Voici un nouveau roman de la collection Vendredi 13, des éditions de la Branche. Après Samedi 14 de Jean Bernard Pouy, Close-Up de Michel Quint nous offre un polar écrit avec beaucoup de style.
De nos jours, dans la banlieue lilloise, le Quolibet est un petit cabaret miteux, offrant à ses clients des numéros de bas étage. Seul le numéro de Miranda sort du lot, un numéro d’illusionniste à base de tirage de cartes, grâce auquel elle fait semblant de prédire l’avenir à ceux qui veulent bien y croire. Dans la salle, Bruno Carteret est attentif, passionné et lui propose de faire son numéro lors d’un anniversaire qui aura lieu début janvier.
Miranda connaît Bruno Carteret, c’est le PDG de Buildinvest, une société de BTP qui employait l’ancien petit ami de Miranda, Eric. Eric a eu un accident de travail et est resté handicapé. Il a refusé de profiter de son accident et a démissionné, alors que Miranda avait préparé un dossier qui lui aurait permis d’obtenir une pension.
Miranda va accepter de faire son numéro à cet anniversaire, devant une partie de la haute bourgeoise lilloise. Elle a préparé son coup, et en tirant les cartes à Bruno, elle lui prédit qu’il va mourir avant le prochain vendredi 13. Sauf que, quelques jours plus tard, Bruno débarque au Quolibet, gravement blessé. On vient de tenter de l’assassiner. Il va demander à Miranda de le protéger.
Des histoires de duos improbables (clin d’œil à Jean Marc), on en trouve des centaines dans les polars. La confrontation de deux personnages, différents par leur psychologie, leur origine, leur vie est quelque chose de bien connu. Ici, on ne déroge pas à la règle, deux mondes différents à travers deux personnages fort bien dessinés, les pauvres face aux riches. Et Michel Quint nous dénonce de façon explicite mais pour autant pas militante les marchés français et étrangers faussés par des mallettes d’argent illicites.
Mais au-delà de ce refrain que l’on connaît, l’ambiance des nuits lilloises, des banlieues glauques, des soirées richissimes est formidablement rendu par le style inimitable de l’auteur, que je connaissais pour avoir lu ses œuvres dans la collection Rivages noir. Michel Quint est un jongleur de mots, un danseur qui fait virevolter ses phrases, un équilibriste de l’expression, un peintre impressionnant de bons mots. A travers un polar noir et fort bien construit, il m’a enchanté par son style flamboyant, et m’a donné beaucoup de plaisir avec ce roman fort bien maîtrisé.