Envoûtée de Megan Abbott (Editions du Masque)

Quelle joie de lire le dernier roman en date de Megan Abbott, qui est en fait sorti en 2009 aux Etats Unis. Megan Abbott est en train de construire une œuvre noire de très haute qualité, et celui-ci ne dépareille pas par rapport à ses précédents romans.

Nous sommes en 1930. Le docteur Everett Seeley a trouvé un poste au Mexique, en plein marasme économique. Il va donc partir travailler là-bas, en espérant se défaire de son addiction à la morphine et laisser derrière lui sa femme Marion, qui logera dans un petit appartement de Phoenix, et travaillera comme secrétaire dans une clinique.

Rapidement, elle sympathise avec Ginny et Louise, une infirmière. La solitude lui pesant, elle va rapidement passer de folles soirées avec les deux amies, qui ne semblent pas avoir de soucis d’argent tant leurs invités leur apportent des présents qu’elles monnayent en les revendant à la boutique du coin.

Marion, qui est une jeune femme pure et innocente, va petit à petit découvrir un monde de la nuit qu’elle ne soupçonnait pas, tester de nombreuses drogues et les troubles de l’alcool, mais aussi s’encanailler avec Joe Lanigan, un homme très séduisant, mi homme politique mi truand, dont elle va tomber amoureuse.

Megan Abbott va s’emparer de l’affaire de la tueuse à la malle, où deux malles ont été trouvées à la gare de Los Angeles avec des corps humains à l’intérieur, pour bâtir un roman noir exemplaire, d’une finesse et d’une subtilité rares. Ceux qui ont aimé ses précédents romans vont adorer celui-ci qui se situe entre Adieu Gloria et la fin de l’innocence, soit mes deux romans préférés de cette auteure.

Avec de petites touches, Megan Abbott nous plonge dans cette époque des années folles qui finissent mal, et nous brosse le portrait d’une jeune femme qui va en quelques mois changer du tout au tout, comme si son mari l’avait empêcher de vivre auparavant. C’est une femme libre, mais surtout sans limites et on sait que dans ces cas là, cela se termine mal. Mais c’est aussi le portrait d’une femme forte, parfois plus forte que les hommes, ce qui est une constance chez Megan Abbott, qui semble prendre une intrigue typée masculine pour l’inverser et l’adapter aux femmes.

C’est donc un fabuleux portrait psychologique que j’ai pris énormément de plaisir à lire. Et si le rythme est lent, la fin s’avale à une vitesse incroyable avec un changement de rythme qui, personnellement m’a fait regretter que le roman n’ait pas quelques dizaines de pages de plus. Et puis, je peux vous garantir que la fin est formidable et que vous ne la devinerez pas, une fin bien cynique et amorale. Ce suspense psychologique est encore une belle réussite de la part de cette auteure qui écrit des polars noirs et intemporels.

L'avis de l'ami Claude est ici

Comments

[Claude LE NOCHER]

Salut Pierre (et Paul)
Jamais de déception avec Megan Abbott...
Sam Millar, Ryan David Jahn et un ou deux autres, la liste de mes romans préférés de l'année commence à se dessiner.
Amitiés.

[Pierre FAVEROLLE]

Quel plaisir de lecture, quel talent pour nous emporter ! Cette lecture fera partie de mes très bons souvenirs de 2013, pour sur ! Amitiés

[La Petite Souris]

dis dont mon coquin, tu n'aurais pas un faible pour les belles femmes écrivains ? toujours est il que Megann Abbott est une orfèvre pour nous décrire cette époque si particulière avec des personnages à nul autre pareil.. Alors oui, bien sûr que que je vais être une victime consentante, que je vais me laisser embarquer par cette histoire !!! AMitiés

[Pierre FAVEROLLE]

Salut Tite Souris, Aucun auteur me fait cet effet, cette justesse des descriptions, cette psychologie tout en subtilité. Quel talent !

[Oncle Paul]

Bonsoir Pierre
J'attends la sortie de celui-ci en poche et le roman de Megan Abbott que je préfère est Gloria mais j'avais bien aimé aussi Absente.
Amitiés

[Pierre FAVEROLLE]

Salut Paul, j'ai adoré Adieu Gloria, de même que La fin de l'innocence. Je n'ai pas lu encore ABsente mais ça ne saurait tarder ... enfin, je dis ça à chaque fois ! Amitiés