Ils se sont mis à trois pour me tenter, pour me dire qu’il fallait que je le lise. Pas un, trois à la fois. Et dans la même semaine, en plus ! Bref, quand Jean Marc, Yan et Jeanne s’y mettent, vous disent qu’il faut lire tel livre, c’est difficile, très difficile de résister. Le livre en question, c’est Pike. L’auteur c’est Benjamin Withmer. Le résultat, c’est le premier roman d’un auteur que l’on est pas près d’oublier. Retenez ce nom : Benjamin Withmer, car il est le digne héritier des plus grands noms du roman noir américain. Et quand on lit Pike, on pense forcément à Jim Thompson.
Le livre s’ouvre sur une scène de poursuite entre un jeune noir et un flic, Derrick. La ville est sombre, même pas éclairée par la neige qui recouvre les trottoirs. Derrick ne perd pas son temps à poser des questions, il descend le noir d’une balle dans le dos. Le sang va s’écouler en petite rigole sur le blanc immaculé. Derrick, c’est le flic qui a penché du coté obscur.
Pike, c’est l’inverse, le truand qui s’est rangé. Avec le jeune Rory, il essaie de se racheter une conduite, d’éduquer le fils qu’il n’a pas eu. Rory, lui, le suit telle son ombre, étant un peu son bras armé, son coté violent, puisque Rory est boxeur amateur. Quand la petite fille de Pike, Wendy débarque, Pike se rappelle qu’il a abandonné sa fille Sarah alors qu’elle avait 6 ans, il se rappelle ce qu’il a essayé d’oublier, et va se trouver une nouvelle quête : celle de comprendre pourquoi sa fille est morte d’overdose, et pourquoi Derrick semble la connaitre et s’intéresser à Wendy.
Et c’est un duel à distance auquel nous allons assister, entre le méchant qui est devenu bon et le bon qui est devenu méchant. Derrick va semer la violence autour de lui, pour faire marcher son trafic, et Pike va mener l’enquête, rencontrant de nombreux personnages, dans des paysages naturels si beaux et si bien décrits. Ce sont donc de multiples chapitres, ne dépassant pas quatre pages qui vont faire avancer l’intrigue.
Et le style de Benjamin Withmer est tout simplement lumineux. Il a l’art de trouver des mots magnifiquement beaux pour décrire un monde noir absolu, et je peux vous dire que certains chapitres sont de purs chef d’œuvre de simplicité, d’efficacité et de suggestion, alliés à des dialogues tout simplement brillants. Et si par moments, on a l’impression que l’on assiste à une suite de petites scènes, certes magnifiques, mais parfois trop linéaires, il n’en reste pas moins que Benjamin Withmer se pose comme un futur grand s’il continue sur ce chemin.
Et je vais finir mon petit message par un conseil : Entrez dans une librairie, ouvrez le livre au dernier chapitre, lisez le ; après vous ne pourrez que l’acheter. Car ce dernier chapitre va vous prendre à la gorge sans déflorer l’intrigue, il est aussi la parfaite illustration de la noirceur du roman et l’exemple idéal pour que vous soyez envoutés par le style de l’auteur. Benjamin Withmer : A noter du coté des espoirs du roman noir et à ne pas oublier.