Je l’avais raté quand il est sorti en grand format aux éditions Liana Levi, le voici donc lors de sa sortie en format poche, chez Le Livre de Poche. Un roman policier classique mais avec une atmosphère et une description d’un microcosme qui en font un livre charmant.
Le roman commence par une visite à l’hôpital. Leo Caldas, inspecteur de police de Vigo en Galicie, rend visite à son oncle en compagnie de son père. Son oncle a bien peu de chances de s’en sortir, et le chagrin est lourd à porter. Mais cette scène nous permet de comprendre que les Galiciens sont des gens bourrus qui ne se livrent que rarement. Leo Caldas anime aussi une émission de radio qui fait intervenir des auditeurs qui ont des questions à propos de la police et de son travail.
A la sortie de l’hôpital, Leo Caldas reçoit un coup de téléphone de son adjoint Rafael Estevez qui l’informe qu’on vient de retrouver un cadavre rejeté par la mer. Rapidement, ils mettent un nom sur la dépouille, malgré son piteux état : il s’agit de Justo Castello, l’un des trois derniers pêcheurs de ce petit village de Galicie. On aurait pu croire à un suicide, si ce n’est que le cadavre a les mains liées derrière le dos.
Leo Caldas va donc mener son enquête auprès des habitants qui ne veulent pas en dire beaucoup, qui ne parlent pas aux étrangers, et qui vivent chichement de leur travail dur et éprouvant qu’est la pêche. Il semblerait tout de même que le meurtre, si c’en est un, soit lié de près ou de loin au naufrage du bateau qui a couté la vie au capitaine Sousa.
Si nous allons trouver tous les ingrédients d’un roman policier, avec deux inspecteurs que tout oppose, avec une énigme, avec de fausses pistes et une fin fort bien trouvée et surprenante, l’attrait de ce livre est assurément à chercher ailleurs, et tout d’abord dans ce formidable personnage de policier, qui ne s’avoue jamais vaincu, qui mène son enquête avec une grande logique, et qui conduit les interrogatoires avec beaucoup d’intelligence.
Ce roman est avant tout très bien écrit, découpé en petits chapitres de 10 pages maximum comme autant de petites scènes. A croire qu’il a été prévu pour être adapté au cinéma ou en série télé. Les dialogues sont très bien faits, juste ce qu’il faut, avec de petits détails ajoutés pour y insérer la psychologie des personnages.
Dans les qualités de ce roman, il y a aussi la description du monde des pêcheurs, qui travaillent sans s’arrêter six jours sur sept, et qui vendent bien difficilement le produit de leur pêche. Il y a beaucoup de respect dans cette peinture d’un monde que nous connaissons mal et qui est loin des gros chalutiers qui ramènent des tonnes de poissons.
Dans le style aussi qui s’adapte à ce monde, j’y ai trouvé beaucoup de nostalgie, de nonchalance, de lenteur qui s’adapte bien au rythme de vie de cette petite station de pêche. Et je ne peux m’empêcher de comparer Domingo Villar à Arnaldur Indridason dans sa façon de décrire les gens, les ambiances, les petites vies des petites gens. Il est clair que les amateurs de thrillers speedés doivent passer leur chemin, sauf s’ils veulent découvrir une autre facette du polar : celle de prendre son temps pour regarder les autres et s’assoir pour comprendre ce qu’est leur vie.
Pour moi, cet auteur est une excellente découverte, et comme cette enquête est le deuxième de la série, j’espère de tout cœur que les prochaines seront publiées. Et dans ce cas, je ne raterai pas sa prochaine énigme, ça c’est sûr !