Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
18 septembre 2013 3 18 /09 /septembre /2013 17:44
La maison des chagrins de Victor Del Arbol (Actes sud)

J’étais passé au travers de son précédent roman, La tristesse du samouraï, malgré tous les avis positifs qui ont été publiés. Il fallait bien que je m’essaie au petit dernier, que je qualifierai de surprenant à plus d’un égard. Nul doute que ce roman sera promis à un grand succès de par son intrigue, ses personnages et sa maitrise.

Eduardo est un peintre doué qui a laissé tomber sa carrière depuis la mort de sa femme et de sa fille dans un accident de voiture. Heureusement que sa galériste Olga, qui a toujours cru en lui, le soutient en lui offrant des portraits à réaliser, ce qui lui permet de survivre. Ses séances de psychiatre, une fois par mois, l’aident bien à tenir le coup, mais il reste dans un état instable. Sa seule satisfaction est de fréquenter sa voisine Graciela à qui il paie la location de son appartement et qui a une petite fille adorable.

Olga le contacte pour lui proposer un marché un peu spécial : Une riche veuve Gloria Tagger, veut qu’il réalise le portrait de Arthur, le célèbre propriétaire de l’INCSA, une des boites de gestion de fonds d’investissement en euros les plus connues. A travers cette peinture, elle souhaite voir ce qu’il y a derrière le visage de cet homme richissime et surpuissant qui a tué son fils, en l’écrasant sur un passage piéton.

Arthur qui purge une peine de prison arrive à se faire protéger au milieu d’une faune qui ne fait pas partie de son monde. Alors qu’il va réussir à alléger sa peine de prison pour bonne conduite, il va pouvoir poursuivre sa quête …

Les deux premiers chapitres sont vertigineux, montrant au travers les yeux de Eduardo son environnement, et Victor Del Arbol écrit comme un peintre construirait sa toile. J’ai tout simplement été époustouflé par ce début, tout en me demandant s’il allait pouvoir tenir jusqu’au bout des 475 pages que comporte ce récit. Puis il introduit petit à petit d’autres personnages, et, comme il est dit sur la quatrième de couverture, ce qui s’apparentait au début à un exercice de style devient un puzzle inextricable.

Alors que le rythme est lent, le style hypnotique et parfois éblouissant nous entraine dans une Espagne contemporaine, en nous détaillant les personnages par une analyse minutieuse de leur passé, et on a l’impression que l’auteur agit comme un médecin légiste, ouvrant le ventre de ses personnages pour en extraire leur racine. Le point commun de tous ces personnages, ce sont leurs cicatrices, ces moments douloureux du passé, leurs décisions parfois aléatoires qui font ce qu’ils sont aujourd’hui, des ombres sans but se fixant un objectif bien mystérieux.

Et au moment où je commençais à trouver le livre un peu long, c'est-à-dire après une grosse moitié du livre, Victor Del Arbol m’a asséné un grand coup de poing derrière la tête. Et ce que je pensais être un gigantesque puzzle devient en fait un château de cartes, que l’auteur a patiemment mis en place, avant de brutalement le détruire, par morceaux, par coups de scènes incroyablement violentes (sans effusions de sang) et incroyablement visuelles. Et tous les personnages se retrouvent liés les uns aux autres par le fil de l’histoire, de leur histoire, de leur douleur, de leur horreur. Avec pour fond de toile ou toile de fond, cette philosophie : la douleur comme règle de vie, la vengeance comme motivation, le malheur comme conclusion.

Victor Del Arbol nous aura proposé avec ce roman une histoire originale, forte, impressionnante et passionnante qui laissera des marques au fer rouge et qui passionnera grand nombre de lecteurs, malgré les quelques longueurs. En tous cas, il passionnera ceux qui recherchent les histoires fort bien écrites pour peu que l’on apprécie les surprises. Comme il est de bon ton en cette rentrée littéraire, sortez des sentiers battus, et laissez aller vos envies, laissez vous surprendre par cette Maison des chagrins.

Partager cet article
Repost0

commentaires

D
Bonjour,<br /> J'avais lu La tristesse du samouraï, que j'avais trouvé très réussi de par sa construction, la qualité de son écriture et le fait que l'auteur ne se complaisait pas dans la description d'insoutenables scènes de torture (on était quand même dans l'Espagne de Franco!).<br /> J'avais donc très envie de lire ce nouvel opus... jusqu'à ce que je tombe sur l'article que le Monde des livres, qui le dézingue complètement.<br /> Mais ton article me redonne envie ! Je pense qu'à ma prochaine envie de polar (je suis moins dans ce modo-là en ce moment), je me laisserai tenter !
Répondre
P
je n'ai pas lu l'article dont tu parles, mais personnellement, je ne vois pas l'intérêt de descendre un livre, si ce n'est de faire du mal à son auteur et de négliger son travail. Autant ne rien dire ! Je continue à penser que c'est un très bon livre, dont la lecture se mérite, avec des pièces de puzzle qui se mettent lentement en place. Bref, chacun son avis ... et pour les fautes d'orthographe, ce n'est pas grave, je ferme les yeux. <br /> A bientôt
D
Désolée pour les fautes de frappe, j'ai envoyé mon message trop vite ! La honte...
T
tentant!!!!!!!!!!!!!
Répondre
P
une des lectures à gros succès de cette rentrée
R
Bon bon ! Encore une fois, à mon passage sur ton blogue, va me pousser vers notre vice commun ... La boulimie de lecture. Et pour cette fois, en plus, je serai obligé ( ???) de faire d'une pierre deux coups de Del Arbol ! Ah et puis merde, je ne veux pas guérir !<br /> Merci cher ami !
Répondre
P
Ma foi, je crois que nous sommes tous atteints du même mal ! Bonne lecture mon ami
G
Moi aussi je suis passée à côté de la tristesse du samouraï dont j'ai entendu le plus grand bien. Il faut que je renote le nom de ce Victor...
Répondre
P
Del Arbol ! Heureusement que je suis là !
L
Ma liste à lire augmente désespérément.<br /> Amitiés<br /> Le Papou
Répondre
P
Essaie un peu de m'interdire de dire ce que je pense ! Et en plus je ne publie pas tout ce que je lis !
P
Cher Papou, cette rentrée possède de grosses sorties en terme d'attente et de qualité. ça va être dur pour nous.
T
Je vois que tu souffres de même syndrome que moi... On devrait interdire ces super blogs qui nous poussent à acheter plus de livres. mdr
T
Hello, une fois de plus, tu piques ma curiosité ! J'aime quand les auteurs me collent des coups de poing ou de pied dans le c**.
Répondre
P
Effectivement dans ton acs, il ne te reste plus que la cure de vitamines pour limiter les heures de sommeil !
T
Merci pour la recette, mais certains ingrédients sont dur à trouver : le sommeil, j'en ai besoin, je regarde peu la télé, je tâche de manger léger de la main gauche tout en lisant de la droite (oui, je lis en mangeant !) mais malgré tout, j'ai du mal à arriver à lire tout. Je lis dans le métro et même au boulot, dès que j'ai deux secondes devant moi...
P
Je te donne la recette : arrête de dormir, arrête de regarder la télé, mange léger par petites bouchées de la main gauche puisque tu as un livre dans la main droite. Voilà
T
Mais arrêtes ! Là, je vais encore plus être tentée de l'ajouter et malheureusement, je ne pourrai jamais tout lire :)) snif
P
C'est un roman vraiment à part. C'est un sacré coup de force, que certains se plairont à descendre. Mais c'est bigrement bien fait, plein de méandres ... tout est basé sur les personnages, c'est très humain, très fort.

Présentation

  • : Le blog de Pierre Faverolle
  • : Ce blog a pour unique but de faire partager mes critiques de livres qui sont essentiellement des polars et romans noirs. Pour me contacter : pierre.faverolle@gmail.com
  • Contact

Sur ma table de nuit ...

Le blog reste ouvert.

Dorénavant, les nouveaux billets seront :

http://blacknovel1.wordpress.com/

   

Recherche

Archives

Catégories