. Car il n'y a que dans les telenovelas que les histoires finissent bien.

Paco Ignacio Taibo II est né en 1949 en Espagne. Chef de file du néopolar au Mexique, il est l'auteur d'une vingtaine de romans publiés dans vingt-huit pays et le triple vainqueur du prix Hammett pour La Vie même, À quatre mains et La Bicyclette de Léonard. Il est aussi le fondateur de la Semana Negra de Gijón, le plus grand festival européen de littérature noire.

 

BERAZACHUSETTS, de Leandro Avalos Blacha le 3 novembre :

Berazachussetts.jpgBerazachussetts ? Une ville argentine tout sauf tranquille. Trash, une zombie punk et obèse, sème la pagaille et conserve pour son quatre-heure des restes de cadavres dans des Tupperware. Le maire installe des chambres froides peuplées de pingouins à tous les coins de rue pour donner à sa ville une touche « scandinave » plus chic. Une milice en fauteuils roulants menée par une gamine paralytique franchement détestable fait régner la terreur. Des fils à papa désœuvrés mettent en scène des viols et postent les vidéos en ligne. Pas de doute : l’apocalypse est en route.

Louchant avec bonheur du côté de la série B et de la pop-culture, Berazachussetts est une satire grinçante où les morts se réveillent pour réveiller une ville.

L'auteur se réclame du "réalisme délirant" pour ce roman où l'on croise une zombie punk et obèse, des pingouins à chaque coin de rue, des instits à la retraite, une demeure redécorée façon kitsch, un médium assassiné, un monstre venu des profondeurs marines, de l'herbe magique et des Tupperwares hautement utiles. Pourquoi "réalisme", vous demanderez-vous alors ? Pour la simple et bonne raison que toute cette galerie de personnages, de lieux et de situations est mise en scène de façon complètement naturelle avec un soin du détail qui donne une impression parfaite de réalité.

Hommage aux classiques des livres de zombies, Berazachussetts détourne le genre pour « se payer » une certaine Argentine, corrompue, vulgaire et sans scrupules.  Trash, la zombie punk et obèse sème la pagaille dans une ville déjà rongée par des maux que l’auteur tourne en dérision avec une acidité souvent désopilante, par l’absurde.
Leandro Ávalos Blacha est né à Quilmes en 1980. César Aira, Daniel Link et Alan Pauls ont attribué à l'unanimité à son roman Berazachussets le Prix Indio Rico. C'est un disciple de l’écrivain Alberto Laiseca, inventeur du "réalisme délirant" en Argentine.

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23 octobre 2011 7 23 /10 /octobre /2011 19:30

Le-leopard.jpgRetour sur une lecture de cet été ! Voici donc les nouvelles enquêtes de Harry Hole, et donc le nouveau roman de Jo Nesbo. Comme d’habitude, c’est un très bon thriller, prenant du début à la fin, un roman de poids puisqu’il fait un kilogramme !

Deux femmes sont retrouvées assassinées à Oslo, noyées dans leur propre sang. Elles sont retrouvées avec de nombreuses blessures dans la bouche, au nombre de vingt quatre. La police de Oslo n’a aucune idée ni aucune piste, si ce n’est la certitude d’avoir affaire avec un tueur en série. Et la situation est urgente, car la police criminelle est mise en concurrence avec la Kripos, un nouvel organisme d’état qui doit enquêter sur les affaires criminelles et qui est dirigé par Bellman, un acien concurrent de Harry Hole.

Kaja Solness est envoyée à Hong Kong, pour retrouver la seule personne finlandaise apte à démasquer un tueur en série. Harry Hole se cache à Hong Kong, où il a échoué pour fuir son ancienne vie. Il a emprunté de l’argent aux triades qu’il n’a jamais rendu, et vit dans des taudis au milieu d’un million d’habitants anonymes. Kaja met la main sur Harry et lui demande de venir les aider mais il refuse. Le seul argument qui le fait changer d’avis est que son père est atteint du cancer et va bientôt mourir.

Ils reviennent donc et se retrouvent avec un nouveau cadavre : une élue de la chambre des représentants est retrouvée pendue sur le plongeoir de sa piscine. Bien que les modes opératoires diffèrent, Harry est absolument persuadé d’être confronté au même tueur. Avec Bjorn Holm et Kaja, il va former une équipe clandestine qui va devoir trouver un assassin bien mystérieux.

Ce roman, que l’on peut qualifier de page turner est un roman idéal pour passer un excellent moment de lecture. Outre l’enquête que l’on lit avec énormément de plaisir et sans temps mort, les personnages sont très bien dessinés et on ne peut pas lâcher ce roman, une fois commencé. On retrouve donc Harry Hole, au mieux de sa forme, toujours aussi désagréable et égoïste, prêt à entrainer ses proches dans ses abimes.

Il y a cette enquête, menée tambour battant, à l’aide de chapitres assez courts, avec un suspense haletant, et un mystère troublant. Aucun indice de trop pour que le lecteur devine qui est l’assassin, c’est du grand œuvre. Et puis, c’est un livre idéal pour l’été, car avec ses 760 pages et son kilogramme, vous pouvez faire de la musculation en même temps que des frissons parcourent votre échine.

Jo Nesbo dit de ce livre, qu’après avoir écrit la première version, il avait tout détruit pour le réécrire, car la fin n’allait pas où il voulait l’emmener. C’est un roman impressionnant qu’il faut avoir lu. Pour ma part, j’étais sceptique pour le Bonhomme de neige, mais là j’ai marché à fond. J’adore !

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21 octobre 2011 5 21 /10 /octobre /2011 10:00

Tous les vendredis midi, retrouvez la suggestion de Black Novel : un livre de poche. Et n'oubliez pas le principal : lisez.

Cette semaine : Il est mort le poète de Markus Malte (La Tengo)

A bientôt.

 

Il-est-mort-le-poete.jpg4ème de couverture :

À quatre mois de l’élection présidentielle, le candidat de l’opposition, Antoine Simiac, caracole en tête des sondages. Jeune et charismatique, il est surnommé « le poète » par ses supporteurs, en raison de ses envolées lyriques lors de ses discours. La présidence de la République lui semble promise. Jusqu’au jour où trois balles de gros calibre mettent un terme à sa fulgurante ascension. Un sénateur fête cette nouvelle et propose à Benoit Dutertre de se présenter. C’est leur chance ou jamais de surfer sur la vague du martyr.

Quelques années plus tard, Mastrado, qui sort de prison, est accosté par une jeune femme de 20 ans. C’est sa fille Zoe qu’il n’a jamais vu.

 

Mon avis :

Je suis toujours époustouflé, quand je lis ces Pièces à conviction (c’est le nom de la collection). Mais de quoi, me direz vous ? Je suis ébahi, esbaubi par l’art de bâtir des personnages en aussi peu de pages, de construire une intrigue passionnante qui se tienne, de nous emmener avec une telle fluidité. Même si on devine le chute un peu avant la fin, comme cela semble facile d’écrire des romans. Mais je pense que cela doit s’appeler du talent, et ce roman en est pétri. Un court roman que l’on peut dévorer dans les transports en commun ou en faisant ses courses, à lire et à relire.

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19 octobre 2011 3 19 /10 /octobre /2011 19:30

Mauvaise année pour MikiLa découverte de nouveaux auteurs donne parfois lieu à des rencontres originales, inédites et insolites. C’est un peu le sentiment qui me vient à l’esprit à l’occasion de la lecture de ce Mauvaise année pour Miki de José Ovejero.

« 2001 fut une mauvaise année pour Miki ». Ainsi commence ce roman qui nous présente une année de la vie de Miki, 43 ans, marié à Verena et père d’un adolescent qui se prénomme Boris. Etant expert financier, il passe beaucoup de temps sur son ordinateur à spéculer en bourse, écrit quelques articles pour des revues spécialisées dans la finance et anime une émission dans une radio locale.

Dès le début de l’année, Boris se tue dans un accident de voiture alors que les quatre autres passagers s’en sortent indemnes. Au mois de mars, c’est Verena qui est retrouvée morte dans un parc, violée et étranglée. Miki va alors se renfermer sur lui-même, ne sortant que rarement, faisant installer des caméras et refusant de répondre au téléphone.

Singulier, étrange, voila les adjectifs qui me viennent naturellement à l’évocation de ce roman. Si le sujet ressemble à celui d’un roman policier, c’est plutôt le portrait d’un homme auquel on a à faire ici. Un homme qui n’est pas fou de douleur, mais qui se retrouve déraciné, et qui se laisse aller à ses pulsions. Comme il est d’un naturel taciturne et peu avenant, il va naturellement se recroqueviller dans sa coquille, filtrant les appels téléphoniques avec son répondeur.

Et comme les gens vont petit à petit s’éloigner, comme la police va lui donner très peu d’indices sur les explications de la mort de sa famille, son penchant naturel va prendre le dessus, jusqu’à en faire une bête terrée dans son antre. C’est donc le portrait d’un homme vide, amoral, dénué de sentiments que l’on va suivre dans ses actes et ses exactions.

Si l’écriture est fluide et agréable, j’avoue que l’auteur m’a déconcerté par son style froid et clinique, lisse et linéaire. Il n’est pas question ici de juger quelqu’un, mais de montrer l’itinéraire d’un homme vide, cloué devant son ordinateur et ses films pornos. Cela en fait un roman résolument inclassable et original.

 

 

 

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  • : Ce blog a pour unique but de faire partager mes critiques de livres qui sont essentiellement des polars et romans noirs. Pour me contacter : pierre.faverolle@gmail.com
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